FRANCE,_VIENNE,_CHAUVIGNY,_COLLEGIALE_SAINT-PIERRE



Chauvigny
Abside

L'église collégiale Saint-Pierre

Fondée par les seigneurs de Chauvigny, cette ancienne collégiale de style roman, tout en pierre grise et surmontée d'un clocher carré à deux étages de baies, fut construite en deux étapes aux XIe et XIIe siècles.
Ce fut d'abord l'édification de l'abside, des absidioles et du chevet, remarquables pour la qualité et la richesse de leurs sculptures, puis la création de la nef voûtée en berceau avec colonnes surmontées de chapiteaux à palmettes. Résultat : un ensemble dont l'élévation et l'ordonnance sont admirables.
Dans le choeur, de superbes chapiteaux historiés représentent de nombreuses scènes évangéliques, d'un style très expressif, évoquant la persistance des terreurs suscitées par l'avènement de l'an mille. Entre autres : le Pèsement des âmes, l'Annonce aux bergers, Babylone, l'Annonciation, l'Adoration des Mages, la Tentation, avec de multiples figurations de monstres ailés, sphinx, sirènes ou démons, ces créatures qui, dans l'imaginaire de l'époque, faisaient subir les pires tourments aux humains.
Le chapitre dépendait de l'évêque de Poitiers, seigneur de Chauvigny, dont le donjon voisin affirmait le pouvoir temporel.

L'église Saint-Pierre existait déjà vers 1030 : le bas-relief de l'apôtre saint Pierre, tenant la clef et inscrit sous une arcade dont deux oiseaux meublent les angles, peut fort bien remonter à cette lointaine époque.
L'église romane est en forme de croix latine. Son chevet comporte trois absidioles.

Les chapiteaux historiés

Les chapiteaux
Un chapiteau historié est décoré "d'hystoires", i.e. de scènes de personnages empruntées à l'Ecriture Sainte (= la Bible), à la vie des saints. Ce type disparaît à l'époque gothique par suite de l'élévation de colonnes.
Les six chapiteaux des colonnes du sanctuaires, & auxquels s'adjoignent ceux des demi-colonnes adossées aux faces orientales des deux arcades, méritent bien que l'on s'y attarde.
On les voie au niveau du déambulatoire.
Ces chapiteaux déconcertent les historiens de l'art, qui n'arrivent pas à se mettre d'accord sur leur origine. Au point que l'on parle parfois du "maître de Chauvigny" qui les aurait sculptés. Ils ont des points communs avec d'autres chapiteaux du Val de Loire & du Poitou; un certain orientalisme transparaît aussi, puisque sur 4 d'entre eux se donnent libre cours toute les fantasmagories des palais mésopotamiens, lions & sphinx à têtes de femme ou d'homme barbu, dragons & autres animaux mythologiques, plus 2 rapaces épouvantables, un peu aigles, un peu vautours, pélicans par le bec, qui dévorent cruellement deux pauvres hommes.

Deux chapiteaux historiés complètent la série, le premier christophanique avec l'Annonciation, l'Adoration des Mages (l'une des premières expressions romanes, sans doute, de cette scène, que les imagiers transporteront bientôt des chapiteaux aux tympans des portails), la Présentation, la Tentation du Christ.
Le second chapiteau est plutôt eschatologique : cotoyant une Annonce aux bergers qui aurait eu mieux sa place sur le précédent chapiteau, le triomphe de Babylone la grande prostituée, présentée sous la forme d'une femme un peu bouffie, à la silhouette de chauve-souris due à ses larges manches; le Jugement dernier n'est pas loin, & il est précisément évoqié par la Pesée des âmes.

Premier chapiteau

Sphynges

Sphynges

Ce sont des sphynx femelles.

Deuxième chapiteau


Troisième chapiteau


Quatrième chapiteau

L'Annonciation

Annonciation :

L'archange saint Gabriel annonce à la Vierge Marie qu'elle va concevoir Jésus.
L'annonciation à Marie est relatée dans l'Evangile selon saint Luc, chapitre 1, 26-38.
« Au sixième mois, l'Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, vers une vierge qui était fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. » [...] « L'ange salue la Vierge : " Salut, pleine de grâce ! " [...] " Le Seigneur est avec vous ". » [...] « L'ange lui dit : " Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin. " Marie dit à l'ange : " Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais point l'homme? " L'ange lui répondit : " L'Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. »

Adoration des Mages

Adoration des Mages

« Ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent ; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. » (Evangile selon saint Matthieu, 2, 11.)
La particularité de ce chapiteau est d'être signé : Gofridus me fecit : c'est Godefroy qui m'a fait; c'est plutôt rare.

