LA BASILIQUE DE SAINT-DENIS:
NECROPOLE DES ROIS ET REINES DE FRANCE
Le monument est parfaitement représentatif du Gothique Rayonnant en France (deuxième période du Gothique).
Autant le Gothique Primitif (mi-XIIème/fin XIIème siècle) avait révolutionné l'Art Sacré de construire, tout en conservant bien des caractéristiques de l'Art Roman, autant le Gothique Rayonnant (mi-XIIème/fin XIIIéme siècle) a fait évoluer rapidement la structure même des Cathédrales : accroissement considérable des hauteurs, grâce à la généralisation de l'arc brisé, évidement croissant des espaces, disparition des tribunes, apparition des arcs-boutants extérieurs, raffinement des façades extérieures occidentales, perfectionnement et maniérisation des sculptures.
- La Basilique de Saint-Denis représente très bien cette évolution. Elle fut très tôt le lieu d'inhumation des Rois et Reines de France. Fondée en 475 P.C. par Sainte-Geneviève (qui sauva Lutèce (Paris) des Wikings), elle fut construite par des moines bénédictins. en souvenir de Saint-Denis, 1er évêque de Paris, et de 2 autres moines, tous 3 martyrisés en 250 P.C.
L'église abbatiale primitive fut le lieu de nombreux miracles accomplis par Saint-Denis. La communauté des moines devint vite très riche, du fait des pèlerinages et des donations des Rois et des grands dignitaires ecclésiastiques.
Elle accueillit d'abord AREGONDE, épouse de CLOTAIRE 1er, morte vers 565, puis DAGOBERT 1er, en 638.
Durant 12 siècles (jusqu'à LOUIS XVIII), elle fut le lieu d'inhumation de plus de 71 rois et reines Mérovingiens, Carolingiens et Capétiens.
- C'est l'abbé SUGER qui décida, en 1122 d'édifier la Basilique actuelle : une abbatiale bénédictine classique, en forme de croix latine. Il préserva la nef carolingienne, fit rebâtir la crypte mérovingienne, puis fit édifier le narthex (rappel des pèlerinages) et la façade, selon une structure anglo-normande semi-fortifiée (souvenir des invasions : d'où les créneaux, en haut des tours).
- Au XIIIème siècle, Pierre de Montreuil, qui travaillait en même temps à la construction de Notre-Dame de Paris, reconstruisit la nef et le transept, gravement endommagés par la foudre.
Ce transept fut considérablement élargi, pour accueillir toutes les royales dépouilles.
-
Dans sa CONCEPTION, la Basilique présente toutes les nouveautés du Gothique Rayonnant, avec les caractéristiques suivantes :
On DESCEND dans la Nef par l'Ouest, et on en remonte pour accéder au choeur, surélevé (grâce à la puissante crypte mérovingienne).
Le transept est très volumineux (l'on sait pourquoi);
-
Les Tribunes (2ème étage au Gothique Primitif) ont disparu;
-
le Triforium(3ème étage),pour la première fois, est AJOURE et vitraillé ;
-
Les arcs-boutants apparaissent pour soutenir le Choeur, surélevé ;
Par ses DIMENSIONS, Saint-Denis, est métrologiquement, ESOTERIQUE, sur la base du PIED BENEDICTIN (0,2965 mètre) :
-
Longueur : 108 mètres (366 pieds : 3x122) ;
-
Largeur du transept : 39 mètres (132 pieds : 11x12) ;
-
Hauteur sous voûte : 29 mètres (98 pieds).
La façade a 3 niveaux, en largeur comme en élévation (l'exaltation du Nombre 3 !).
Le TYMPAN Ouest (figure ci-dessus) représente le Jugement Dernier. Apparemment calme, en vérité tout à fait impitoyable, le Christ en mandorle (amande) SURDIMENSIONNE, les yeux clos, impassible, étend les bras, chacun tenant un rouleau :
Celui de droite invite les Bienheureux ("Venite benedicti Patris mei", Venez à moi, les bénis de mon Père) ;
Celui de gauche rejette les Damnés ("Discedite a me maledicti", éloignez-vous de moi, les maudits).
De fait, les "Sauvés sculptés" ont l'air serein, et repoussent avec joie les planches de leur tombeau, tandis que les "Damnés" ont bien l'air sinistre, affligés, et refusent tout effort, comme s'ils étaient conscients de ce à quoi ils sont voués.
