n. f. Ensemble de pièces destinées à protéger le corps de l'homme de guerre ou de son cheval des coups portés par des adversaires.
L'armure peut être constituée de matériaux divers : cuir, osier, maillons ou plaques métalliques, etc.
Dès les origines, l'homme a compris que l'art du combat consistait non seulement à porter des coups à l'adversaire, mais aussi à les éviter. Le bouclier, obstacle mobile destiné à détourner les coups ou à briser leur élan, est sans doute la première arme défensive. Fait de vannerie, de cuir, de bois puis de métal, il revêt au cours des siècles les formes les plus variées. Orné de la marque distinctive de son propriétaire, il est intimement mêlé au développement de la science héraldique. Dès que les progrès techniques le permettent, une calotte en cuir munie d'un couvre-nuque protège la tête, partie du corps particulièrement sensible ; le casque est bientôt renforcé de plaques de métal, puis d'un cimier, de pare-joues et d'une visière amovible (casque grec de l'âge classique). Autre point vital, la poitrine est très tôt revêtue d'une cuirasse d'osier tressé, de peau, puis de bronze et de lames de fer articulées (cuirasse romaine). Des jambières entourent les mollets, tandis que des plaques métalliques cousues sur une courte jupe de cuir protègent les cuisses (Empire romain). L'art de l'armure disparaît avec la chute de Rome, car les peuples barbares ne portaient généralement qu'un bouclier et un casque.
Le cuirassement reparaîtra avec la broigne carolingienne, tunique de cuir cloutée, puis aux Xe et XIe siècles avec l'adoubement, vêtement renforcé d'écailles métalliques qui donnera naissance aux hauberts, ou cottes de mailles, longues chemises faites d'anneaux de métal assemblés et couvrant tout le corps. Aux XIIe et XIIIe siècles, la cotte de mailles se diversifie alors que le tissu métallique se fait plus serré et plus résistant. Le haubert se divise en deux parties, l'une couvrant la tête et la poitrine, l'autre l'abdomen et les jambes. Les manches se terminent par des sortes de moufles, les mitons ; une cervelière métallique couvre le sommet de la tête, sur ou sous le haubert. Capable de résister aux flèches et aux coup de lance ou d'épée, le haubert reste cependant vulnérable aux armes de choc et, dès la fin du XIIIe siècle, des plaques métalliques sont utilisées pour renforcer le thorax, les épaules et les cuisses.
l'armure de plates est presque complète, quoique relativement simple et privée d'ornementation. Elle se compose d'une cuirasse formée de deux pièces : le corselet et la dossière, portés sur une jaque (ou gambison molletonné), d'un camail et d'une jupe de mailles en anneaux d'acier goupillés et soudés, et de pièces épousant la forme des membres (cuissards, genouillères, jambières, ou grèves, cubitières, brassards, etc.). Les gantelets et les solerets, de forme allongée à la poulaine, sont composés de plaques articulées. Sur la tête, par-dessus le camail et la cervelière, on porte au combat un casque en acier de forme conique ou cylindrique : le grand heaume, reposant sur les épaules. Il est pourvu d'ouvertures horizontales en face des yeux et de quelques trous destinés à permettre la respiration. Une calotte de tissu matelassé en garnit l'intérieur pour garantir la tête contre les frottements de l'acier, au cas où le heaume serait porté avec un simple gorgerin de mailles, sans camail ni cervelière. Les hommes de pied portent la brigandine, pourpoint cuirassé de lamelles ou d'écailles de fer, fermé par des lacets. À la fin du siècle, le heaume s'allège et devient le bassinet, dont le timbre, de profil allongé, tombe bas sur la nuque. Il comporte une visière mobile, ou mézail, en forme de bec d'oiseau.
Au début du XVe siècle apparaît en Italie un nouveau type de casque, l'armet, dont la forme évoluera pour aboutir à la salade, composée d'une calotte hémisphérique, d'une crête basse, d'une mentonnière et d'une visière mobile souvent en deux parties. L'armure se complète d'un plastron qui renforce le corselet de cuirasse, d'épaulières enveloppantes, de tassettes couvrant le haut des cuisses. Faite d'acier trempé, sobre de ligne comme de décoration, l'armure complète du XVe siècle pèse quelque 20 kg. Le cheval de guerre porte alors un caparaçon, ou barde, fait de plaques d'acier, qui recouvre une grande partie du corps de l'animal.
C'est au XVIe siècle que l'armure atteint son apogée, la maîtrise technique des armuriers correspondant à un renouveau des arts figuratifs. La forme de l'armure évolue suivant sa destination (armure à tonne, heaume crapaud, cuirasse à busc, tassettes en queue d'écrevisse). Les artisans allemands (Helmschmid, Seusenhofer) et italiens (Corrio, Serra-Baglio, Pompeo della Cesa) rivalisent d'habileté et confectionnent des harnois complets, gravés au burin, à l'eau-forte, brunis, dorés ou damasquinés.
En Orient, l'armure connut un grand développement, sans atteindre malgré tout au degré de perfection propre à l'Occident. Seul le Japon, nation guerrière, fabriqua des armures complètes dont la conception et la décoration témoignent d'un grand raffinement (lames de fer recouvertes de laque, tissus et cordons de diverses couleurs, masques-visières à forme humaine ou monstrueuse, casques à antennes).
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