Paris sous le Bas-Empire et pendant le Haut Moyen Age
Par Michel Fleury
Président de la IVe Section de l'Ecole des Hautes Etudes
Directeur des Antiquités historiques de Paris
tiré de Les dossiers de l'archéologie, juillet 1974
Les fouilles, qu'elles soient anciennes ou récentes, nous font connaître que, comme la plupart des villes de la Gaule, Lutèce a été ravagée par la grande vague d'invasions de la fin du IIIe siècle et que l'île de la Cité a été alors fortifiée. Il y a donc là un fait indiscutable, puisqu'il repose sur des constatations matérielles : présence de couches d'incendie dans les grands monuments et certains sites de la rive gauche, sur laquelle s'étendait la ville ouverte gallo-romaine, existence, autour de l'île, d'une puissante fondation faite de blocs arrachés à de grands monuments et jusqu'aux stèles des cimetières, sur laquelle s'élevait un rempart. De ces deux faits incontestables, on a tiré longtemps - et on continue de le faire - des conséquences tout à fait excessives. Pour Félix-Georges de Pachtere, qui reste encore à l'heure actuelle le seul historien qui ait donné une synthèse de l'histoire de Paris sous le Bas-Empire, la rive gauche, dès la fin du IIIe siècle, et à la suite des invasions barbares, est « déserte », « abandonnée », la ville qui l'occupait a disparu « par destruction et par remblaiement » (1). Pour Marcel Poëte (2), pour Ferdinand Lot (3), pour d'autres historiens plus récents (4), Paris serait donc resté, jusqu'à la renaissance urbaine du XIe-XIIe siècle, une petite ville qui aurait tenu toute entière dans la Cité.
En réaction contre cette thèse « catastrophique » alors universellement admise, M. Michel Roblin a réagi avec vigueur, dans un remarquable article de 1951 (5) : pour lui, « aucune décadence véritable ne marque à Paris le déclin de Rome : pendant mille ans, la ville continuera son existence à un rythme tranquille, malgré quelques soubresauts passagers » et même, elle a gardé, à l'exception d'un accroissement d'un cinquième à l'époque carolingienne, du IIIe au XIe siècle, la population qu'elle avait à la fin du Haut-Empire, soit environ 20.000 habitants. Cette thèse « optimiste » était fondée, non pas tant sur les découvertes archéologiques que sur une appréciation du rapport existant entre la surface de la ville et sa population, à la fin du IIIe siècle et au début du XIIIe, et aussi sur une vue d'évidence jusqu'alors négligée bien à tort : le rôle joué par Paris à l'époque de Julien et à celle des fils de Clovis interdit de penser que la ville ait pu être réduite à la petite île de la Cité, dont la surface était inférieure à dix hectares et qui était, au surplus, encombrée de bâtiments publics.
Ces deux interprétations sont, on le voit, radicalement opposées et il faut choisir l'une ou l'autre. Elles n'intéressent d'ailleurs pas que l'histoire parisienne puisque, en adoptant, même en partie seulement, la thèse de M. Roblin on est amené à rejeter la théorie, on pourrait dire le dogme de la décadence générale des villes en Europe occidentale à l'époque du Bas-Empire et jusqu'au début du Bas Moyen Age, c'est-à-dire pendant près de sept siècles.
Nous avons eu l'occasion, en 1961 (6), de proposer un schéma général d'évolution de Paris du Bas-Empire jusqu'au début du XIIIe siècle, qui rejette tout à fait la thèse « catastrophique », à la suite de M. Roblin, mais s'écarte sensiblement bien de l'interprétation de ce dernier, en ce qui concerne le « rythme » de l'évolution urbaine et le chiffre de la population. Ce schéma est fondé essentiellement sur l'étude de la répartition géographique des fondations religieuses parisiennes pendant le Haut Moyen Age d'après les textes et les découvertes archéologiques. Complété par les résultats des fouilles faites depuis 1961, il peut se présenter ainsi aujourd'hui.
1. Monnaies (aurei) de l'empereur Julien II (dit le Philosophe ou l'Apostat), proclamé Auguste par ses troupes à Paris en 360.
