Histoire du costume : 14ème siècle

Histoire du costume : 14ème siècle

Christine de Pisan dit que Charles V "ne souffirait pas qu'homme de sa cour portât trop courts habits, ni trop outrageuses poulaines".
La chemise très courte est d'un usage général.
Le surcot du XIIIème siècle se transforme : la jupe s'arrête à mi-cuisse ou au jarret, une ceinture serre l'ampleur à la taille. Il se boutonne devant, le col est très montant. Les manches, s'élargissant de l'emmanchure au poignet, sont fort longues, pendantes, parfois doublées de fourrure, avec des bords festonnés, ou en languettes, ou déchiquetés.
Les "braies" deviennent le "haut de chausses", alors que les "chausses collantes" moulent les jambes, montent jusqu'en haut des cuisses et s'attachent au "brail". Ces chausses sont un objet de luxe, parfois l'une d'une couleur, l'autre d'une autre.
Le chroniqueur de Saint-Denis dit à propos de la bataille de Crécy: "Grande estoit la deshonneteté des habits qui couraient par le royaume, car les uns avoient robes si courtes qu'elles ne leur venoient que aux fesses, et quand ils se baissoient pour servir un seigneur, ils montraient leurs braies à ceux qui estoient derrière eux. Et pareillement elles estoient si estroites, qu'il leur falloit aide pour les vestir et les despouiller, et sembloit que on les escorchoit quand on les despouilloit. Et les autres avaient robes froncées sur les reins comme femmes; et aussi portaient une chausse d'un drap et l'autre d'un autre; et leur venoient leurs cornettes et leurs manches pers de terre, et semblaient mieux jongleurs que autres gens. Et pour ce n'est pas merveille si Dieu voulut corriger les excès des François par son fléau, le roy d'Angleterre".
Vers 1340 le costume étriqué fit irruption dans le nord de la France, mais il était déjà en usage depuis plusieurs années au Nord de la Méditerranée.
L'habit de dessous est un pourpoint ou "gipon" si rembourré de coton ou de laine qu'il comprime l'estomac. Dessus on vêt une tunique étroitement ajustée le "jacquet ou jaquette", qui n'atteint pas les genoux. Ce jacquet est fermé devant par une garniture de boutons et boutonné exactement aux avant-bras de même manière. Il doit être absolument tendu et ne faire aucun pli. Les manches longues s'évasent sur la main, la "moufle". Quand elles s'arrêtent au coude, elles peuvent s'allonger en un pan étroit ou "coudière" qui descend jusqu'aux genoux.
Ces pourpoints sont parfois coupés à la taille par une couture et le montage des manches est dit en "assiette".
La ceinture assez volumineuse placée plus bas que la hanche, "le badelaire", est ornée de plaques orfévrées. Devant s'y attache un poignard, des clés, une bourse ou plus simplement des plaquettes de métal pendantes dont on aimait le bruissement.
Le "hérigaut" est un manteau garde corps long, sans manche avec trois petits collets superposés couvrant les épaules.
La "cloche" ou "cape" ouverte du côté droit est boutonnée sur l'épaule.
Le "surcot ouvert" est pour les femmes de ce siècle une petite révolution de la mode, ce vêtement, appelé aussi "surcot paré" dura jusqu'au milieu du XVIème siècle. Il consiste en une sorte de gilet fendu depuis les aisselles jusqu'au bas des hanches, les "fenêtres d'enfer" et d'une jupe très ample. Il est plaqué sur la poitrine et une série d'agrafes joyaux le fixe à la jupe, tout en l'ornant. Parfois la jupe était "mi-partie" ou "armoyée". Ce gilet était le plus souvent composé de bandes d'hermines formant un long plastron par devant et la bordure des ouvertures.
Le surcot se portait souvent avec un long manteau du genre de la chape, mais parfois aussi il tombait derrière avec une grande ampleur.
Les visages sont rasés et les cheveux coupés à la hauteur des oreilles ou arrangés en rouleaux; plus tard la barbe dite "de bouc" se porte en pointe ou même en 2 pointes, mais dégagée en dessous.
Un "chaperon" couvre la tête et descend jusqu'aux épaules, la figure apparaissant dans la "visagière", la cornette allongée peut s'enrouler autour de la tête et faire effet de turban avec une crête, de la fourrure peut le doubler. On porte aussi un chapeau de feutre rond. Les plumes d'autruche qui ornent ces coiffures sont choses rares, on les paie au poids de l'or.
Au XIVème, apparaît chez les femmes, la "coiffure à templettes" ou "templières". Elle est formée de deux tresses descendant de chaque côté du visage, en cachant les oreilles. Tantôt ces tresses tombent verticalement, tantôt elles s'enroulent et sont nattées. Cette coiffure, qui dure jusqu'au milieu du XVème Siècle, s'accompagne d'une couronne ou bandeau appelé "frontal" ou "chapel d'orfèvrerie".
L'usage de la "guimpe", créée au XIIème Siècle, atteint son apogée. Parfois un voile, dont les bords sont plissés, encadre le visage et achève de donner aux figures de cette époque un caractère d'austérité. C'est la coiffure préférée des veuves, des vieilles femmes et des religieuses.
Au milieu du XIVème siècle commence la vogue des "poulaines", chaussures dont la mode est importée de Pologne. Elles sont munies d'un dard interminable rembourré et maintenu par des baleines. Les mesures de cette longue pointe sont réglées par la loi : 1/2 pied chez les gens de bas étage, un pied chez les bourgeois, deux pieds pour les barons, ensuite la fantaisie, fait loi. Ces pointes rendent la marche si difficile qu'on en attache le bout au genou par une chaînette.
Des chausses évitent de mettre des souliers, ce sont les chausses "semellées", aux pieds doublés de chaussons et garnis de semelles. Par mauvais temps on y adjoint des patins de bois à tasseaux ou des galoches.
Au faste des habits s'ajoute le luxe des bijoux, des fermaux, des ceintures orfévrées, des reliquaires en forme de boucles ou de fermaux, des bagues qui servent de signets ou de cachets, des boutons. Les perles font fureur, ornent les chapeaux. Les ceintures, les souliers, les étoffes des habits en sont brodées. Un Italien établi à Londres consentit un prêt de 4.200 écus d'or sur la cotte d'armes du Duc de Bourbon qui était brodée de 600 perles sans compter les rubis et les saphirs. Une ordonnance de 1355 spécifie la taille des diamants qui ne prirent leur valeur que lorsqu'on sut les tailler et les monter à jour pour leur faire jeter des feux.


