L'ABBAYE DE SAINT-MICHEL-DE-CUXA A CONDALET - IXe-XIIIe
Pyrénées Orientales (66)
Abbaye Saint Michel de Cuxa, Vue des hauteurs (ouest) |
Au pied du mont Canigou, le monastère Saint-Michel-de-Cuxa se dresse dans le paysage. C'est la plus ancienne abbaye romane du Roussillon.
SITUATION
Fondée en 833, l'abbaye connut son apogée entre le Xe et le XIIe siècle. L'élégante tour crénelée de St-Michel-de-Cuxa surgit dans la fraîcheur d'un vallon descendu du Canigou. Quatre églises se sont succédées à Cuxa, l'église actuelle fut consacrée en 974. Fondée grâce à la protection des comtes de Cerdagne, sous le patronage de St-Michel, l'abbaye se distingue grâce à l'abbé Garin amis du pape Sylvestre II. Au XIe l'abbé Oliba agrandit le chœur de l'église abbatiale qu'il dote d'un déambulatoire, ouvre des chapelles et fait élever le clocher dans le style lombard. En 1952 d'importantes restaurations remettent en place une partie du cloître à l'aide d'éléments récupérés. L'église a perdu son aspect d'origine . le vaisseau est un des rares spécimens de l'art préroman en France. La sculpture des chapiteaux est caractérisée par l'absence de thème religieux.
Diocèses au temps d'Oliba |
HISTORIQUE
L'abbaye Saint Michel de Cuxa est située au-dessus de la vallée de Prades, avec au nord le massif de Madrès et les Corbières, et au sud le Canigou. Son histoire commence ailleurs : au monastère de Saint André d'Eixalada, situé dans une gorge de la Têt, où quelques clercs et laïcs s'étaient installés en 840 à l'emplacement de sources chaudes déjà connues dans l'antiquité.
En 878, la Têt en crue inonde et détruit le monastère, à l'époque dirigée par l'archiprêtre Protais. Sous sa conduite, les 35 survivants s'installèrent alors près du village de Codalet, au lieu-dit Cuxa, où une église consacrée à saint Germain, propriété de Protais lui-même, les attendait.
Le monastère se développa rapidement grâce à la protection des comtes de Cerdagne-Conflent. Sa création au IXe siècle s'inscrit dans le dynamisme économique et religieux qui suit la conquête carolingienne des terres prises aux musulmans d'Espagne. Cuxa se distingua par une politique d'ouverture au monde, originale pour l'époque en région catalane. Ce fut Garin, moine venu de Cluny et abbé de Cuxa, qui poursuivit cette ouverture. Il entretint des relations avec Gerbert d'Aurillac, futur pape Sylvestre II, avec le doge de Venise, Pierre Orseolo, qui fut plus tard canonisé, avec le futur saint Romuald et le futur saint Marin.
En 1008, c'est le petit-fils du comte Sunifred, Oliba, qui fut élu abbé de Ripoll et de Cuxa. Il sera aussi évêque de Vic en 1017. Il va profondément transformer l'abbaye en construisant devant l'église les deux chapelles superposées de la Crèche et de la Trinité, qui communiquent avec Saint-Michel par des galeries. Il augmenta aussi le sanctuaire de trois absides, voûte les bas-côtés de la nef, construit les clochers.
Les périodes suivantes du Moyen Âge sont moins fastes pour Cuxa, et même s'il devient un grand monastère seigneurial, il conserva peu d'importance dans le monde ecclésiastique et les bâtiments de l'abbaye ne furent pas renouvelés. Après l'époque des commendataires (dont Jules de Médicis, futur pape Clément VII) et le passage définitif au royaume de France en 1659 avec les conséquences des guerres, la révolution fit son œuvre, et l'abbaye fut mise à sac et vendu comme bien national. Le toit de l'église s'effondra en 1835 et le clocher nord en 1839.
En 1913, un sculpteur américain, George Grey Barnard, se rend à Cuxa et achète des chapiteaux du cloître (32 colonnes et chapiteaux ). Ces achats sont à l'origine de la reconstitution du cloître au Cloisters Museum de New-York, et de la présence de la fontaine à Philadelphie.
En 1919, Ferdinand Trullès acquit l'abbaye pour y reloger les Cisterciens de Fontfroide qui avaient quitté la France à l'époque des lois sur les congrégations.
Les Cisterciens s'installent, et seront remplacés en 1965 par les Bénédictins de Montserrat. Depuis les années 1920, l'abbaye fait l'objet de campagnes de restauration par le service des Monuments Historiques.