1 Avers : FL. CL. IVLIANUS PP. AVG buste barbu diadémé avec le paludamentum de la cuirasse.
1 Revers : VIRTVS EXERCITVS ROMANORVM avec marque SIRM (l'empereur casqué et en habit militaire, marchant à droite et se retournant ; il traîne par les cheveux un captif à genoux et tient un trophée).
1 bis. Avers et revers : celle-ci diffère essentiellement par la marque ANTB (sans doute atelier monétaire d'Antioche). Musée Carnavalet (cl. Laffay).
LE BAS-EMPIRE
Au Bas-Empire, s'il est bien certain que les grands monuments ont subi vers 275 de sévères atteintes, qu'ils ont été incendiés et qu'ils ont servi de carrière, certains ont survécu sans nul doute, endommagés certes, mais utilisables, comme le sont encore aujourd'hui les Thermes de Cluny.
D'autres, comme les Arènes, ont pu servir encore une fois restaurés, au VIe siècle. Le forum, comme on l'a constaté au XIXe siècle et lors des dernières fouilles, a été conservé et remanié, sans doute pour servir aussi de point d'appui ou de refuge fortifié.
D'ailleurs, l'expérience de la dernière guerre a montré que l'on pouvait habiter, et longtemps, dans des bâtiments en ruines, en attendant qu'ils fussent réparés. Il y a même lieu de penser que l'on ne s'est pas borné à réparer et que l'on a rebâti : on a retrouvé en 1957 au Luxembourg, en pleine rive gauche, des restes d'un petit hypocauste paraissant bien du Bas-Empire.
Comment d'ailleurs croire que Lutèce ait pu alors tenir toute entière dans une île minuscule quand on sait le rôle important qu'elle a joué au IVe siècle dans la défense de l'Empire contre les Barbares. La ville n'a-t-elle pas été le séjour de deux empereurs, Julien qui y vint à deux reprises, en 358 et en 360, et nous en a laissé une brève description, puis Valentinien, en 366 ? A ces constatations archéologiques, à cette vue d'évidence, on peut ajouter un argument décisif tiré d'un texte contemporain : Ammien Marcellin, en narrant les événements qui portèrent Julien au rang d'Auguste, parle expressément des suburbana de Lutèce, c'est-à-dire de ses faubourgs. Ainsi tout concourt à prouver qu'à l'époque du Bas-Empire. Lutèce n'est point une ville insulaire exiguë, mais une cité relativement étendue qui, après la tourmente des invasions de la fin du IIIe siècle, a repris de l'importance et a réoccupé, au moins en partie, le territoire sur lequel elle s'étendait au temps de la paix romaine.
Mais, dira-t-on, pourquoi son enceinte est-elle alors si réduite, par rapport à d'autres cités qui ont été remparées à cette époque ? C'est tout simplement pour une raison stratégique. Non seulement il y avait plus grand intérêt à utiliser le surcroît de défense que donnait naturellement le fleuve, mais, à cause de la configuration du terrain, qui, au sud, monte en pente raide du fleuve jusqu'au forum du haut de la colline, il fallait ou se contenter d'établir dans l'île un réduit fortifié ou bien englober dans l'enceinte toute la Montagne Sainte-Geneviève qui domine le fleuve.
Or, plus une enceinte est étendue, plus elle est difficile à défendre, plus elle nécessite une garnison nombreuse, garnison que Lutèce ne pouvait certainement fournir alors. La solution de la citadelle dans la Cité est donc celle qui a raisonnablement prévalu à cette époque. C'est seulement à la fin du XIIe siècle, quand la capitale de Philippe Auguste sera devenue assez peuplée, que l'enceinte pourra enfin englober, au sud, l'ensemble de la ville, en allant au-delà du sommet de la Montagne Sainte Geneviève (voir fig. 5, p. 35).
6. Fibules cruciformes arquées. Bronze. L. max. : 9 cm., IVe siècle. Ces fibules étaient portées leur extrémité cruciforme vers le bas. Musée Carnavalet.
L'ÉPOQUE MÉROVINGIENNE
L'époque mérovingienne est infiniment plus riche en sources d'information que le Bas-Empire, du moins en son début : nous disposons tout d'abord de sources archéologiques (essentiellement funéraires : les cimetières qui attestent que telle église, qui n'est connue que par des textes plus tardifs, remonte en réalité à l'époque franque) ; puis des premières sources diplomatiques (les plus anciens diplômes conservés remontent au VIe siècle) ; enfin d'un précieux témoignage contemporain, celui de Grégoire de Tours, qui, dans son Histoire des Francs aussi bien que dans ses autres ouvrages, nous donne des indications précieuses sur Paris (c'est dans le courant du Ve siècle que la ville perd le nom de Lutèce).
