FRANCE, PAS-DE-CALAIS, BETHUNE



Béthune (62)

Nord - Pas-de-Calais Béthune Nord - Pas-de-Calais


Histoire

D'origine celtique, Béthune viendrait de « Bé » signifiant « près de » et de « Thune » signifiant haie, buisson.
L'an Mil marque le début de la lignée des Seigneurs de Béthune. L'existence d'un château, place Foch, est attestée depuis 970. Parallèlement, l'église Saint Barthélemy est édifiée sur l'actuelle place du 73ème. Une église, un château, les conditions sont favorables pour voir affluer une population en quête de sécurité et de sédentarisation, en particulier les marchands. La ville va ainsi prospérer grâce au développement de l'industrie drapière et du commerce.
Dès son origine, Béthune apparaît comme une place forte entourée d'une simple muraille précédée d'un fossé que les seigneurs renforcent au cours des siècles pour résister aux différentes attaques. La ville organise définitivement ses fortifications dès le début du XVIe siècle avec l'agencement d'ouvrages extérieurs sous Charles Quint, perfectionnés ensuite par Vauban.
Les années 1870 marqueront une profonde restructuration de la ville et plus particulièrement de sa périphérie consécutivement au déclassement de celle-ci comme place forte et à l'entreprise de démolition de ses fortifications. A la même période, les mines de charbon font la richesse de la région. Béthune développe son commerce et devient un puissant port de batellerie, notamment pour l'acheminement du charbon.
Enfin, lors du premier conflit mondial, la ville vit à l'heure britannique. Placée en zone militaire à quelques kilomètres des tranchées, Béthune sert de base arrière alliée. Le centre-ville devient la cible symbolique des bombardements et sera détruit à 90% en mai 1918. Modernité et tradition seront les maîtres mots de la Reconstruction dans les années 1920-1930.

Chronologie

502Fondation de l'église St Vaast ; témoignages d'une installation permanente à Béthune
940Béthune est érigée en baronnie
970Première mention d'un château
XIIe-XIVeLes conflits entre Français et Flamands marquent le pays et les seigneurs de Béthune jouent un rôle non négligeable dans la vie politique et religieuse
1346Béthune obtient le droit de Beffroi
XVeBéthune prospère grâce à sa vocation commerciale
XVIeLes fortifications de la ville se développent
1670 et 1680Louis XIV visite Béthune
1678Vauban conçoit son Pré-Carré pour la défense de la frontière nord de la France et y inclut Béthune
1710Béthune est occupée par les Hollandais
29 mai 1773Béthune est remise à l'obéissance du Roi de France après la paix d'Utrecht
1870-1880Démantèlement de la ville et de sa périphérie
mai 191890% du centre ville est détruit par les bombardements lors du premier conflit mondial
940

Plan du centre ville

Plan

La Grand'Place et ses façades

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Au lendemain de la guerre, la ville de Béthune souhaite redonner un essor économique au centre-ville en offrant un cadre urbain moderne sans pour autant rompre avec l'histoire. La Grand'Place et ses rues environnantes sont reconstruites dans les années 1920. Différents architectes diplômés par le gouvernement dont Jacques Alleman, Paul Dégez ou encore Léon Guthmann se partagent la Reconstruction. Toutes les maisons sont rebâties sur le parcellaire médiéval. Chaque architecte donne alors sa touche personnelle si bien que la Grand'Place présente un style éclectique. L'Art Déco ainsi que le style régionaliste sont ici très représentés. Le recours à de nouveaux matériaux et à une décoration étonnante donnent un caractère original et moderne à cette place.
Approchez-vous des façades situées côté hôtel de ville, réalisées par Jacques Alleman. Vous trouverez des détails architecturaux surprenants !
La « Maison du Blanc, qui abritait un commerce de linges, est remarquable par son vaste balcon en fer forgé décoré de grappes de raisin et de feuilles de vigne. Sur le pignon, deux coquilles encadrent un oeil de boeuf.
La « Maison du Grain » présente la façade la plus étroite de la Grand'Place. Sa largeur est celle d'un vélo. L'architecte a ici rajouté un niveau pour gagner de la place en hauteur et des bow-windows sur deux niveaux.
La façade de la « Maison du Canon » est traitée avec du parement de ciment. Le pignon fait ici figure d'enseigne : on peut y voir un canon, des boulets de canon et deux armes croisées. Il s'agissait autrefois d'une armurerie.
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Le fronton de la « Maison Pace Felix » est orné d'un soleil avec, au centre, un ange rieur. Le propriétaire du café, un certain M. Felix, a sans doute voulu montrer sa joie à la fin de la guerre et jouer sur les mots avec cette inscription latin signifiant Paix (Pace) et Joie (Felix).
L'ancien « Comptoir National de Paris » abritait une banque. Remarquez l'arc à la clé duquel se trouve un masque intrigant, le balcon en forme de cloche renversée ainsi que le petit campanile situé au faîtage du pignon.
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Le beffroi

