Entretien avec Jacques Le Goff

Des nefs toujours plus hautes, plus claires, plus colorées

Les bâtisseurs de lumière

par Jacques Le Goff

Jacques Le Goff

(Jacques Le Goff, directeur d'études à l'EHESS et codirecteur de la revue « les Annales », auteur entre autres de « la Civilisation de l'Occident médiéval », de « la Naissance du Purgatoire » et d'un « Saint Louis », est considéré comme le plus grand médiéviste français actuel, dans le sillage de Marc Bloch et de Georges Duby.)
Le grand historien médiéviste raconte comment, en deux siècles, grâce à l'invention de la croisée d'ogives par un abbé de Saint-Denis, les sombres cathédrales romanes du Moyen Age ont cédé la place aux chefs-d'oeuvre gothiques lancés à l'assaut du ciel, et qui restent aujourd'hui, pour les laïques comme pour les religieux, les monuments les plus chargés de sens de notre histoire.

Le Nouvel Observateur — A quelle date situez-vous l'apparition des cathédrales ? En 1140, avec l'architecture gothique ?
Jacques Le Goff - Bien plus tôt. Les premières cathédrales sont construites au IVe siècle, lorsque le christianisme s'enracine dans l'espace qui est alors celui de l'Empire romain de Constantin : en gros, le bassin méditerranéen. Là est la rupture originelle, la grande nouveauté : la cathédrale remplace le temple romain et le fait disparaître. Mais elle reste, comme l'était le temple, liée à un territoire qui va être celui où l'évêque exerce ses fonctions. Ce territoire — le diocèse — n'a pas à l'origine de caractère religieux, il est urbain et administratif. Pendant le très haut Moyen Age, à partir du IVe siècle, la cathédrale (où l'évêque siège sur sa chaise, la "cathèdre") n'est qu'un élément d'un ensemble qui comprend deux églises, une abbaye, un hospice, une école, un baptistère. Les historiens l'appellent le « groupe cathédral », c'est une ville dans la ville. Peu à peu, chaque institution — l'hospice, l'école, le quartier des chanoines — prend son autonomie et, pendant la période carolingienne, aux IXe et Xe siècles, la cathédrale devient un monument indépendant. Vers l'an 1000, la France se couvre du « blanc manteau » des cathédrales romanes, nombreuses et imposantes, qui conservent les grands traits architecturaux de l'Antiquité romaine, notamment les murs pleins et l'arc en plein cintre.
N. O. - Au XIIe siècle, on assiste à un basculement total, lorsque le roman — sombre, écrasant — cède la place au gothique, haut, élancé, audacieux. Comment expliquer ce changement qui semble très rapide ?
J. Le Goff. - Nous avons parfois une vision faussée de l'histoire des cathédrales. Il faut se souvenir que la plupart d'entre elles ont été reconstruites sur les ruines des cathédrales romanes, qui furent rasées ou absorbées dans les constructions nouvelles. Contrairement à l'Orient, qui juxtapose l'ancien et le nouveau, en Occident, on détruit en général l'édifice précédent et on construit par-dessus. Il reste donc très peu de traces des édifices romans, et toutes les cathédrales que nous connaissons aujourd'hui sont effectivement gothiques. D'où l'association que nous faisons : la cathédrale est toujours gothique. Le gothique fut en effet un aspect important, mais la cathédrale n'est pas une création du gothique.
L'extraordinaire surgissement de cathédrales qui se produit aux XIIe et XIIIe siècles est contemporain de trois grandes évolutions historiques. Le premier bouleversement, c'est l'apparition d'un essor démographique sans précédent : entre l'an 1000 et le début du XIVe siècle, la population de l'Occident a plus que doublé. La France passe de 6 à 18 millions d'habitants, l'Angleterre de 1,2 à 3,8 millions. On peut logiquement penser que cet accroissement de la population a conduit à élever de très grands édifices religieux pour rassembler les fidèles et répondre à un besoin d'espace. La cathédrale d'Amiens, par exemple, peut accueillir 10 000 personnes, c'est-à-dire toute la population de la ville. Mais l'obligation d'accueillir tous les fidèles n'était pas, me semble-t-il, la préoccupation principale des bâtisseurs de cathédrales. Je pense que le choix du gigantisme et de la démesure relevait plutôt de la volonté de pouvoir de l'Eglise et des villes. Au XIIe et surtout au XIIIe siècle, une concurrence avérée, avouée, oppose les villes de France. En 1163, Notre-Dame de Paris est, avec une hauteur de voûte de 35 mètres, la plus haute cathédrale d'Europe. En 1194, Chartres la dépasse avec 36,55 mètres. En 1212, la voûte de Reims atteint 37,95 mètres. La cathédrale de Beauvais bat ce record en 1272 avec une voûte élevée à 48 mètres du sol — mais qui s'écroule en 1284. Construire la cathédrale la plus belle, la plus haute, devient une question de prestige régional.
N. O. — Ces travaux ont dû coûter cher ?
J. Le Goff. — Très cher. La construction des cathédrales n'a été rendue possible que grâce à la croissance et à la prospérité économiques, grâce à l'enrichissement des marchands et des bourgeois urbains, à la contribution des campagnes. Grâce à l'argent investi. Car c'est un mythe de croire (comme l'ont fait Viollet-le-Duc et les romantiques) que les cathédrales furent construites bénévolement par le peuple, dans un élan de foi. Les matériaux, surtout la pierre et le métal, étaient rares et très onéreux. Les ouvriers étaient salariés, les architectes et les maîtres d'ceuvre étaient payés, souvent à prix d'or. « Gold was the mortar » (« l'or était le mortier »), a dit très justement l'historien américain Henry Kraus.
N. O. - Qui finançait ?
J. Le Goff. — D'abord, l'Eglise. L'Eglise est immensément riche. C'est elle qui reçoit les dons, qui institue et perçoit les impôts prélevés dans toute la chrétienté et peut utiliser les revenus de ses immenses propriétés.
N. O. - Et le roi ?
J. Le Goff. — Sur la plan financier, la participation des rois de France dans la construction des cathédrales a été très modeste : en 1210, Philippe Auguste n'offre que 200 livres pour la construction de la cathédrale de Chartres. Globalement, ce sont l'Eglise et les villes qui paient.
N. O. — Paradoxalement, les historiens placent à l'origine de cette révolution gothique non pas un constructeur de cathédrales mais un reconstructeur d'abbayes. Que peut-on lui attribuer dans ce mouvement esthétique et spirituel ?

