Masaccio (1401 - v. 1428)
Masaccio (1401 - v. 1428)

Peintre italien appartenant à la première génération du Quattrocento dont les innovations s'inscrivent dans la lignée des recherches entreprises, au siècle précédent, par Giotto sur la représentation spatiale et le naturalisme de la figuration.


LES ANNÉES DE FORMATION DANS L'ATELIER DE BICCI DI LORENZO

Né à Castel San Giovanni in Altura, aujourd'hui San Giovanni Valdarno, une petite cité des environs de Florence, proche d'Arezzo, Tommaso di Ser Giovanni di Mone Cassai, dit Masaccio — surnom à la désinence péjorative que Vasari expliquait par la distraite et fantaisiste négligence de sa mise —, est orphelin de père dès 1406, l'année même où vient au monde son cadet, qui sera surnommé plus tard « le Scheggia » et sera peintre lui aussi. Il commence son apprentissage avant de venir s'installer à Florence, vers 1417, après la mort de son beau-père. Durant cinq ans, il se forme dans l'atelier de Bicci di Lorenzo (1373-1452), un peintre fidèle à la tradition gothique mais très ouvert à la modernité qui transforme alors le climat artistique de la ville.

LA RENCONTRE DE MASOLINO DA PANICALE

La toute première oeuvre connue de Masaccio, le Triptyque de San Giovenale, datée de 1422 (église paroissiale San Pietro, Cascia di Reggello, aujourd'hui galerie des Offices), mais dont l'attribution n'a été officiellement attestée qu'en 1961, dénote déjà l'influence de Brunelleschi et de Donatello que Masaccio considère comme ses vrais maîtres. Du premier, architecte, il acquiert la connaissance de la proportion mathématique fondamentale dans l'approche perspective de l'espace ; du second, sculpteur, il assimile les leçons plastiques fondées sur une connaissance de la statuaire antique.
En 1422, il s'inscrit à la corporation des « Medici e Speziali » dont dépendent les peintres à Florence. La même année, il rencontre Masolino da Panicale, un peintre déjà confirmé, avec qui il se lie d'amitié (la fresque en camaïeu de vert de La Sagra del Carmine peinte en 1424, et aujourd'hui disparue, les représente côte à côte, fixant le spectateur, dans le cortège de la fête donnée pour la consécration du bâtiment). Les deux hommes se rendent en 1423 à Rome et, à leur retour, malgré des tempéraments fort différents mais peut-être complémentaires, ils décident d'une association qui durera jusqu'à la mort de Masaccio. Cette collaboration rend très difficile l'attribution de leurs oeuvres respectives. Si les deux artistes ont parfois travaillé de concert, ils se sont plus généralement partagé la tâche, menant de front plusieurs chantiers, Masolino partant même deux ans en Hongrie (1425-1426). Une des premières réalisations communes, datée de 1424-1425, est la Sainte Anne Metterza (Sainte Anne, la Vierge à l'Enfant avec les Anges, galerie des Offices, Florence), peinte pour l'église florentine de Sant'Ambrogio.

LA CHAPELLE BRANCACCI

La collaboration de Masaccio et de Masolino prend toute son ampleur avec les fresques de la chapelle Brancacci de l'église Santa Maria del Carmine vers 1425 ; Masaccio y réalise ses oeuvres les plus célèbres : Adam et Ève chassés du Paradis, le Paiement du tribut, le Baptême des néophytes, Saint Pierre faisant l'aumône, Saint Pierre guérissant les malades par son ombre, ainsi que la Résurrection du fils de Théophile et Saint Pierre en chaire, non terminés en 1428 et achevés cinquante ans plus tard par Filippino Lippi, les Brancacci ayant été entre-temps bannis. La restauration de ces fresques a permis en 1990 de retrouver les couleurs d'origine et une partie de la bande décorative.

LE RETABLE DE PISE

En 1426, Masaccio débute le grand chantier du polyptyque du Carmine à Pise que lui a commandé le notaire Giuliano del Scarsi. Cette oeuvre ambitieuse et complexe est aujourd'hui démembrée : prédelle de l'Adoration des Mages, Martyres de saint Pierre et de saint Jean Baptiste, épisodes de la vie de saint Julien et de saint Nicolas, les saints Augustin, Jérôme et Carme, regroupés au Staatliche Museen de Berlin, alors que le panneau central de la Vierge en majesté est à la National Gallery de Londres. La Crucifixion est à Naples, au musée Capodimonte, Saint Paul à Pise, au musée National, et Saint André à Malibu (Californie), au musée Getty.

LA FRESQUE DE LA TRINITÉ

Puis Masaccio exécute (v. 1427), dans l'église de Santa Maria Novella de Florence, une oeuvre d'une exceptionnelle maîtrise, la fresque de la Trinité, où l'alliance fictive de l'architecture et de la sculpture avec la peinture apparaît comme un véritable manifeste de l'art de la Renaissance, la bidimensionnalité des panneaux peints anticipant sur les théories sur la perspective de Brunelleschi, que codifiera quelques années plus tard Alberti.
En 1428, Masaccio et Masolino se rendent à Rome. Ils entreprennent notamment les fresques de la chapelle Branda Castiglione de l'église San Clemente et le triptyque de Sainte-Marie-Majeure, que Masolino achève seul. Masaccio meurt brutalement alors même qu'il s'apprêtait à poursuivre les fresques commencées par Gentile da Fabriano à la basilique Saint-Jean-de-Latran.

UN PROTOTYPE DE LA PEINTURE FLORENTINE

Toute l'oeuvre du peintre relève d'un idéal intellectuel propre au milieu moderniste florentin du début du XVe siècle. Pétrie d'un humanisme sincère, animée d'une démarche historique et morale, nourrie d'une réflexion théorique qu'enrichissent des recherches pragmatiques, la création de Masaccio privilégie une vision synthétique de la représentation picturale. Les masses plastiques sont structurées dans un espace cohérent et rationnel ; les corps sculpturaux, qui rejettent la préciosité élégante du gothique, sont modelés par une alternance d'ombre et de lumière, celle-ci étant issue d'une source précise. Les actes représentés sont le plus souvent empreints d'une grande tension dramatique.
Le langage novateur et difficile de Masaccio n'a pas été immédiatement apprécié, sauf par quelques grands artistes comme Brunelleschi. Ses oeuvres ont sans nul doute exercé une réelle influence sur des créateurs italiens ultérieurs comme Piero della Francesca, Paolo Uccello ou Fra Angelico.

URL d'origine : http://www.historama.fr (fermé)


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