Présentation au Temple

Présentation de l'Enfant Jésus au Temple

De gauche à droite : le prêtre Siméon, Jésus (avec son auréole particulière) & la Sainte Vierge Marie. Jésus & Marie ont le même visage : ce n'est pas une erreur ou une maladresse : Jésus est Fils de Dieu, & il est venu au monde par l'intermédiaire de Marie, qui est vierge avant & après sa naissance; la chair de Jésus provient de sa mère seule, sans intervention d'un homme. Il s'agit donc d'une naissance miraculeuse.
Evangile selon saint Luc, 2, 21-40 : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l'enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l'ange lui avait donné avant sa conception. Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C'était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui. L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. Poussé par l'Esprit, Syméon vint au Temple. Les parents y entraient avec l'enfant Jésus pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient. Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes,et gloire d'Israël ton peuple. » Le père et la mère de l'enfant s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. - Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée. - Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d'un grand nombre. » Il y avait là une femme qui était prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Demeurée veuve après sept ans de mariage, elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. S'approchant d'eux à ce moment, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L'enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. »

La tentation du Christ

La tentation du Christ

Au désert, Jésus (encore une fois, remarque son auréole particulière) revit aussi le combat de la tentation originelle au paradis : la première tentation concerne, en effet, la nourriture, comme ce fut le cas pour le fruit de l'arbre « au milieu du jardin » (Gn 3, 3). Jésus, lui, en est vainqueur par la parole : « Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre . » Ainsi, écrit saint Irénée, « la satiété que l'homme avait connue par la nourriture fut détruite par la privation que l'homme [Jésus] souffrit en ce monde »

Cinquième chapiteau

Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 5, Animal monstrueux devorant un homme, Tete de lion (ou plutot de lionne), ailes, queues de serpent

Animal monstrueux dévorant un homme

Tête de lion (ou plutôt de lionne), ailes, queues de serpent.

Sixième chapiteau


L'Annonce aux bergers

L'annonce aux bergers


Babylone

Babylone, la grande prostituée

La description en est donnée dans la Bible, Livre de l'Apocalypse chapitre 17: "1 Puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes vint, et il m'adressa la parole, en disant: Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux.2 C'est avec elle que les rois de la terre se sont livrés à l'impudicité, et c'est du vin de son impudicité que les habitants de la terre se sont enivrés. 3 Il me transporta en esprit dans un désert. Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes. 4 Cette femme était vêtue de pourpre et d'écarlate, et parée d'or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait dans sa main une coupe d'or, remplie d'abominations et des impuretés de sa prostitution. 5 Sur son front était écrit un nom, un mystère : "Babylone la Grande, la mère des prostituées et des choses immondes de la terre." 6 Et j'ai vu que la femme était ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus."

Dragon dévorant un homme

Dragon dévorant un homme


Pesée des âmes



Sirène

Elle se trouve sur un cul-de-lampe du côté Nord : elle tient deux oiseaux par le col. C'est un thème que l'on retrouve plusieurs fois en Poitou, & qui renvoie en général à la fée Mélusine.

Une dernière chose : si les chapiteaux sont du XIème siècle, les peintures datent des années 1856, lors de restaurations importantes & nécessaires.

Les détails présentés proviennent de l'église St Pierre de Chauvigny, dans la Vienne. Ce sont des détails des chapiteaux historiés du chœur. Leur caractéristique assez rare est que l'on connaît le nom de leur auteur (Gofridus me fecit = Geoffroy m'a fait).
La plupart des sculpteurs romans sont restés anonymes : l'église est une œuvre collective au service de Dieu. Il y a quelques exceptions pourtant, où l'artiste a signé, comme ici et de manière tellement évidente que certains à son propos ont parlé de "vanité peu commune"…




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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre (4)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre et Mur du chateau d'Harcourt
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre et chateau d'Harcourt
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre et donjon de Gouzon
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Abside (1)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Abside (2)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Abside (3)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Abside (4)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 1, Sphynges (sphynx femelles) (1)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 1, Sphynges (sphynx femelles) (2)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 1, Sphynges (sphynx femelles) (detail)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 3, Monstre mi-homme mi-lion
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 4, L'Adoration des Mages (1)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 4, L'Adoration des Mages (2)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 4, L'Adoration des Mages (3)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 4, L'Annonciation
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 4, La tentation du Christ (1)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 4, La tentation du Christ (2)
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 4, Presentation de l'Enfant Jesus au Temple
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Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 5, Animal monstrueux devorant un homme, Tete de lion (ou plutot de lionne), ailes, queues de serpent (1)
Chauvigny, Eglise Saint-Pierre, Chapiteau 5, Animal monstrueux devorant un homme, Tete de lion (ou plutot de lionne), ailes, queues de serpent (1).jpg
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