Cluny
Au Xième siècle, beaucoup de monastères bénédictins avaient été détruits ou ruinés par les Normands ou les Sarrasins. La vie mondaine avait envahi ceux qui subsistaient. Les moines se mariaient ou menaient joyeuse vie.
Le monastère de Cluny est fondé en 909-910 par Bernon, noble bourguignon devenu bénédictin, et suit la strict règle bénédictine.
Il est placé sous l'autorité directe du pape (exemption pontificale) : les évêques de l'époque étant parfois victimes de la féodalité, le seul garant de la liberté des monastères est le pape.
Quatre abbés remarquables jouent un rôle important dans l'essor de Cluny :
-
Maïeul (948-994), qui fait construire la deuxième abbatiale
-
Odilon (944-1048), qui mène à bien une politique d'expansion de l'ordre;
-
Hugues de Semur (1049-1109), qui fait construire la troisième abbatiale et reçoit d'Alphonse VI de Castille et León, une rente annuelle. Il joua également un rôle de médiateur à Canossa
-
Pierre le Vénérable (1122-1156), qui redresse la discipline de son ordre qui déclinait et fut l'ami ou le correspondant des papes et des rois. Il recueille Abélard à Cluny et soutient des polémiques contre saint Bernard de Clairvaux.
Cluny atteint son apogée au XIIième siècle.
C'est une immense puissance spirituelle, avec environ 1450 monastères sous son autorité, renfermant 10 000 moines.
Une bulle d'Urbain II le 1er novembre 1088 précise et généralise l'exemption pontificale.
Cluny suit la règle de saint Benoît, mais insiste sur l'office divin qui occupe presque toute la journée du religieux.
Cette primauté accordée à la liturgie entraîne des conséquences importantes : jeûnes et privations ne paraissent pas essentiels, de même, le travail intellectuel ne s'étend guère au delà des besoins de l'office. Surtout, le travail manuel est réduit; les moines acceptent d'être entretenus matériellement par d'autres (les moines convers), c'est pourquoi leurs domaines sont organisés comme les seigneuries laïques.
Comme rien n'est trop beau pour rendre gloire à Dieu, l'ordre de Cluny accumule les richesses pour élever et entretenir des sanctuaires magnifiques. Cluny voit naître successivement trois abbatiales de plus en plus vastes. La troisième, consacrée en octobre 1096 par le pape Urbain II, est la plus grande église de la chrétienté, et un chef d'œuvre d'art roman.
Enfin, Cluny ne vit pas en dehors du monde. Ses sanctuaires sont des lieux de pèlerinage, ses abbés contribuent à réformer l'Église mais aussi à améliorer la société féodale, notamment en diffusant la «paix de Dieu» et la «Trêve de Dieu».
Si les moines s'occupent beaucoup de la copie de manuscrits, Cluny n'a eu que peu d'écoles monastiques. Son rôle est surtout d'appuyer la réforme grégorienne.
À partir du XIIième siècle, Cluny connaît des difficultés croissantes dues à des abbés médiocres. Mais on lui reproche surtout sa trop grande richesse.
La création et le succès de Cîteaux sont dus à cette réaction anticlunisienne.
Cet ordre est pionnier dans la création d'ordres et non de monastères indépendants : le Pape est au sommet de chacun des ordres monastiques.
En 1098 est fondé l'ordre de Cîteaux, qui a le privilège de l'exemption pontificale dès 1100 : tous les monastères de l'ordre sont soustraits à l'autorité de l'évêque du diocèse.
URL d'origine : historama.free.fr (site fermé)
Voir aussi Cluny dans l'histoire du monachisme
Retour