Les messes
En quelle langue était dite la messe au moyen âge ?
Le concile de 813 est clair et ordonne à tous les prêtres de prêcher désormais "en langue romane rustique ou germanique". Sans doute le latin demeure-t-il au IXème une langue très pratiquée. Les efforts réalisés à la fin du VIIIème pour instruire les futurs "administrateurs" du royaume le laisse supposer. Malgré tout, il faut bien noter que les "serments de Strasbourg" du 14 février 842, par lesquels Charles le Chauve et Louis le Germanique se promettent une aide mutuelle en réponse aux prétentions hégémoniques de Lothaire, sont prêtés en langue vulgaire (ce sont, je crois, les plus anciens textes connus en vieux français et en haut Allemand). On peut supposer dès lors que nombre des prédications se sont faites en langue vernaculaire et cela ira en s'amplifiant. Nul doute que Pierre l'ermite, prédicateur vagabond de la Première croisade, appela au départ dans la langue des hommes à qui il s'adressait (de pauvres paysans). Les messes continuaient d'être dites et chantées en latin. Bien sûr, la situation est toute différente à l'intérieur des monastères où le latin faisait partie intégrante de la vie quotidienne de chaque moine (à Cluny, on disait 215 psaumes en latin par jour, la règle prévoyait la lecture d'un psautier par semaine et celle de la Bible entière en un an ; c'est encore sans compter la lecture des auteurs ecclésiastique...).
Signalons un court mais éclairant article de Michel Banniard, "Génèses linguistiques de la France", dans "La France de l'An Mil", ss. dir. de Robert Delort, Paris, 1990, pp.214-229. l'auteur y aborde sur différents plans (religion, droit, littérature) la question de la langue vernaculaire, d'un éloignement du sacré à craindre pour l'Eglise et de la nécessité de s'adapter aux réalités du siècle.
Sur la question précise, il me semble que le "Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne et de Liturgie", de F. Cabrol, Paris, 1907-1953, devrait donner un certain nombre d'information.
Voir aussi "Le Clerc séculier au Moyen Age" (Actes du colloque d'Amiens, 1991), Paris, 1993.
Histoire de la messe
Voici une petite présentation des origines des différentes parties d'une messe.
Psaume Judica
(Intrïbo) Son usage a été établi par St Pie V en 1568.
L'usage de réciter des psaumes à voix basse pendant le chant de l'introït est très ancien. St Pie V n'a fait que fixer et déterminer quel psaume et de quelle manière pour le rite romain.
Confiteor
L'origine en remonte peut-être au VIIIe siècle.
Gloria
Ce chant est des plus anciens dans l'église.
Mais sa place n'était pas à la Messe. Il se chante à la fin des offices de nuit et du matin (Laudes), et telle est encore sa place en orient et, partiellement, à Milan.
Collecte
Le "Pax vobis" est d'un usage très ancien, c'était une formule de salut chez les Juifs. Dans les premiers siècles tous les prêtres disaient le "Pax vobis". Le prêtre doit avoir les bras étendus pour dire la collecte. Il observe l'ancienne manière de prier des premiers chrétiens. L'usage en a été transmis par les peintures des Catacombes.
Epitre
L'usage remonte au début du christianisme.
Séquence
Elle se développe spontanément à partir de la /sequela/ de l'Alleluia (telle qu'elle se pratique encore dans le chant milanais). La tradition est inconstante d'une région à l'autre, chaque diocèse se fabriquant un répertoire propre.
Evangile
L'usage remonte au début du christianisme.
Credo
Une partie fut ajoutée dans le premier concile de Constantinople.
Jusqu'au XIe siècle le Credo n'était pas récité publiquement. St Henri, empereur d'Allemagne, alors en visite à Rome, demanda au pape Benoit VIII pour quelle raison. A la suite de cette remarque il fut décidé que le Credo se dirait à la messe.
Le Credo a sa place d'origine dans la liturgie du baptême. De bonne heure il est inséré dans la liturgie de la Messe, d'abord en Orient, où les disputes théologiques sont plus féroces. Sous l'influence orientale, il passe dans les liturgies gallicanes (y compris la liturgie hispanique) d'où il passe dans la liturgie romano-franque (IXe siècle). L'histoire de St Henri raconte comment le Credo se fraie un chemin dans le rite romain de Rome (vieux-romain), destiné à disparaître au XIIIe siècle.
Offertoire
Date vraisemblablement du VIIIe ou IXe siècle.
Les Chartreux suivent une liturgie du XIe, et les Dominicains celle du XIIIe siècle. Toutefois ils ne font pas cette cérémonie à l'église mais à la sacristie, et quelquefois à l'autel, mais alors avant le commencement de la messe.
On a toujours fait un offertoire, rite essentielle à la liturgie eucharistique. Sa place originelle est celle qu'il a encore dans le rite romain. Les orientaux en ont déplacé une partie (la préparation des oblats) à l'avant-messe, surtout pour des raisons pratiques. Les mêmes raisons qui l'ont fait déplacer dans les rites romains de type français (Dominicains, etc...). Chez eux la préparation des oblats (à distinguer de l'offertoire) se situe non pas avant la Messe, mais pendant le chant du graduel.
Encensement
Cet usage des parfums a commencé en Orient.
Suscipe, Sancta Trinitas
Cette oraison fut rendue universelle par St Pie V.
Oratre, fratres
"Super oblata" est la secrète (qui remonte à la plus haute antiquité). Orate Fratres (-et sorores) introduit la prière des fidèles.
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