Les secrets des cathedrales, p 09, Paris, Notre-Dame
Notre-Dame de Paris. En 1163, Paris a la cathédrale la plus haute, avec 35 mètres de hauteur de voûte. Elle sera ensuite dépassée par Chartres, Reims ou Beauvais...

J. Le Goff. — Suger, un moine de Saint-Denis, est en effet le véritable inventeur de l'art gothique (voir encadré p. 8). Il apporte des innovations techniques importantes : la croisée d'ogives soutenant la voûte, les arcs-boutants épaulant des murs moins épais, et aussi, c'est moins connu, l'utilisation plus grande du métal, qui permet de découper de grandes fenêtres, de façonner l'armature des vitraux. Mais ce n'est pas l'essentiel. L'architecture gothique répond d'abord à un changement du goût et de la spiritualité qui s'inscrit dans l'histoire médiévale. Le deuxième bouleversement, c'est l'application d'une réforme religieuse, la réforme grégorienne (car inspirée en particulier par le pape Grégoire VII, pape de 1073 à 1085) qui renforce la fonction épiscopale et aboutit à une séparation marquée entre les clercs et les laïcs, donc entre le pouvoir de l'Eglise et les pouvoirs des empereurs, des rois ou des villes. Cette réforme va soustraire l'Eglise à l'emprise des seigneurs féodaux, accentuant du même coup le pouvoir des évêques et surtout du pape. Les évêques ne sont plus nommés par les rois ou les princes mais par le pape. Changement capital dont bénéficieront les cathédrales, églises des évêques. Le troisième changement historique qui marque ce « temps des cathédrales » est la montée en force et en autonomie des villes. Les seigneurs féodaux habitent à la campagne dans leurs châteaux qu'ils ne quitteront pour la ville qu'au XVIIe siècle. Les rois résident souvent à l'extérieur de Paris, comme saint Louis qui vit à Vincennes. Dans les villes, ce ne sont donc pas les palais ou les demeures princières mais la cathédrale qui devient le monument le plus spectaculaire, le plus symbolique. A travers la cathédrale, sa conception, son architecture désormais raisonnée, s'exprimeront les aspirations nouvelles.
N. O. - Qui portent sur quoi en priorité ? Qu'est-ce qui vous semble le plus nouveau ?
J. Le Goff. - L'apparition de la lumière dans l'église, que la nouvelle architecture rend possible. La cathédrale est conçue pour à la fois capter et libérer la lumière. Une lumière qui met en valeur la hauteur des nefs, l'élan des tours et des flèches, l'alternance de l'ombre et des fûts des piliers. Une lumière qui est toujours colorée. L'apparition somptueuse des vitraux devient alors un élément essentiel du gothique. La couleur s'impose aussi dans les sculptures, les fresques, les tapisseries.
N. O. - Que pensez-vous de la récente colorisation du portail d'Amiens ?
J. Le Goff. — Je suis très réservé sur les sons et lumières projetés sur les cathédrales. Ils n'ont à mon avis qu'un avantage, c'est de rappeler que le Moyen Age n'était pas noir et blanc. Je préfère imaginer.
N. O. - La lumière, en tout cas, reste la même, avec le vitrail du fond de la nef accueillant le soleil levant et la grande rosace ouest que traverse le soleil couchant.