En 1952, sous les constructions de l'habitation du sacristain majeur, les ruines de l'église de la Trinité sont mises au jour. En 1954, Pablo Casals, réfugié en France sous la dictature franquiste, inaugure le festival de Prades dans l'église encore dépourvue de toit. Elle sera couverte en 1957.
OLIBA, « APÔTRE » DES ARTS
Au monastère de Montserrat près de Barcelone, une statue représentait l'abbé Oliba. Réalisée dans les années 1930 par le sculpteur Llimona, elle fut détruite durant la guerre civile espagnole |
La modernisation ou la reconstruction des monastères carolingiens est l'occasion d'exprimer et de diffuser, aux Xe et XIIe siècles, un art nouveau, l'art roman. La culture des grandes abbayes catalanes, enrichie des emprunts à l'Espagne musulmane, rayonne dans l'Occident chrétien. Sous le patronage actif de l'abbé Oliba, les abbayes qu'il dirige deviennent des centres culturels importants. Les moines, dans les "scriptoria", copient et ornent précieusement les manuscrits dont les plus renommés sont les Bibles de Ripoll.
D'abord comte puis moine, Oliba est une figure importante de l'histoire de la Catalogne autour de l'an mil. Né vers 971, il hérite de son père, comte de Cerdagne et de Besalu, d'une partie de ses domaines. Pourtant, en 1002, il se fait moine à Ripoll.
En 1008. il est élu abbé de Ripoll et de Cuixà. les grandes abbayes qui dépendent de la famille comtale, et qui sont les centres intellectuels et artistiques des comtés pyrénéens. En 1017, il est en plus nommé évêque de Vic.
En 1027, l'évêque d'Elne étant absent, il vient à Toulouges proclamer la Trêve de Dieu, c'est à dire l'interdiction d'assaillir quiconque du samedi au lundi. Il s'agit là de la première prohibition publique de la violence et dont les conséquences seront immenses dans toute l'Europe.
LA FORCE DES RELIQUES
Les reliques, restes des martyrs et des saints, sont à l'origine de grands pèlerinages à l'époque médiévale. Lors de travaux d'agrandissement, Oliba met en scène les quatre-vingt dix reliques conservées à Saint-Michel-de-Cuxa. Un sens de circulation permet aux pèlerins de traverser les sanctuaires de l'abbaye : la crypte (chapelle souterraine), dédiée à la Vierge de la Crèche («Pessebre» en catalan), l'église dédiée à la Trinité, située au-dessus, dont il ne reste que les bases. Ils rejoignaient ensuite l'église par la cour (atrium) et en faisaient le tour par les bas-côtés où ils passaient devant un maximum d'autels, détenteurs des reliques. Celles-ci ont fait de l'abbaye de Cuxa un sanctuaire important comme en témoignaient ses deux imposants clochers, visibles de loin, dont un seul subsiste aujourd'hui.
AU COEUR DE LA POLITIQUE INTERNATIONALE
Le monastère, protégé par les comtes de Cerdagne (rameau de la famille comtale de Barcelone), est placé directement sous l'autorité du pape. Son rayonnement spirituel s'étend largement, grâce à la présence d'abbés influents. Ainsi, au Xe siècle, Garin, venu de Cluny, dirige cinq monastères et est envoyé par le pape jusqu'en Terre Sainte. Oliba, fils du comte, abandonne le pouvoir en 1002, devient moine puis abbé de Ripoll et de Cuxa et enfin évêque de Vic. Il est en relation avec les principales abbayes de son temps, conseille les rois, voyage jusqu'à Rome. Il est surtout l'initiateur en 1025 de la « Trêve de Dieu », mouvement pacificateur qui s'est propagé ensuite à tout l'Occident, interdisant les actes de guerre et de violence du jeudi soir au lundi matin.
QUAND ÉCONOMIE ET PRIÈRE FRATERNISENT...
Four de grillage de Taurinya |
Connu durant l'Antiquité, le fer du Canigo est à nouveau exploité au IXe siècle. Jusqu'à la Révolution française, une partie des exploitations étaient la propriété des grands monastères : Sainte-Marie d'Arles-sur-Tech possédait des mines en Vallespir, Saint-Michel-de-Cuixà les mines Taurinyà, Fillols, Escaro, Saorra-Torrén, Vallestàvia et Vailmanya. Aux mines s'ajoute un important patrimoine foncier composé de moulins, de pâturages, de salines situées près des côtes... Cet immense domaine est le résultat des grandes donations des comtes de Cerdagne et des legs pieux d'humbles fidèles.
