La musique médiévale
La musique du 4ème au 14ème siècle
Le Moyen Age rompt l'équilibre ancien. La musique répudie le geste et aspire à n'être que la voix de l'âme et l'interprète du sentiment religieux. Après avoir utilisé les lettres de l'alphabet comme notes de musique, (encore utilisé de nos jours dans les pays Anglo-Saxons), le moine Guy d'Arezzo au XIème siècle donna le nom des premières syllabes de l'hymne de St Jean Baptiste. "UT queant laxis, REsonaré fibris, MIra gestorum, FAmuli tuorum, SOLve poluti, LAbii reatum, sancte johannes".
Au début du Moyen Age, en dehors de l'église, la musique courante était le lot des jongleurs ambulants qui distrayaient les paysans, les nobles et les bourgeois avec leurs chansons, leurs danses, leurs acrobaties.
Le chant Grégorien, ou plein-chant, est la langue de la prière. Elle est monodique et ne comporte pas d'accompagnement. Cependant, ce chant manifeste déjà un commencement d'indépendance par le début (intonation) et la fin (la cadence) de la phrase de plein-chant, qui n'est pas lié aux paroles. Il se manifeste aussi par l'apparition des vocalises sur une même syllabe pour accentuer un sentiment ou une idée.
Le rythme, formé de simples alternances de "longues"et de "brèves"(blanches et noires aujourd'hui) est sans idée de proportions précises et moins riche que celui de la Grèce. La mélodie, également plus pauvre que celle de la Grèce, en dérive directement. Elle n'admet que le genre diatonique excluant le chromatisme comme incompatible avec le caractère grave et fort du plein-chant.
C'est avec la polyphonie que la composition commença à devenir une activité spécifique. Elle est la superposition des voix par opposition au chant monodique. La première période de la polyphonie connut son apogée vers les XIIème et XIIIème siècle avec l'école de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les plus grands parmi eux furent: Léonin et Pérotin vers 1180-1236.
Les principales formes étaient le motet et le conduit. Le motet est construit à partir d'un chant fermé (cantus firmus) liturgique. La teneur (ténor plus tard), voix principale peut être vocale ou instrumentale. Elle évoluera accompagné de chants polyphoniques avec des textes indépendants et des rythmes variés.
Dès les premières années du XIVème siècle, un renouvellement du langage musicale apparaît : c'est l'Ars Nova. Certains disciples d'une nouvelle école, mettent leur attention à mesurer les temps et s'appliquent par des notes nouvelles, à exprimer des airs, coupent des mélodies, sans repos, enivrent les oreilles, et ne guérissent point les âmes. Cette émancipation de l'écriture musicale est surtout l'oeuvre de Philipe de Vitry et de Guillaume de Machaut.
Peu à peu, la monodonie fait place à la polyphonie et le plein chant (sorte de prière collective chantée à l'unisson) devient le déchant à 2 voix , puis elle se transforme en faux bourdon , en gymel chanté à plusieurs voix (à la 5te et la 6te en mouvement contraire). Cela apportera la naissance du contrepoint et plus tard de l'harmonie.
Musiciens du XVème siècle
miniature du Psautier René de Lorraine
L'inscription au bas de la miniature dit : Icy sont ceulx et celles qui ont fait le psaultier. Tandis que trois écrivains continuent leur travail, les autres ont formé un orchestre où l'on distingue (de gauche à droite) : un psaltérion (instrument à cordes qu'on posait sur les genoux), une flûte, un orgue portatif à soufflet, une trompette ou busine, une viole (ancêtre du violon), un tambour ou tambourin et une harpe.
C'était les instruments les plus répandus à cette époque.
Les Trouvères et les Troubadours
Les troubadours et les trouvères sont les ambassadeurs de ces chants courtois qui devront faire ressentir intrinsèquement cet amour à leurs auditeurs.
Les termes troubadours et trouvères (du provençal trobar : trouver) signifient : 'inventeurs du texte et de la mélodie' (poètes, musiciens). Ils diffèrent par le dialecte.
Les troubadours officiaient en langue d'oc (qu'on retrouvait dans le sud de la France) tandis que les trouvères peuvent être considérés comme leur pendants en langue d'oïl (alors développée dans le nord de la France).
