Héloïse, Abélard et Ockham
Le Pallet est connu pour son Muscadet. Mais Le Pallet, à côté de Nantes, est aussi la patrie de Pierre Abélard (1079-1142), l'époux d'Héloïse dont l'oncle a fait émasculer Abélard. La Balade des dames du temps jadis, chantée par Georges Brassens nous parle d'eux.
" Où est la très sage Heloïs,
Pour qui fut chastré et puis moyne
Pierre Esbaillart à Sainct-Denys ?
Pour son amour eut cest essoyne."
(...)
François Villon
Abélard est présenté, dans la querelle des universaux qui a eu lieu au Moyen-Age, comme l'inventeur du nominalisme ou plus précisément du non-réalisme.
Abélard fut le premier professeur d'université français et les Bretons, les premiers étudiants parisiens. "Etant donné des hommes singuliers, séparés les uns des autres : du point de vue physique ils diffèrent aussi bien par leur essence que par leur forme ; ils ne s'en rencontrent pas moins en ce qu'ils sont des hommes. Je ne dis pas : ils se rencontrent en l'homme, car aucune chose n'est homme si ce n'est séparée, mais ils se rencontrent dans le fait d'être hommes. Or le fait d'être homme n'est ni homme ni une chose, pas plus que le fait de ne pas être dans un sujet ou de ne pas être susceptible de contraintes ou de ne comporter ni plus ni moins ne constitue en soi une chose, même si ce sont là, d'après Aristote, les caractéristiques communes de toutes les substances. Or, (...) la rencontre entre êtres séparés ne peut se produire dans une chose. Si donc une telle rencontre se produit, il ne faut pas en conclure que nous ayons affaire à une chose proprement dite. (...) Quand nous disons que cet homme singulier-ci et cet homme singulier-là se rencontrent dans l'état d'homme (in statu homini), c'est-à-dire en ce qu'ils sont des hommes, ce que nous voulons dire c'est seulement qu'ils sont des hommes et que, sous ce rapport, il n'y a aucune différence - j'entends précisément, en tant qu'ils sont hommes. En parlant de ce statut nous ne désignons donc aucune existence, par "état d'homme" nous entendons seulement le fait d'être homme (esse hominem) qui n'est pas une chose, mais bien la cause commune de l'imposition du même nom (d'"homme") à tous ces différents hommes singuliers, puisque c'est par là qu'ils se rencontrent les uns avec les autres. " (P. Abélard, Logica Ingredientibus)
"L'universel est ce qui, par nature, se dit de plusieurs choses, ainsi homme ; l'individuel, ce qui ne se dit pas de plus d'une chose, comme Callias" ; l'universalité n'est donc pas dans le mot comme tel (vox), mais dans le mot en tant qu'il est capable d'être prédicat (sermo praedicabilis) ; on pourrait presque dire : l'universalité est une certaine fonction logique d'un mot. Par là même et en vertu d'un vieil adage : res de re non praedicatur, il ne peut être une réalité " (Emile Bréhier)
Abélard peut être rapproché d'un logiciel anglais qui a donné son nom à un langage de programmation, OCCAM.
Guillaume d'Ockham (vers 1285-1349) est né dans le comté de Surrey, en Angleterre.
C'est le Guillaume de Baskerville du livre "Le nom de la rose" d'U. Ecco (Grasset), qui, au cinéma, a été joué par S. Connery.
"On peut prouver qu'aucun universel n'est une substance existant hors de l'âme. (...)
De plus, si un universel était une substance unique existant dans des substances singulières mais distinctes d'elles, il s'ensuivrait qu'il pourrait exister sans elles, puisque la puissance divine [absolue] peut faire qu'une chose naturellement antérieure à une autre existe sans elle. Or la conclusion de cette inférence est absurde. De plus, si cette opinion était vraie, aucun individu ne pourrait être créé si un autre individu lui préexistait : en effet, il ne recevrait pas tout son être à partir de rien, puisque l'universel qui serait en lui se serait trouvé auparavant dans un autre. Par le même raisonnement, il s'ensuivrait que Dieu ne pourrait réduire à néant aucun individu [porteur] de cette substance sans détruire en même temps les autres : en effet, s'il réduisait à néant tel individu, il détruirait tout ce qui fait partie de l'essence de cet individu ; dont il détruirait l'universel qui est en lui mais aussi dans les autres. Donc les autres ne pourraient subsister, puisqu'ils ne pourraient subsister sans cette partie d'eux-mêmes que l'on a supposée être universelle." (G. d'Ockham, Summa totius logicae I)
Ockham est connu par ce qu'on appelle le rasoir d'Ockham :
"ENTIA, NON MULTIPLICANDA SUNT PRAETER NECESSITATEM"
"IL NE FAUT PAS MULTIPLIER LES ENTITES SAUF NECESSITE"
Références :
-
Morichère B. (sous la direction de), Philosophes & Philosophie, Des origines à Leibniz, Nathan, 1992
-
Emile Bréhier, La philosophie du Moyen Age, Albin Michel, 1937, 1971
Créé et mis à jour le 13 mai 1997 par H. Habrias et F. Fournol
Mis à jour le 31 août 2012 par F. Mrugala
|