J. Le Goff. - N'oublions pas que la lumière dans la cathédrale a aussi un sens spirituel, théologique. Pour les bâtisseurs, Dieu est lumière. C'est un grand changement. Le christianisme insistait sur l'humilité de l'homme face à Dieu. La grande incarnation de l'homme dans la Bible, c'était Job. Or au milieu du XIIe siècle, on met l'accent sur tout autre chose, sur le fait que l'homme a été créé à l'image de Dieu. Dans l'art roman, on célébrait le Christ triomphant, le Christ ressuscité. Dans l'art gothique, on représente le Christ de la passion, le Christ souffrant, plus proche de l'homme. L'image de Job s'efface, la cathédrale monte vers le ciel. Le christianisme médiéval a réorienté l'espace des hommes. Dans l'Antiquité, la grande opposition était entre la droite et la gauche. Au Moyen Age, c'est le haut et le bas. La cathédrale est l'expression de cet élan vers le haut.
N. O. - Peut-on dire que s'annonce alors un nouvel humanisme ?
J. Le Goff. — Je n'irai pas jusque-là, mais il y a certainement dans le gothique une volonté d'ouverture. La cathédrale est construite de façon à être envahie par la lumière, mais elle est aussi construite de façon à laisser largement entrer le peuple chrétien. Un élément architectural devient essentiel : le portail, en particulier le portail de la façade occidentale, le porche d'entrée. Et si le Christ devient plus qu'avant le Crucifié, un exemple du salut par la souffrance, en même temps, il a l'image d'un Dieu qui accueille comme la cathédrale accueille. On le voit sur le porche de la Gloire de la cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle, qui reprend la déclaration évangélique du Christ « Ego surn janua », « Je suis la porte », signifiant qu'Il est l'accès au ciel. C'est encore le Christ sculpté au trumeau qui accueille au portail sud de Bourges, de Chartres ou au portail central de la façade occidentale de Notre-Dame de Paris. Je crois qu'il y a là une grande différence avec la cathédrale romane. La cathédrale romane, on s'y glisse. La cathédrale gothique, on y entre largement.
N. O. - La Vierge, toujours représentée dans une pose hiératique à l'époque romane, semble elle aussi s'humaniser dans l'art gothique. Les drapés se font plus souples, l'attitude est plus naturelle. Faut-il y voir le signe d'une importance plus grande donnée aux femmes en général ?
J. Le Goff. — J'y vois d'abord un extraordinaire essor du culte marial. La plupart des cathédrales anciennes, jusqu'au XIIe siècle, étaient placées sous le signe de saint Etienne, le premier martyr, et se référaient donc aux débuts historiques du christianisme. Mais saint Etienne devient victime d'une terrible concurrence, et beaucoup de cathédrales (dont celle de Paris) abandonnent saint Etienne pour se dédier à Notre-Dame. Les statues de la Vierge se multiplient, elles ont leur place, importante, sur le portail principal à côté du Jugement dernier.
N. O. — Est-ce une nouveauté ?

Les secrets des cathedrales, p 11, Vitrail de la cathedrale Notre-Dame de la Belle-Verriere a Chartres
Vitrail de la cathédrale Notre-Dame de la Belle-Verrière à Chartres. C'est à partir du XIIème siècle que beaucoup de cathédrales sont dédiées au culte de la Vierge jusque-là inexistant