Voici une liste de quelques trouvères et troubadours :
Les trouvères du Groupe d'Arras
ADAM de GIVENCHI
(1220-1270) : Jeux et 38 chansons profanes.
ADAM DE LA HALLE
(1240-1287) : Les jeux de Robins et Marion.
Le plus célèbre des trouvères de l'époque, fils du maître HENRI (dit le bossu). Il fut le protégé du comte Robert D'ARTOIS, neveu du roi Saint LOUIS, et voyagea dans toute la France, en Grande Bretagne et en Italie. Il est un des seuls à être connu à l'étranger. Il écrira des jeux dont les plus célèbres sont les jeux de la feuillée où il fera vivre tout son petit monde d'ARRAS et les jeux de ROBIN et MARION des VIRELAIS (poème sur 2 rimes et comptant 4 strophes) puis des rondos, des complaintes dont il reste aujourd'hui encore 34 chansons profanes et devient le maître de la polyphonie.
JEAN BRETEL
(1210-1272) : Poête et musicien, joueur de luth.
JEHAN de BETEL
le fondateur (1165-1210) : Motets et chants profanes.
JEHAN ERART
(1205-1259) : Rondos et Chants profanes.
Les troubadours troupe de Richard Coeur de Lion et Jean sans terre
ARNAUD (ARNAUT) DANIEL
né à Ribérac (Dordogne) 1150-1200. Jongleur, poête, lanceur de feu. Dante, grand lecteur des poètes-chanteurs, célèbre le particulièrement, pour lui le plus grand, allant même jusqu'à composer des vers " à sa manière " dans Le Purgatoire, s'inspirant de l'art troubadouresque dans sa Vita Nuova.
BERTRAND DE BORNE
TROUBADOUR né dans le PERIGORD (Savignac ) en 1140, mort en 1205/1210. Il est auteur de pièces d'inspiration politique et morale.
né dans le PERIGORD, 1125-1190 (Dordogne et Aquitaine) dont il nous reste 20 chansons en monodie.
FOLQUET DE MARSEILLE
né en 1150-1231. Il devient évêque de TOULOUSE et n'écrit que des chansons religieuses (motets) mais il est très ami avec BERTRAND DE BORNE.
Autres
Azalaïs de Portiragnes
trobairitz : femme troubadour, du 12ème siècle, de Portiragnes, petit village près de Béziers, au cour de l'Occitanie d'alors.
Colin Muset
Trouvère du 12-13ème siècle.
Folquet de Mar seule
troubadour mort en 1231
Gace Brulé
Trouvère du 12-13ème siècle.
Gautier de Coincy
Trouvère du 12-13ème siècle.
Guido d'Arezzo
moine (990-1050), inventeur de la solmisation, ancêtre de notre solfège.
Guillaume de Ferrières
Trouvère du 12-13ème siècle.
Musicien du 14ème.
Guillaume de Poitiers / guillaume le troubadour
troubadour, 1071-1127
C'est au XIIème siècle que naquit l'Amour Courtois ("fin'amor" en occitan), genre littéraire dont la naissance est attribuée au troubadour Guillaume IX d'Aquitaine (1071-1127).
Guillaume, le premier et le plus célèbre d'entre eux, sera un modèle pour des générations de trouvères. Bien qu'empreint de valeurs héroïques, son fin'amor est avant tout réaliste et charnel, souvent adultère, parfois franchement grivois...
L'Amour Courtois répond à des règles très précises dont rendent compte plusieurs arrêts pris à la cour d'Aliénor d'Aquitaine notamment. La reine Aliénor, petite-fille de Guillaume IX, très cultivée, joua un rôle considérable dans la diffusion de l'idéologie de l'Amour Courtois.
Guiraut Riquier
troubadour mort en 1298
Hildegarde de Bingen
Religieuse, mystique et musicienne.
Jaufré Rudel
troubadour mort en 1150
Jehan de Lescurel
Trouvère du 12-13ème siècle.
compositeur franco-flamand du 15ème siècle.
Marcabu
troubadour mort en 1140
Othon de Granson
poète suisse, né en 1330, mort en 1397.
