Les cathédrales
La cathédrale, oeuvre de foi
Chaque cathédrale, c'est d'abord une mobilisation : avant de rien entreprendre, il fallait de l'argent. La propagande s'organise, les missionnaires entrent en campagne, des quêtes se font par village. Une cathédrale se monte comme une société, une émission de bons à lots ; chacun y coopère : qui vend un lopin, qui vide sa bourse, qui offre un bijou, qui donne le revenu d'une maison ou d'une terre, pour que cet argent devienne pierre en échange d'une part de ciel. Quelquefois, il arrive que les foules, prises d'enthousiasme, donnent plus que leur argent : leur peine, leur travail. C'est un spectacle extraordinaire : tout le monde, dames, chevaliers, bourgeois et paysans, court à Chartres pour avoir l'honneur de travailler pour la cathédrale. Des mondains, nourris dans la vanité et la délicatesse, des gentilshommes et des gentilles femmes, courbant le col sous le harnais, et s'attelant comme des bêtes de somme à des charrettes de pierres, de bois et de ciment pour construire l'église, ils vont ainsi pêle-mêle, tous les rangs confondus ; la charge est quelquefois si lourde qu'il faut mille hommes par chariot, et pourtant, dans ces longues colonnes, pas un juron, pas un murmure. Symbole de foi, la cathédrale fut aussi un symbole d'amour. Tous y travaillèrent. Le peuple offrit ce qu'il avait : ses bras robustes. Il s'attela aux chars, porta les pierres sur ses épaules... Le bourgeois donna son argent, le baron sa terre, l'artiste son génie. Pendant plus de deux siècles, toutes les forces vives de la France collaborèrent : de là, la vie puissante qui rayonne de ces oeuvres éternelles. Les morts mêmes s'associaient aux vivants ; la cathédrale était pavée de pierres tombales ; les générations anciennes, les mains jointes sur leurs dalles funèbres, continuaient à prier dans la vieille église.
Emile MALE, «L'Art Religieux du XIIIe siècle en France. »
Une cathédrale est, à l'origine, une église chrétienne où se trouve le siège de l'évêque (la cathèdre) ayant en charge un diocèse. Toutefois, il existe aujourd'hui des cathédrales sans évêque, car le nom cathédrale est conservé même si le siège épiscopal est transféré ailleurs ou supprimé.
Sous Charlemagne, on construit 7 cathédrales en France.
De 1050 à 1350, on construit 80 cathédrales en France.
En 2010, on trouve 195 cathédrales ou ex-cathédrales en France, dont 95 sont le siège d'un évêché.
Parmi celles-ci 95 sont en France métropolitaine, et 9 dans DOM-TOM (Wikipédia).
(Pour la liste voir la page Wikipédia)
Strasbourg : début de construction en 1015
St Denis : 1132-1144
Chartres : 1145-1155
Sens : 1133-1140 ou 1140-1168
Noyon : 1151 ou 1174-1200
Senlis : 1155
Laon : 1155-1160 ou 1190-1195
Paris : Notre-Dame : 1163-1180
Bourges : 1192
Chartres : 1194
Rouen : 1202
Reims : 1211
Mans : 1217
Amiens : 1221, rosace 1120-1130 et 1250-1300
Beauvais : 1247
En Angleterre :
Durham : 1193 à 1233
La construction des cathédrales (gothiques) a commencé dans le deuxième tiers du XIIème siècle; a atteint son maximum d'intensité dans le dernier tiers du XIIème siècle et dans le premier tiers du XIIIème siècle, l'enthousiasme s'est ralenti durant le deuxième tiers du XIIIème siècle; la guerre de 100 ans a arrété la plupart des chantiers; à la fin de la guerre les efforts ont repris légèrement et au XVIème siècle, mais aucune cathédrale française ne sera jamais complètement terminée.
Les fondations des grandes cathédrales s'enfoncent jusqu'à 10 m de profondeur.
La surface de la cathédrale d'Amiens est de 7700 m2, elle permettait à 10.000 personnes d'assister à l'office. Sa longueur est de 133,5 m.
Dans le choeur de la cathédrale d'Amiens, il ne reste que 20 m² de murs nus pour 800 m² de verrières.
La cathédrale d'Ulm peut accueillir 30.000 personnes.
Les premières roses apparaissent à Laon en 1160.
Les premiers arcs-boutants sont utilisés pour Notre Dame de Paris.
Les voutes s'élèvent à :
1150, Noyon, 23 m
1160, Laon, 24 m
1163, Notre Dame de Paris, 32,8-35 m
1194, Chartres, 36,55 m
1212, Reims, 37,95 m
1221, Amiens, 42,3 m
1247, St Pierre de Beauvais, 48 m (clef de voute du choeur)
la clef de voute de la cathédrale de Seville est à 56 m.