J. Le Goff. — Oui. Le culte de la Vierge, important à Byzance, était, dans le christianisme occidental, tout à fait secondaire. On ne peut nier que ce triomphe de la Vierge ait servi l'image sociale et spirituelle de la femme. N'oublions pas que le temps des cathédrales est aussi l'époque où, au IVe concile de Latran, en 1215, l'Eglise exige pour le mariage le consentement de la femme. Mais n'allons pas trop loin. La femme médiévale est l'héritière de la romaine antique, certes soumise à l'homme mais qui garde sa personnalité, comme le montre la formule du mariage « ubi tu Gaïus, ego sum Gaia » (« là où tu seras Gaïus, je serai Gaïa »). Cet héritage a été ensuite largement gommé. Je pense pourtant que le christianisme a été bénéfique aux femmes, et que le culte marial y est pour quelque chose. Il coïncide aussi avec une promotion toute nouvelle de l'enfant, ignoré pendant longtemps. Une fête de l'Enfant Jésus apparaît au XIIIe siècle. En cela, on peut dire que l'âge gothique est effectivement une époque d'ouverture, de modernité.
N. O. — Est-ce vrai aussi pour ceux qui habitent les ruelles aux pieds des cathédrales, les étudiants, les marchands, les artisans et les artistes ? Le temps des cathédrales est une époque plutôt heureuse, où l'on découvre la bonne chère, le luxe, le rire, le savoir. Et le théâtre, avec la représentation des mystères sur le parvis des cathédrales, justement...
J. Le Goff. — Il serait trop long de développer tout cela, mais je vous répondrai sur le théâtre. Le théâtre, complètement banni par le christianisme, réapparaît au XIIe siècle dans les couvents, où l'on joue des pièces latines antiques. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, un théâtre profane apparaît dans les villes. Arras, par exemple, devient un grand centre théâtral. On y joue « le Jeu de la feuillée », d'Adam de la Halle. Mais c'est seulement au XVe siècle que sont représentés les mystères sur le parvis des cathédrales, idéale toile de fond.
N. O. — Et idéal livre d'images. On sait le rôle pédagogique joué par les vitraux, les chapiteaux, les sculptures. Les sculpteurs représentent l'histoire du Christ, de la Vierge et des saints. Il leur arrive même de donner aux rois de Juda, ancêtres du Christ, le visage des rois de France. Peut-on dire que ces représentations ont servi la monarchie, et que les rois ont utilisé la cathédrale pour populariser leur image ?
J. Le Goff. — Les sculptures des rois d'Israël et de Juda sur les portails des cathédrales étaient interprétées par le bon peuple comme des statues des rois de France. Dans une pièce de théâtre, on voit des paysans de Beauce venus à Paris qui admirent le portail de Notre-Dame. L'un dit : « Vé (vois) Pépin, vé Charlemagne ! » A la Révolution, ces statues ont été décapitées parce qu'on les croyait royales. Mais pendant la période gothique, il y eut peu de tentatives de mainmise de la royauté sur les cathédrales. Elles sont l'espace de l'Eglise, pas celui du roi.
N. O. — Pourquoi la construction des cathédrales s'arrête-elle brusquement au XVIe siècle ?
J. Le Goff. — Parce qu'il n'y a plus d'argent. De nouveaux malheurs apparaissent. Les hommes du XIVe siècle se les représentent sous les traits des trois cavaliers de l'Apocalypse : la Famine, la Guerre, l'Epidémie. La famine, due au surpeuplement et à un dérèglement du climat, dure de 1315 à 1322. La guerre dure cent ans. La grande peste noire ravage l'Europe, qui perd plus du tiers de sa population. Les cathédrales survivent parce que, de façon curieuse, elles restent liées au goût du gothique, et on les reconstruit dans ce style. Le romantisme les remet à la mode, en y ajoutant beaucoup de flamboyance.
N. O. — Aujourd'hui, nous portons sur les cathédrales un regard anachronique, plus du tout religieux. Nous les visitons comme on visiterait le temple d'Angkor, par exemple.
J. Le Goff. — Je crois que la cathédrale est un de ces monuments extraordinaires — comme le sont certains temples hindouistes ou bouddhistes — qui parlent autant aux gens les plus cultivés, les plus spiritualistes, qu'aux gens les plus simples. C'est cela le miracle de la cathédrale. Elle accueille tout le monde, elle a du sens pour tout le monde. C'est bourré de sens, de sensations, de visions, une cathédrale. C'est probablement le monument le plus riche de sens, avec certaines mosquées, certains temples. Je ne sais pas si, parmi les monuments laïques modernes, il y en a qui soient comparables. C'est la raison pour laquelle c'est devenu une grande attraction touristique. Et puis la cathédrale est probablement l'expression architecturale la plus européenne, un de ces lieux où les touristes européens sentent qu'ils appartiennent à une même civilisation. On devine toujours des influences nationales ou régionales dans les palais ou d'autres monuments. Même si, par exemple, l'art des architectes italiens se retrouve au Kremlin de Moscou ou à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, ce n'est pas la même chose qu'en Italie. Tandis qu'être dans la magnifique cathédrale de Trondheim, au centre de la Norvège, c'est comme être à Notre-Dame de Paris.

Propos recueillis par JOSETTE ALIA et ANDRE BURGUIÈRE


Pour en savoir plus :
« La Cathédrale », par Alain Erlande-Brandenburg, Fayard.
« Art profane et religion populaire au Moyen Age », par Claude Gaignebet et J. D. Lajoux, PUF
« Les Bâtisseurs de cathédrales », par Jean Gimpel, Seuil.
« L'Europe est-elle née au Moyen Age ? », par Jacques Le Goff, Seuil.
« le Croire et le Voir. L'art des cathédrales XIIe-XVe siècle », par Roland Recht, Gallimard.


Introduction
Des cathédrales du sud-est de la France


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