Chapeau de feutre rond (c) (14eme siecle).jpg
Chapeau de feutre rond (c) (14eme siecle).jpg
Coiffure a templettes ou templieres (14eme siecle).jpg
Coiffure a templettes ou templieres (14eme siecle).jpg
Costume masculin (14eme siecle).jpg
Costume masculin (14eme siecle).jpg
Herigaut (14eme siecle) (2).jpg
Herigaut (14eme siecle) (2).jpg
Herigaut (manteau) (14eme siecle).jpg
Herigaut (manteau) (14eme siecle).jpg
Jacquet (a) avec manches Coudiere, Badelaire (b), Cheveux en rouleaux (c), Chausses semellees (d) (14eme siecle).jpg
Jacquet (a) avec manches Coudiere, Badelaire (b), Cheveux en rouleaux (c), Chausses semellees (d) (14eme siecle).jpg
Manche moufle (a), Ceinture Badelaire (b), Barbe de bouc (c) (14eme siecle).jpg
Manche moufle (a), Ceinture Badelaire (b), Barbe de bouc (c) (14eme siecle).jpg
Pourpoint Gipon (a), Surcot boutonne (b), Manche moufle (c), Ceinture Badelaire (d) (14eme siecle).jpg
Pourpoint Gipon (a), Surcot boutonne (b), Manche moufle (c), Ceinture Badelaire (d) (14eme siecle).jpg
Surcot (14eme siecle).jpg
Surcot (14eme siecle).jpg
Surcot (a), Ceinture Badelaire (b), Barbe de bouc (c) (14eme siecle).jpg
Surcot (a), Ceinture Badelaire (b), Barbe de bouc (c) (14eme siecle).jpg
Surcot (a), Manches ornees (b) (14eme siecle) (2).jpg
Surcot (a), Manches ornees (b) (14eme siecle) (2).jpg
Surcot (a), Manches ornees (b) (14eme siecle).jpg
Surcot (a), Manches ornees (b) (14eme siecle).jpg
Visagiere (a), Cornette de chaperon enroulee (b), Surcot boutonne (c) (14eme siecle).jpg
Visagiere (a), Cornette de chaperon enroulee (b), Surcot boutonne (c) (14eme siecle).jpg

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