La Basilique de Saint-Denis est très représentative de cet Art Gothique Rayonnant qui fut le précurseur du Triforium (3ème étage) ajouré, de la disparition des Tribunes (2ème étage), et qui présente, en plus, cet exemple rare d'une nef dont le sol est en dessous du niveau du sol (voir figure ci-dessous).
La Basilique de Saint-Denis, joyau du patrimoine médiéval
La basilique de Saint-Denis dans le 93, Seine St Denis, nécropole royale où se trouve les gisants de nombreux rois de France. Pas de trésor caché pour les amateurs, mais une histoire fabuleuse et d'une richesse incroyable.
L'ancienne abbaye royale de Saint-Denis a illuminé des siècles durant l'histoire artistique, politique et spirituelle du monde franc. Citons, notamment, la bibliothèque du monastère qui, à la fin du Moyen Age, est la plus importante du royaume. L'église abbatiale a été dénommée "basilique" dès l'époque mérovingienne. Ce qualificatif s'applique dès le IVe siècle aux églises dont le plan reprend celui des bâtiments civils romains où l'on pratiquait le commerce et où l'on rendait la justice, souvent édifiées à l'extérieur des villes et sur la tombe d'un saint.
L'église s'élève sur l'emplacement d'un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de Saint-Denis martyrisé vers 250. Outre une crypte carolingienne, vestige de l'édifice consacré par Charlemagne en 775, la basilique conserve le témoignage de deux bâtiments déterminants pour l'évolution de l'architecture religieuse : le chevet de Suger (1144), qui constitue un véritable hymne à la lumière, manifeste du nouvel art gothique et la partie reconstruite, au temps de saint Louis, dont le transept, d'une ampleur exceptionnelle, était destiné à accueillir les tombeaux royaux. Lieu de mémoire, dès le haut Moyen Age, le monastère dionysien a su lier son destin à celui de la royauté s'affirmant peu à peu comme le lieu de sépulture privilégié des dynasties royales à la faveur du culte de saint Denis. Quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes et princesses, dix grands du royaume y reposèrent. Avec plus de soixante-dix gisants et tombeaux monumentaux, la nécropole royale de la basilique s'impose aujourd'hui comme le plus important ensemble de sculpture funéraire du XIIe au XVIe siècle. Mais la basilique de Saint-Denis n'a pas été dès l'origine de la royauté franque considérée comme le "cimetière aux rois", comme l'avait défini un chroniqueur du XIIIe siècle. Jusqu'au Xe siècle, l'abbaye royale a été en âpre concurrence avec de nombreuses autres nécropoles, notamment Saint-Germain-des-Prés. Lors de l'avènement des Capétiens en 987, le rôle de nécropole royale s'affirme et la plupart des souverains y reposeront jusqu'au XIXe siècle ; même si pour des raisons politiques, religieuses ou personnelles, quelques rois comme Philippe Ier en 1108, Louis VII en 1180, Louis XI en 1483, Charles X en 1836 et Louis-Philippe en 1850 seront inhumés dans d'autres lieux. Louis XVIII, mort en 1824, est le dernier roi à reposer dans la basilique.
Les souverains ont toujours été au cours de l'histoire en quête de légitimité, ce qui explique pour partie leur volonté de reposer auprès des reliques de saint Denis, Rustique et Eleuthère, (tous trois ayant été martyrisés ensemble. Par l'intermédiaire de la puissance des saints martyrs, le roi pensait ainsi acquérir pouvoir et protection pendant sa vie, notamment au cours de ses batailles, et selon la croyance, accéder directement au Paradis.
" Montjoie saint Denis ! " Cri de ralliement des chevaliers sur les champs de bataille du XIIe et XIIIe siècle, inscrit sur la bannière de couleur écarlate parsemée de flammes d'or du fameux oriflamme de Saint-Denis. " Montjoie saint Denis " devient la devise du royaume de France, qui se place ainsi sous la protection du saint tutélaire du royaume : St Denis. Cet étendard est une belle image de l'union personnelle entre l'abbaye, le saint patron et le roi. Cette enseigne était systématiquement levée en temps de guerre par les souverains qui venaient la recueillir des mains de l'abbé sur l'autel des saints martyrs. Elle est un des objets majeurs de l'épopée médiévale autour duquel se forme un premier sentiment national. Une copie subsiste dans la basilique.
La guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, les troubles politiques contribuent au déclin de l'abbaye royale de Saint-Denis bien avant que la Révolution ne le précipite. En 1793, les révolutionnaires s'attaquent aux symboles de la monarchie mais la basilique échappe à la destruction totale. En 1806, Napoléon Ier ordonne la restauration du bâtiment. Puis Louis XVIII restitue à l'abbatiale son rôle de nécropole. Les travaux de restauration se poursuivent tout au long du XIXe siècle et sont dirigés par les architectes Debret puis Viollet-le-Duc à partir de 1846.
En 1966, la basilique devient cathédrale, nom dérivé de "cathedra", siège de l'évêque qui s'y trouve. Une copie du trône de Dagobert, dont l'original se trouve au cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale, est actuellement utilisée à Saint-Denis par l'évêque comme siège épiscopal.
Un monument royal : Les rois mérovingiens et carolingiens, la riche et très influente noble parisienne, sainte Geneviève, témoignent d'une dévotion toute particulière à saint Denis. Elle fit sans doute construire en 475 un premier bâtiment. Le développement d'une vaste nécropole, qui s'étend bien au-delà du bâtiment, entraîne au VIe et VIIe siècle, un agrandissement de l'église. De nombreux personnages de haut rang, essentiellement des femmes, sont inhumés au plus près du saint. La découverte, en 1959, du sarcophage de la reine Arégonde, belle-fille de Clovis, morte dans la deuxième partie du VIe siècle, indique la puissance d'attraction du sanctuaire. Les bijoux associés à sa sépulture sont conservés au musée du Louvre.
Cinquante ans plus tard, en 639, le roi Dagobert est le premier roi franc à trouver sépulture la basilique de Saint-Denis.
Dagobert s'illustra par de généreuses donations à l'abbaye et créa, selon la tradition légendaire, la foire de Saint-Denis chaque mois d'octobre, source de grandes richesses pour le monastère.
Quelques Mérovingiens et Carolingiens furent inhumés dans la basilique, comme Charles Martel, Pépin le Bref ou Charles le Chauve.
Charles Martel meurt en 741. Celui qui n'est que le maire du Palais, s'assure une inhumation prestigieuse, en face du grand roi Dagobert. Il fait ainsi accéder sa famille, les Pippinides, futurs Carolingiens, au rang des plus grands. Bien qu'il ne fût pas roi, son gisant réalisé au XIIIe siècle le montre couronné car les Capétiens reconnaissaient en lui l'ancêtre de la grande dynastie carolingienne.
Pépin le Bref, fils de Charles Martel, reçut l'onction du pape Etienne II à Saint-Denis, en juillet 754, scellant ainsi l'alliance entre les rois francs et la Papauté. Ce fut le premier souverain sacré image de Dieu sur terre. Ce grand roi fit alors reconstruire l'église à la manière des édifices romains de type basilique. Dotée d'un plafond de bois, de dizaines de colonnes de marbre et décorée de milliers de lampes à huiles, on y associa, pour la première fois, une crypte qui abrita, jusqu'au XIIe siècle, les reliques de saint Denis. Les vestiges de ce martyrium à la mode romaine, décoré de peintures imitant le marbre, sont encore en place.
La crypte archéologique : La riche et très influente noble parisienne, sainte Geneviève, très attachée à saint Denis, fait sans doute construire en 475, sans qu'on puisse l'affirmer, un premier bâtiment de 20m de long sur 9m de large, dont il subsiste aujourd'hui quelques murs de fondation. La volonté de nombreux aristocrates de se faire inhumer auprès de saint Denis entraîne l'agrandissement, au VIe et VIIe siècle, de la basilique.
Au VIIIe siècle, à l'occasion de son sacre, Pépin le Bref décide la reconstruction de l'édifice à la manière des édifices romains de type basilique. On peut voir aujourd'hui, dans l'immense crypte de la basilique, riche de l'histoire la plus ancienne de Saint-Denis, une fosse qui conserve le souvenir de l'emplacement de la tombe et des reliques de saint Denis et de ses deux compagnons de martyr, installés à cet endroit jusqu'au XIIe siècle. Cette fosse est le centre de tous les édifices construits, de la première chapelle, du IVe ou Ve siècle, jusqu'à l'abbatiale du XIIIe siècle.
Les amoureux de l'art roman trouveront aussi, dans la crypte de Saint-Denis, un des rares témoignages de cet art en Île-de-France. Cet espace conserve plusieurs chapiteaux historiés, notamment dédiés à la vie de saint Benoît, et des chapiteaux à décor de feuillages. Sa massivité a servi de point d'appui au nouveau chevet supérieur que le célèbre abbé de Saint-Denis, Suger, crée dès 1140.
Retour