Peire Vidai
troubadour mort en 1205
Perdigon ou Perdigo
Troubadour du 13ème siècle.
Sa carrière commence vers 1190 et finit vers 1220 ; il est né à Lespéron en Gévaudan. 14 poèmes de son ouvre sont parvenus jusqu'à nous, dont trois cansos et leur mélodie.
Pérotin, surnommé le Grand (magister Pérotinus magnus), né vers 1160 et mort vers 1230, était un compositeur de musique française. Il est l'un des fondateurs de la musique polyphonique, faisant évoluer conceptuellement et formellement le chant grégorien.
Raimbaut de Vaqueiras
troubadour mort en 1207
Raimbaut d'Orange
troubadour mort en 1173
Raimon de Miraval
troubadour du 12ème siècle
Roi de France et trouvère du 13ème siècle.
Thibaut de Champagne
Trouvère du 12-13ème siècle.
Les instruments de musique
Glossaires
Le Cantigas de Santa Maria : nombreuses représentations d'instruments de musiques
Instruments de musique médiévale (site externe)
L'Amour Courtois
L'Amour Courtois répond à des règles très précises dont rendent compte plusieurs arrêts pris à la cour d'Aliénor d'Aquitaine notamment.
L'amour Courtois se décline en plusieurs genres :
* la Chanson (la plus courante) : cinq ou six couplets bâtis sur les mêmes rimes;
* l'Aube décrit avec brièveté le réveil des deux amants par le cri d'un guetteur;
* la Sérénade, dépeint les lamentations du Chevalier amoureux ;
* les Sirventés sont des satires plus politiques et morales;
* le planh : un chant de deuil;
* le "Jeu parti" et le "Tenson" permettent à plusieurs troubadours de débattre des questions d'amour;
* la Romance ou la Pastourelle dépeignent l'amour pour une bergère;
* la Ballade est destinée à être dansée etc...
Articles divers
Des exemples de chansons de troubadours
La musique médiévale des jongleurs et des troubadours
Comment naquit la polyphonie ?, article tiré de "Chant Floral N°45 de 1985"
L'enseignement musical au Moyen Age ?, article tiré de "Chant Floral N°45 de 1985"
Le manuscrit de Montpellier, article tiré de "Chant Floral N°45 de 1985"
L'Origine du nom des notes de musique, article tiré du site disparu "www.francparler.com"
Ecriture musicale, comment l'écriture musicale a évolué dans le temps. (ajout du 26/03/2020)
Le chant des troubadours, de Emmanuelle Pellegrini, article tiré de Historia
Les notations musicales au moyen âge, In: Médiévales, N°1, 1982. pp. 89-103. De Annie Dennery, document PDF (ajout du 26/03/2020)
Chansons et Danseries, une présentation de quelques oeuvres anciennes par le CRDP de Lille à destination des scolaires (ajout 26/03/2020)
Bibliographie
Terre des troubadours, XIIe-XIIIe siècles, par Gérard Zuchetto, aux Editions de Paris - Max Chaleil
La Fleur inverse, de Jacques Roubaud, éditions Ramsay, 1986.
Les Origines de la poésie lyrique en France au Moyen Age, de Alfred Jeanroy, éditions Privat, 1934.
Les Troubadours, de Henri-Irénée Marrou, Point Histoire, éditions du Seuil, 1971.
Discographie
L'agonie du Languedoc : OEuvres de Peire Cardinal, Guihem Figueira, Tomier et Palazi, Peire Bremon, Bernard Sicart Marjevols. Par Claude Marti, récitant et chanteur / Thomas Binkley. (EMI VSM)
Chansons et motetls du XIIe siècle : OEuvres de Bernard de Ventadour, Jaufré Rudel, Chanson d'aube, Chanson de toile, Guiraut Riquier. Chez Pro Musica Antica, Safford Cape. (Archive).
Musique au Moyen Age : Troubadours, trouvères, minnesänger, jongleurs. Chez Studio der frühen Musik, Thomas Binkley. (Telefunken)
Musique de troubadours : Guiraut Riquier, Bernard de Ventadour, Jose Luis Ochoa, Loïs-Jacques Rondeleur, Roger Lepaw, Serge Depannemaker. (Harmonia Mundi).
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