En combinant ces différentes sources, on peut établir une sorte de statistique géographique des églises hors de la Cité. A l'époque où écrivait Grégoire de Tours, c'est-à-dire à la fin du VIe siècle, il y avait quatre églises sur la rive gauche, deux seulement sur la rive droite. Si l'on ajoute aux indications données par l'annaliste celles que nous fournit l'archéologie, nous arrivons à onze églises sur la rive gauche, cinq seulement sur la rive droite, soit seize églises extra muros, avec, on le voit, une très forte prédominance de la rive gauche. Un coup d'oeil jeté sur la figure ci-contre permet d'en juger aisément. On est ainsi conduit à considérer que la ville mérovingienne a bel et bien reconquis le site de la ville ouverte d'avant les invasions, site que le Bas-Empire avait lui-même réutilisé, dans une mesure qui nous échappe.
Ce développement ne peut d'ailleurs étonner que ceux qui voient, tout à fait à tort, dans l'époque mérovingienne, une période de barbarie absolue. Au premier chef, Paris a bénéficié du séjour de Clovis - il a fixé « le siège de son royaume » dans la ville et de la « paix mérovingienne » obtenue au moins pendant deux générations. De cette paix, de la sécurité qui régnait, on a, à Paris précisément, un témoignage remarquable : la grande cathédrale Saint-Etienne, bâtie dans la Cité (sans doute entre 511 et 558 par Childebert 1er, fils de Clovis), c'est-à-dire le plus précieux édifice de la ville, a été élevée en partie sur le rempart, rasé pour lui faire place.
Ainsi, au VIe siècle, Paris est encore une ville étendue à laquelle les souverains tiennent d'ailleurs tant qu'en 567 ils s'interdirent réciproquement, par serment, d'y pénétrer.
Ce tableau vaut à coup sûr pour le VIe siècle, période de renaissance. Doit-il être accepté pour la fin de la période mérovingienne ? On ne peut, en l'absence de sources, l'affirmer.
7. Objets mérovingiens de bronze. Musée Carnavalet. De haut en bas et de gauche à droite : épingle à tête ajourée portant une nacre, bronze argenté ; plaque triangulaire à décor animalier, VIIe siècle ; plaque à profil mouvementé et décor d'entrelacs de monstres, VIIe siècle ; plaque à décor de masque humain peu élaboré, fin du VIe siècle ; ardillon de boucle, VIIe siècle ; bague ; pince à épiler. L'échelle est donnée par l'épingle : L. : 6,7 cm (photo Laffay).
L'ÉPOQUE CAROLINGIENNE
L'époque carolingienne est bien pauvre en documents concernant Paris. Si elle ne paraît pas avoir marqué a priori une période de décadence accentuée pour la ville (son port n'était-il pas encore renommé à la fin du IXe siècle alors que les Normands sillonnaient depuis longtemps les rivières ?), il est incontestable qu'une raison analogue à celle qui avait conduit Clovis à se fixer à Paris (l'extension de son royaume vers le sud) et à en faire ainsi la fortune, devait, en ce qui concerne les Carolingiens, les en éloigner, puisque l'empire s'étendait démesurément vers la Germanie et l'Italie. Ainsi, non seulement le souverain n'est plus là pour animer la ville de sa cour, pour doter les églises, pour y élire sa sépulture, mais il est bien souvent au fond de l'empire quand vient l'heure du danger.
2. Fondation du rempart du Bas-Empire, partie découverte en 1970 au parvis Notre-Dame, près du Petit-Pont, en face de l'édifice à contreforts (voyez fig. 3). On voit nettement les blocs pris à des monuments et remployés pour asseoir la muraille.
