Cette partie des fortifications relie le Château Comtal à la Tour du Trésau, une belle promenade à travers les siècles. C'est en effet la partie la plus ancienne des remparts.
Peut-être pas la plus spectaculaire, mais elle nous donne une idée de ce à quoi pouvait ressembler Carcassonne à la fin de l'Empire Romain, jusqu'à l'époque des Trencavel et de la Croisade, quand le rempart extérieur n'existait pas encore. Comme dans les Lices Hautes, le rempart extérieur est ici d'époque française, c'est à dire grosso-modo la fin du 13e siècle. Le rempart intérieur a presque mille ans de plus !
Contrairement aux Lices Hautes, les tours de cette partie - ci sont basses, en forme de fer à cheval, et couvertes de toits en tuiles. La plupart ont de larges ouvertures, qui permettaient d'utiliser la fronde et le javelot. Après l'épisode de 1240, le faubourg de Saint Vincent qui se trouvait juste là, appuyé contre ces antiques murailles fut rasé, et la population exilée. On décida alors le renforcement de toute la citadelle, ce qui se manifesta ici par le nivellement de la pente, pour rendre l'espace des Lices praticable.
On abaissa donc le niveau du sol au pied des tours. Comme les tours en pierre ne pratiquent pas la lévitation, il fallut bien reprendre la maçonnerie en sous ouvre, c'est à dire pour parler plus simplement, remplir les tours par dessous, pour ne pas que l'ensemble s'effondre ! D'où l'aspect curieux de ces tours gallo-romaines, dont la base est médiévale, en gros appareillage du 13e siècle, le centre en petits moellons romains, et le sommet à nouveau de construction médiévale sans parler des restaurations du 19e siècle ! Toute l'Histoire de Carcassonne est empilée là !
Mais avec ces travaux titanesques, il y eut bien quelques contre temps On en voit encore les traces sur la Tour du Vieulas, qui supporta mal qu'on lui coupe les pieds. Elle se déstabilisa et bascula vers l'extérieur. Les architectes médiévaux furent obligés de reconstruire les parties hautes en retrait pour la rééquilibrer. Carcassonne a donc aussi sa tour penchée !
Sur le parcours, une énorme porte sans fioriture, la Porte de Rodez qui donnait sur le faubourg Saint Vincent, et une tour pas comme les autres, voisine de la Tour du Trésau : la Tour du Moulin du Connétable, plus étroite, plus haute et plus fine que ces murs gallo-romaines. Elle servait de moulin à la Cité.
Les nouveaux parcours de visite mis en place récemment permettent de découvrir les lices basses du haut des remparts et de découvrir de l'intérieur ces tours gallo-romaines, ainsi que de superbes points de vue sur la Cité et ses jardins, sur la plaine du Carcassès et la Montagne Noire.