Architecture
L'église Saint-Michel
Il y eut 4 églises connues à Cuxa : la première, consacrée à Germain, antérieure à 878, fut construite par Protais. Sur la présence d'un ancien lieu de culte, aucun document. La deuxième, consacrée à Michel, est déjà mentionnée en 938. C'était un oratoire bâti devant l'ancienne église. Le comte Sunifred fut à l'origine de la construction de la troisième, consacrée le 30 juillet 953. La quatrième, nouveau temple de Saint Michel, toujours à l'initiative de Sunifred, fut consacrée le 30 septembre 974. Il s'agit de l'église actuelle, dont l'abside centrale correspond à l'ancien emplacement de l'oratoire Saint Michel.
Abbaye Saint-Michel-de-Cuxa, Eglise, Plan |
L'abside centrale est légèrement déviée par rapport à l'axe de la basilique, probablement pour coïncider avec sa dédicace.
Mesurant 30,60 par 9,40 m, la nef est l'un des très rares spécimens de pré-roman en France, caractérisé par l'arc en fer à cheval dit "wisigothique". Elle s'appuie sur des collatéraux voûtés en demi-berceau, dont elle est séparée par des arcades cintrées. Le côté sud est éclairé par quatre fenêtres hautes, alors que le côté nord n'est pas éclairé.
Le transept est bas et très saillant. Les croisillons, voûtés en berceau, comportent de grandes arcades outrepassées. L'abside, rectangulaire et fragmentée en cellules, est typique du préroman.
Les deux travées du chœur ont été voûtées d'ogives au XIVème siècle suite à un incendie. Elles sont éclairées par quatre baies. Deux longues chapelles rectangulaires, terminées en cul de four, entourent le chevet au nord et au sud. Elles s'ouvrent par des arcs outrepassés. A l'est, derrière le chœur, un couloir voûté en berceau sur arcs doubleaux relient les deux chapelles, formant une sorte de déambulatoire à angles droits.
Dans chaque bras du transept s'ouvraient deux absidioles précédées d'un arc outrepassé. Dans le bras nord, il en reste seulement une, la seconde fut détruite par l'effondrement du clocher nord. Dans celle qui reste est vénérée une vierge romane du XIIIème siècle.
Une tribune semblable à celle de Serrabonne avait été ajouté en 1040. Détruite au XIVème siècle, on peut en voir de beaux restes dans le cloître, encadrant une porte ouverte au XVIème siècle.
En 1969 fut retrouvé sur un balcon d'une maison particulière de Vinça la table d'autel majeur, consacré en 974. Il s'agit d'une ancienne plaque de marbre blanc provenant des ruines du capitolium romain de Narbonne.
Dans le bras nord, une vierge romane du XIIIème siècle. Elle a tous les attributs d'une vierge noire, la parèdre de Saint Michel...
La crypte
Abbaye Saint-Michel-de-Cuxa, Crypte, Statue de la Vierge du Pessebre |
Oliba fut sans doute celui qui construisit la crypte au XIème siècle. On y trouve une salle dont les trois nefs sont parallèles à la façade de l'église. Elles sont séparées par des arcs romans situés à des niveaux différents.
Cette salle est reliée à deux couloirs aux voûtes brutes de décoffrage. Ces couloirs occupent l'emplacement des anciennes chapelles de Saint Gabriel et Saint Raphaël.
Au milieu, reliée par une porte à linteau, la chapelle de Notre-Dame de la crèche. Elle est munie d'une voûte annulaire tournant autour d'un pilier central de 7 mètres de circonférence.
La voûte, impressionnante, a été réalisée d'un seul trait. On voit aujourd'hui les traces du coffrage utilisée pour la confectionner. Les murs de la chapelle sont épais de deux mètres. Son abside est orientée à l'est. Pas de décoration, mais l'ensemble est captivant.
La crypte elle-même est précédée d'un vaste passage destiné aux pèlerins. Celui-ci est constitué de trois vaisseaux de quatre travées, voûtés en berceau cintré, dont les pans descendent jusqu'au sol. On peut observer les mêmes traces de coffrage que dans la crypte.
C'est la grotte de la vierge noire, celle du pilier central dégageant une puissante énergie tellurique. Elle est la parèdre de Michel, comme toujours l'un ne va pas sans l'autre.
La chapelle de la trinité
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Le bâtiment à l'ouest de l'abbatiale correspond à la maison du sacristain majeur, bâtie au XVIIème siècle sur le site de la chapelle de la trinité, fait afin de protéger les vestiges de la chapelle de la trinité découverts en 1950. Cette chapelle fut élevée au XIème siècle par Oliba, au dessus de celle de la vierge du Pessebre, et fut probablement détruite lors du tremblement de terre de 1428.