LES INVASIONS NORMANDES
Or, celui-ci est pressant. A partir du milieu du IXe siècle, les pirates vikings, remontant le fleuve, étendent leurs incursions jusqu'à Paris. La ville, soit qu'elle manque de troupes, soit que le vieux rempart - il avait alors cinq siècles et demi d'âge - ait été mal entretenu, n'offre, longtemps, aucune résistance aux Normands. En 845, ceux-ci s'emparent de Paris déserté par ses habitants ; à la fin de 856, ils l'envahissent, brûlent toutes les églises, sauf Saint-Etienne, Saint-Germain-des-Prés et Saint-Denis qui sont rachetés moyennant une lourde rançon ; en 861, la ville et Saint-Pierre-des-Fossés sont incendiés... Mais en 884, in extremis, l'évêque fait fortifier l'extrémité des ponts et Paris, grâce à la vaillance du comte Eudes qui supplée l'empereur lointain et incapable, peut résister à un siège qui dure plus d'un an.
3. Partie de la muraille d'un grand édifice à contreforts du Bas-Empire découverte en 1970 au parvis Notre-Dame, près du Petit-Pont. On distingue les arases de brique reliant les deux parements et les arcs de décharge retombant sur les contreforts. Vingt mètres environ de ce bâtiment ont été découverts et préservés dans la crypte du parvis (cf. plan p.102, fig. 7, en A). Il s'agit du côté perpendiculaire au cardo de Lutèce dans la traversée de l'île. On a retrouvé aussi l'angle sud-ouest du bâtiment qui était certainement public, peut-être une basilique civile, mais le côté bordant le cardo a disparu (photo Hirmer, extraite de l'ouvrage « Paris monumental », par M. Fleury, A. Erlande Brandenburg et J.-P. Babelon, Flammarion 1974, in-4o, reproduite avec l'aimable autorisation des Editions Flammarion).
LES FAUBOURGS RUINES, NAISSANCE DE LA RIVE DROITE
A l'issue de celui-ci, si la ville close a tenu bon, et recueilli une partie de la population des faubourgs, les églises suburbaines ont été occupées, dévastées, transformées en étables où les pirates parquaient le bétail razzié. Le suburbium, c'est-à-dire essentiellement la rive gauche, la région de l'ancienne Lutèce, est pratiquement détruit : un siècle et demi plus tard, plusieurs de ses églises étaient encore à l'abandon au milieu des cultures.
Du capital immobilier accumulé par les Gallo-Romains, endommagé à la fin du IIIe siècle, reconstitué à l'époque mérovingienne, il ne reste donc plus rien. C'est la table rase. Alors, et c'est un phénomène tout à fait nouveau, l'assiette de la ville va basculer du sud au nord, de la rive gauche vers la rive droite jusqu'alors négligée. C'est de ce côté que va se bâtir au XI° siècle la première enceinte extérieure à l'île, c'est cette région de l'Outre-Grand-Pont (on notera que ce terme apparaît avant celui d'Outre-Petit-Pont, ce qui est significatif) qui deviendra dans le vocabulaire médiéval et jusqu'à l'époque moderne la Ville par excellence, par opposition à l'île-mère (la Cité) et à la rive gauche, qui ne sera que l'Université. Pourquoi ce changement radical dont les effets se sont fait sentir pendant des siècles ? On l'a attribué à une nouvelle orientation du trafic commercial qui se serait porté, à l'époque carolingienne, vers le Rhin et la Germanie, comme on a parfois expliqué l'établissement de Lutèce au sud par l'attraction de l'Italie. Cela ne parait pas admissible. Deux motifs d'égale importance, l'un d'ordre militaire, l'autre d'ordre économique, sont en réalité à l'origine de ce renversement.
4. Répartition des églises mérovingiennes à Paris. Celles-ci sont indiquées en -E. On voit que la grande majorité d'entre elles (11 sur 16) se trouve sur la rive gauche, dans l'ancienne ville gallo-romaine. On n'a figuré dans la Cité que Saint-Etienne, l'édifice à contreforts découvert en 1970, et le rempart (fond de plan tiré de la notice « L'Archéologie à Paris », publiée par la Préfecture de Paris).
RAISONS DE CE DÉPLACEMENT
Tout d'abord, le site choisi par les Romains, celui de la Montagne Sainte-Geneviève, convenait seulement à une ville ouverte : il était, on l'a vu, impossible de le fortifier, tant que la population restait faible parce qu'il aurait fallu une enceinte très étendue, donc indéfendable. En revanche, sur la rive droite, plate, et en partie à l'abri des crues, on pouvait faire un rempart « sur mesures ».