Les flêches s'élèvent à :
Chartres : 105 m
Strasbourg : 142 m (la plus haute construction humaine depuis la Pyramide de Chéops lorsqu'elle fut achevée)
Beauvais : 153 m
Ulm : 161 m
Reims : longueur intérieure 139 m, largeur de la nef 14,65 m, largeur des bas cotés 7,75 m, largeur du transept 49,5 m, hauteur de la nef 38 m, hauteur des collatéraux 16,5 m
Paris : Notre-Dame : 130 m de long, 48 m de large, 35 m de haut, contient 9000 personnes, dont 1500 dans les tribunes.
La facade et la rose de la cathédrale de Reims ont demandees 35 ans de construction : 1255 à 1290.
Recettes de la cathédrale d'Autun en 1295 :
Imposition mise sur le chapitre d'Autun.
Recettes des bénéfices vacants dans les cité et diocèse d'Autun qui devaient être affectées à l'oeuvre de la cathédrale par autorisation du Saint Siège.
Recettes des indulgences accordées aux bienfaiteurs de l'oeuvre.
Recettes de la quête et de la confrérie de Saint Lazare au synode de la Pentecote.
Recettes du casuel : 34 livres, 19 sous et 5 deniers; ce chapitre contient les bénéfices non prévus par la caisse de l'oeuvre, les dons, la location des charrues dans les paroisses (dans l'une 5 sous et 9 deniers, dans une autre 14 sous, dans une troisième 12 sous et 2 deniers).
Recettes des troncs pour l'oeuvre : 10 livres, 17 sous et 2 deniers.
Les deniers qui se sont faits à la cathédrale : 42 livres, 13 sous et 3 deniers.
Total : 400 livres, 9 sous et 9 deniers.
Dépenses de la cathédrale d'Autun en 1295 :
Extraction de pierres dans une carrière pour l'entretien de l'église de St Lazare : 8 livres, 10 sous et 4 deniers.
Idem pour la chaux pour l'année : 9 livres 8 sous.
Coupe, transport du merrain pour les cintres de l'église, pour les charpentiers et manoeuvres : 17 livres 2 sous 7 deniers.
Forge d'Autun pour l'année : 42 livres 10 sous 6 deniers.
Forge de la carrière : 3 livres 2 sous.
Ouverture de la carrière, pour les manoeuvres : 4 livres 15 sous 4 deniers.
Recherche de la situation de la carrière : 1 livre 10 sous.
Pour les manoeuvres qui ont montés les tuiles : 1 livre 9 sous 11 deniers.
Pour les gaules destinées aux chanlattes : 5 sous
Pour la façon et le ferrage de 12 charriots : 1 livre 15 sous
Aux charpentiers pour le merrain fait dans la forêt : 8 livres 16 sous
Pour la réfection du toit de l'église, la remise en place des engins, aux charpentiers et manoeuvres : 3 livres 15 sous.
Aux charpentiers qui lattèrent l'église : 10 livres 8 sous.
Pour les lattes : 3 sous 6 deniers.
Pour les clous et autre ferrures : 16 sous 8 deniers
Au maître couvreur : 70 livres
Transport des gargouilles : 4 livres 10 sous 9 deniers.
Location d'une maison : 3 livres
Pour les vêtements du couvreur : 3 livres
Pour les chevilles de fer et les noix à ferrer, et pour le fer : 18 sous 3 deniers.
Pour la fabrication des maillets des couvreurs : 1 sou 10 deniers.
Au bourrelier, pour l'année, pour les selles à bourrelets, les colliers, les chevetres et autres articles de cuir relatifs au chariot : 2 livres 10 sous
Pour le foin pour l'attelage dudit chariot : 19 livres 17 sous et 4 deniers
Pour l'avoine : 25 livres 3 sous 9 deniers.
Pour le ferrage des chevaux : 4 livres 6 sous.
Pour le fer et les clous pour ferrer les chariots et réparer les anciens : 6 livres 9 sous 1 denier.
Au charron, pour les chariots neufs et la réparation des anciens : 2 livres 14 sous 9 deniers.
Pour le suif fondu, l'huile, le vinaigre et 30 livres de chandelles, pour l'année : 2 livres 7 sous.
Pour la location, les dépenses et le chargement du chariot : 18 livres.
Pour la location des remises, écuries et greniers : 2 livres.
Pour les cordes : 13 deniers.
Pour soigner un cheval : 5 sous.
Pour l'achat d'un cheval pour le chariot : 3 livres 10 sous.
Total : 283 Livres, 2 Sous et 8 Deniers
(10% des dépenses sont pour la forge)
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