Les restes trouvés dévoilent une construction de plan complexe unique en forme de trois cercles inscrits dans un carré, qui s'imbriquent formant un symbole triple.
Elle se composait d'une nef circulaire avec une abside orientée à l'est, exactement comme la chapelle de la vierge du dessous, et d'une tribune surélevée à l'ouest.
Les pèlerins pouvaient accéder à cette tribune en empruntant l'un des deux escaliers en colimaçon qui se trouvaient sur les côtés nord et sud, reliés directement à l'extérieur. De cette façon, il était possible de vénérer les reliques sans déranger les prières.
Le cloître
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Sa construction fut entreprise vers 1140-1150. A l'origine, le cloître occupait un grand quadrilatère irrégulier adossé à la paroi nord de l'église.
On dut niveler le terrain, ce qui obligea à rabaisser le dallage de la galerie sud, et il fallut pour cela condamner l'ancienne porte latérale du Xème siècle, en ouvrir une autre et construire un escalier qui descendait de l'église jusqu'au niveau du cloître.
Il reste très peu de chapiteaux intacts à leur emplacement originel. Abandonné, dévasté, détruit par la chute du clocher, ses éléments furent dispersés. En 1913, un sculpteur américain, George Grey Barnard, se rend à Cuxa et achète des chapiteaux du cloître (32 colonnes et chapiteaux).
Ces achats sont à l'origine de la reconstitution du cloître au Cloisters Museum de New York, et de la présence de la fontaine à Philadelphie.
L'actuel cloître fut reconstruit avec les éléments restants retrouvés en 1950. Sept chapiteaux proviennent de l'ancienne tribune.
Les linteaux et les arcs ont été taillés récemment dans le marbre rose de la carrière de Ria, celui-là même qui fournit le matériau des anciens chapiteaux.
La décoration est entièrement profane, pas une seule allusion à la bible. Les artistes se sont inspirés d'anciens thèmes orientaux, comme celui de l'épopée de Gilgamesh (issu de la mythologie sumérienne), trouvés probablement dans les manuscrits de la bibliothèque de Cuxa.
Les motifs, végétaux ou animaliers, sont dominés par des lions. Certains ont une crinière tressé, qui traduit une influence de l'art égyptien.
D'autres ont des bras qui leur sortent de la bouche, comme s'ils dévoraient des hommes (ou bien que les hommes sortent de leurs gueules, symbolisant l'initié). On retrouve ce sujet à Serrabone.
On ne trouve que deux chapiteaux historiés : un Christ bénissant et un Christ entouré d'anges, avec St Pierre à ses pieds.
Dans la galerie sud, la tombe du doge de Venise, Pierre Orseolo, moine à Cuxa de 978 à 988, qui fut plus tard canonisé.
Abbaye Saint-Michel-de-Cuxa, Cloitre sud, Tombe de Pierre Orseolo, doge de Venise, moine de Cuixa (978-988).jpg |
L'ancienne tribune
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La tribune devait ressembler à celle de Serrabone, elle-même étant imitée de celle de Cuxa et construite par le même maître.
Elle formait une sorte de chœur surélevé dans la partie est de l'église.
Les éléments conservés ont été placés sur l'actuelle porte nord. Nous retrouvons le symbole des 4 vivants, l'aigle,l'ange, le taureau et le lion soutenant chacun entre leurs pattes un livre sur lequel est gravé "LUCHAS".
Les deux pieds-droits représentent saint Pierre et saint Paul, dont les regards étaient dirigés vers l'intérieur de l'arcade. La façade était décorée de lions et d'un hibou. La sagesse et la force...
Leur style rappelle celui des statues du portail de Moissac : stylisation des corps, pieds en pointe, torsion des membres, notamment les poignets.
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Le clocher
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Dans les premiers temps de l'abbaye, deux tours avaient été édifiées. Une seule reste debout aujourd'hui. C'est une tour du XIème siècle attribuée à l'abbé Oliba, haute de 40 mètres, à quatre étages. Aux deux premiers étages, des bandes lombardes et des fenêtres étroites. Au troisième étage, on trouve deux ensembles de baies géminées sur chaque face. Au dernier étage alternent des fenêtres géminées et des baies simples. Côté est et ouest, une rangée d'oculi complète ce décor. La terrasse est bordée par des créneaux. Les voûtes que construisirent les moines provoquèrent une dangereuse inclinaison, et un contrefort fut rapporté au XIVème siècle.