Voilà pour la raison d'ordre militaire, capitale, il faut s'en souvenir, dans une période d'insécurité. Quant à la raison économique, si elle a pu jouer à plein, quand tout a été à refaire, elle avait fait déjà, progressivement, fait sentir son influence, depuis la conquête romaine. Pour l'apprécier, il faut remonter au principe qui a prévalu dans le choix du site de la ville gallo-romaine de haute époque.
A la lumière des travaux de M. Paul-Marie Duval, il apparaît que, contrairement à ce que croyait F.-G. de Pachtere, la ville des Romains, créée de toutes pièces à côté de l'ancienne ville gauloise, bornée à l'île, s'est développée en descendant la colline et non en la remontant. A son apogée, elle était loin d'atteindre le fleuve. Son « front monumental » ne dépassait pas les Thermes de Cluny.
Création artificielle, elle était coupée de ce qui avait fait la moitié de la fortune de Lutèce, le fleuve. Elle tendait donc à s'étendre vers lui.
Au Bas-Empire, quand après les ravages de l'invasion, la Cité joue un rôle accru, ce mouvement de descente s'est continué, sans doute sur la rive gauche, et, incontestablement, sur la rive droite, dans sa région insubmersible, au Monceau Saint- Gervais, près du port, où Vacquer a cru voir un faubourg industriel.
L'époque mérovingienne hérite le « capital immobilier » gallo-romain, fortement entamé par les invasions mais encore assez important pour que l'on ne puisse songer à l'abandonner. Elle reconquiert donc la rive gauche : ses églises s'élèvent pour la plupart sur le territoire de la ville antique de haute époque.
En même temps, l'extension sur la rive droite s'intensifie : il y a déjà cinq églises mérovingiennes de ce côté du fleuve. Par la suite, le peu de fondations carolingiennes que nous connaissions se place au nord également.
Mais après le long siège de 884-885, tout change. Les faubourgs ont été systématiquement pilles ou détruits par les Normands. C'est la table rase, plus rien ne contrarie désormais la direction que la facilité du trafic et celle de la défense imposaient à la ville.
Très lentement, celle-ci renaît et, sans aucun doute, sur la rive droite, qui bénéficie la première d'une défense, au XIe siècle. Et si Philippe Auguste entoure toute la ville d'un puissant mur, c'est le faubourg nord qui va continuer de s'étendre, c'est lui seul dont Charles V agrandira l'enceinte. Le faubourg sud, qui avait été le coeur de la Lutèce du Haut-Empire, stagnera si longtemps que, jusqu'au XVIIe siècle, le vieux rempart du XIIIe restera sa seule défense.
Michel Fleury
5. Paris dans l'enceinte de Philippe Auguste (partie centrale d'une planche de Paris sous les Premiers Capétiens, de Louis Halphen, 1909). En comparant avec le plan de la fig. 4, on verra la prodigieuse extension de l'enceinte, non seulement par rapport à l'enceinte du Bas-Empire, mais par rapport à l'enceinte du XIe siècle. Celle-ci, dont le parcours exact nous est inconnu vers l'ouest, partait à l'est des Barres (à côté de Saint-Gervais) et passait par les portes Baudet et Saint-Merri. Elle n'englobait donc encore qu'une très faible partie de la rive droite. L'extension de la ville s'accentuera au XIIe siècle et sera sanctionnée par la construction de la grande enceinte du roi Philippe.
Notes
(1) Félix-Georges de Pachtere, Paris à l'époque gallo-romaine, 1912, in-4o (Coll. de l'Histoire générale de Paris).
(2) Marcel Poëte, Une vie de cité. Paris de sa naissance à nos jours, 1924-1931, 4 vol. in-8°.
(3) Ferdinand Lot, La Gaule, nouvelle édition revue et mise à jour par Paul-Marie Duval, 1967, p. 305 et note.
(4) Philippe Wolff, Histoire de Toulouse, 1958, p. 9.
(5) Michel Roblin, Cités ou citadelles ? Les enceintes romaines du Bas-Empire d'après l'exemple de Paris (Revue des études anciennes, 1951, pp. 301-311).
(6) Michel Fleury, Paris, du Bas-Empire au début du XIIIe siècle, dans Paris, croissance d'une capitale, 1961.
Au sujet de Paris, on peu voir aussi L'article sur le Paris Antique
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