« Les assiégeants dressèrent leur trébuchet sur un chemin, mais sur aucun chemin, sur aucune route ils ne trouvaient de pierres qui ne se brisassent toutes au choc bruyant du tir; ils n'en trouvèrent que trois, qu'ils apportèrent d'une grande lieue [plus de quatre kilomètres]. Du coup qu'ils tirèrent avec la première, ils démolirent une tour; avec l'autre, au vu de tous ils ruinèrent une salle; au troisième coup qu'ils tirèrent la pierre se fendit, sans quoi elle eût coûté cher à ceux qui étaient dans la ville. » (« La chanson de la croisade albigeoise », citée par Philippe Contamine).
Lors d'un siège, les pierres sont taillées sur place par une équipe d'ouvriers. Lorsque la situation n'est pas urgente, la taille des pierres se fait grâce à des gabarits. Cette technique permet d'obtenir des boulets bien sphériques et de même calibre pour une précision optimale. Les boulets sont pesés et éventuellement affleurés, comme le recommande Gille de Rome dans son traité, « car il faut toujours peser les pierres si l'on veut atteindre sûrement un but donné ».
Ainsi, trois boulets, pesant de 95 à 96 kg, ont été retrouvés au château de Blanquefort. De plus, des pierres de même nature que celles des murailles attaquées ont un impact plus important et elles n'explosent pas.
Par contre, en l'absence de carrières de pierre, on utilisera les pierres des bâtiments environnants. La forme du boulet s'en trouve parfois modifiée. Des projectiles en forme de disques épais ont été retrouvés à la citadelle de Namur et au château de Caerlaverock (Écosse).
Le boulet, pour qu'il s'éjecte correctement de la poche en cuir ou en ficelle tressée, doit posséder une face taillée régulièrement. Au cours de certains sièges, pressés par le temps, les tailleurs se contentaient de tailler la moitié de la sphère du boulet, l'autre moitié restant brute. Si le trébuchet tire un boulet à l'heure, il faut cinq à six heures de travail pour tailler un boulet.
Pour améliorer la régularité du tir, le boulet est calé dans la poche avec de l'herbe ou du foin. Le livre de comptes de jean Chousat stipule que lors du siège de Dijon, il a été acheté « deux charretées de foing [...] pour faire des chapeaux autour des pierres des angins, afin qu'ils n'allassent point loquant par-dedans les bourses des frandelles ». (« Artillerie du duc jean sans Peur »).
Les boulets de moins de 20 livres
Les boulets pour les machines à traction humaine, pierrière et bricole, sont issus de la pierre taillée ou d'agglomérats, également appelés pâtons.
Plusieurs techniques apparaissent dès le XIIIe siècle.
Les assiégeants préparent de la castine (calcaire blanc) pilée mélangée à de la chaux et séchée au soleil (siège de Laparade en - 47). Cette technique nécessite peu de moyens. Ce pâton peut aussi être cuit au four. Pour obtenir des boulets suffisamment gros, on les repasse au four en y ajoutant une couche supplémentaire. Fabriqués en temps de paix, ces boulets sont stockés. Dans la même région, à Saint-Sardos (1324), on a retrouvé des boulets composés de galets pilés additionnés de chaux et de sable jaune (« lapin ») et séchés au soleil.