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La crypte du Pessebre, la crèche en catalan, forme un ensemble de couloirs voûtés dans lesquels se trouve le sanctuaire circulaire dédié à la Vierge Marie. Un pilier central haut de 1,77 m soutient la voûte (qui monte jusqu'à 4,30 m) à la manière d'un palmier. Une absidiole abrite un autel. Cette forme circulaire, évoquant la grotte de Bethléem, est commune à bien des églises depuis l'époque paléochrétienne. Cette rotonde circulaire est flanquée de deux espaces rectangulaires, les chapelles de Raphaël et de Gabriel. Elle est surmontée par la chapelle de la Trinité. Tout cet ensemble est l'oeuvre de l'abbé Oliba au XIème siècle.
La chapelle Saint-Gabriel qui jouxte la chapelle de la Vierge vers le nord-ouest
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Cette chapelle fut élevée au XIème siècle par l'abbé Oliba au-dessus de la chapelle de la Vierge du Pessebre. Elle fut probablement détruite lors du tremblement de terre de 1428. Les restes trouvés ont été protégés par un bâtiment avec deux grandes verrières. Le plan est complexe, en forme de trois cercles inscrits dans un carré qui symbolise la Trinité. Une grande abside (au niveau de l'autel) et six petites absidioles tout autour forment le chiffre magique 7.
Le cloître vu depuis le nord
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Tel qu'on le voit aujourd'hui, il ne s'agit ni du cloître original, ni d'une ruine, mais d'une reconstitution. A partir du XIXème siècle les chapiteaux du cloître original ont été dispersés dans la région. En 1905, le sculpteur antiquaire américain G. G. Barnard en acheta un lot important qu'il exposa dans son atelier à partir de 1914. La collection du sculpteur, achetée en 1925 par la ville de New-York est à l'origine de l'actuel Cloisters Museum où l'on peut voir un petit cloître de Cuxa composé de 36 colonnettes. Une partie du cloître a pu être remontée in situ entre 1949 et 1970 grâce aux Monuments Historiques. Les chapiteaux ne sont pas dans l'ordre original, les murs sur lesquels reposent les claires-voies et les arcatures sont modernes.
Construit avant 1137, sous l'abbatiat de Grégoire, le cloître de saint Michel de Cuxa est le premier grand cloître du Roussillon. Inspiré du cloître de Moissac, premier cloître sculpté de l'art roman datant de 1100, il servit de modèle à son tour à tous les cloîtres de la région qui ont largement repris son iconographie. A la différence du cloître de Moissac, les sculpteurs ne se sont pas inspirés de la Bible , mais ont largement utilisé une iconographie animale et végétale, où l'homme a peu de place. Autre différence : les chapiteaux sont en marbre, tiré des carrières de Villefranche-de-Conflent.
Cloître sud-est
Abbaye Saint-Michel-de-Cuxa, Cloitre sud, Chapiteau lions chevauchant |
La partie sud-est et la partie méridionale appartiennent à un premier style (cf. M. Durliat). Les chapiteaux font 44 cm de coté, ils sont surmontés de tailloirs carrés sans sculpture. Un dé porte une tête humaine ou animale. L'iconographie est essentiellement animale ou végétale, sans chapiteau historié.
Le monde oriental a fortement marqué de son influence les représentations au Moyen Âge. C'est également dans l'Antiquité et dans la Bible que les sculpteurs ont puisé leurs inspirations. Les fabulistes notamment ont toujours inspiré les auteurs médiévaux qui font aussi référence à des ouvrages comme le Physiologus, d'un auteur alexandrin du IIème siècle de notre ère, qui décrit une quarantaine d'animaux réels ou fabuleux dans le but d'en tirer un sens symbolique et spirituel. Faut-il y voir aussi une influence de la 1ère croisade (prise de Jérusalem en 1099)?
Cependant la question de l'origine de ce premier atelier et de la formation de ses sculpteurs n'ont pas été résolues (cf. G. Mallet).
Cloître ouest
Abbaye Saint-Michel-de-Cuxa, Cloitre Ouest, Chapiteau aigles et fleurs |
Situés au bout de la colonnade ouest, les chapiteaux en sont d'un type différent, appelé "second style" par M. Durliat. Leur fond est souvent marqué de stries obliques. On retrouve plus ou moins les mêmes scènes : au premier plan, les feuilles d'acanthe ; ensuite lions dévorants, etc.
Parèdre : Divinité associée, à un rang subalterne, au culte et aux fonctions d'une autre divinité, époux ou épouse d'un dieu plus important.
Pessebre : crèche en catalan.
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