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Paris n'a jamais pensé à jucher sa tour Eiffel sur le toit de la prison de la Santé. Idée trop saugrenue ?
Pendant la guerre de Cent Ans, elle a pourtant traversé l'esprit des bourgeois de Béthune. Arrachant à leur seigneur l'autorisation de construire une geôle pour les voleurs de poules, ils ont dressé une tour qui ressemble davantage à un phare qu'à un cachot.
La charte du beffroi date de 1346 : durant la guerre de Cent ans, Béthune est assiégée par les Flamands mais va résister pendant 21 jours. Pour récompenser leur fidélité à la couronne de France, Philippe VI de Valois donne aux échevins de Béthune l'autorisation de construire un beffroi avec droit de cloche et de prison.
Il y eut une première tour en bois. Suite à un incendie en 1388, le beffroi est reconstruit en grès et prolongé d'une Halle aux draps.
On la suréléva en 1437 avec trois échauguettes octogonales et une tourelle d'accès.
Il eut sa flèche en 1503.
Jadis il y avait une bretèche publique.
Des échoppes marchandes s'installèrent au pied de la tour en 1442, puis des maisons bourgeoises dès 1702, puis il y eut le remplissage urbain.
En 1664, la Halle est remplacée par des échoppes qui entourent l'édifice jusqu'à ce qu'elles soient détruites à leur tour lors de la première guerre mondiale. Endommagé en mai 1918, il reste et ne perd que son campanile. Avec le côté Nord-Est de la place, ce sont les seuls vestiges d'avant-guerre.
Toujours fière comme un étendard, et redonnant courage à la ville chaque fois que son étoile a pâli.
Peut-être parce que le panache de Buridan et celui de d'Artagnan hantent encore l'escalier à vis. Le premier n'est pas qu'un héros de roman. Selon la tradition locale, c'est en croisant un baudet sur le chantier du beffroi que ce philosophe du cru aurait eu l'intuition de l'argument de l'âne se laissant mourir d'indécision entre un picotin d'avoine et un seau d'eau.
La fable colle assez mal avec l'impression de force dégagée par ce rude monument rescapé des bombardements de la Grande Guerre pour donner l'élan de la reconstruction.
Les échevins de ce siècle-ci ne rémunèrent plus de guetteur. Ils n'en surveillent pas moins la grande banlieue de Lille qui avance, redoutant de s'y noyer.
Alors, une fois de plus, ils se tournent vers leur beffroi rajeuni par les lumières pop art d'un plasticien néerlandais. Béthune reprend des couleurs.
La tour de 58 m fut restaurée en 1923 par Degez (architecte de la Reconstruction) et Paquet qui restituèrent un site d'isolement, redonnèrent une flèche et un lanterneau de guet surmonté d'une poivrière portant la girouette immémoriale (1668) du dragon Beffy (copie de l'original).

Hauteur : 47 mètres.
Nombre de marches : 133.

Le carillon

Son carillon de 35 cloches sonne des concerts.
Tendez l'oreille et auto entendrez le carillon du beffroi :
- À l'heure : « la Tyrolienne » de Guillaume Tell
- Au quart : « Le Furet du bois joli »
- À la demie : « L'Ptit Quinquin »
- Au troisième quart : « Le Pays d'Artois »

Le beffroi est classé Monument Historique depuis 1862 et inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 2005.
Visite : l'office de tourisme, au rez-de-chaussée, est ouvert tous les jours sauf le dimanche. Pour la tour : . Tél. 03 21 57 25 47.

Hôtel de ville

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Dans le prolongement de cette série de maisons, on découvre l'Hôtel de Ville conçu entre 1926 et 1928 dans le même esprit par J. Alleman mais à une échelle monumentale.
La façade composée d'un avant-corps sur l'alignement de la place et d'un pignon triomphal, est entièrement ornée de titres, d'emblèmes et de décorations de la ville :
les sauvages armés de massues et considérés comme les premiers habitants de Béthune, la Légion d'Honneur, les croix de guerre...
A l'intérieur, le hall monumental est décoré dans le plus pur style Art Déco offrant notamment des verrières et des mosaïques colorées.

Art Déco

Mouvement artistique de l'entre-deux guerres extrêmement influent dans l'architecture et le design. L'Art Déco tire son nom de l'exposition des Arts Décoratifs qui eut lieu en l925 à Paris. Il emploie des volumes simples, épurés et des motifs géométriques.

Le style régionaliste

Il puise son inspiration dans les tendances architecturales locales. Dans le nord de la France, on retrouve fréquemment la brique rouge et les pignons à pas de moineaux.

Eglise Saint Vaast

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Erigée intra-muros sur ordre de Charles Quint en 1533, l'église Saint-Vaast est complètement détruite en 1918. Le bâtiment est réédifié de 1924 à 1927 sur son emplacement originel par Louis-Marie Cordonnier, célèbre architecte lillois.
Beaucoup plus grande que l'ancienne, l'intérieur surprend par sa clarté et la richesse de sa décoration. Dans son entreprise, l'architecte s'entoure d'artistes prestigieux tels que Réal del Sarte pour la statuaire, le maitre-verrier Charles Champigneulle et le peintre Henri Pinta pour la réalisation des vitraux. Ceux-ci retracent pour la plupart la vie de Saint Vaast ainsi que l'histoire de la ville.
Non loin du choeur, vous pouvez observer un triptyque offert par René Ducourant peintre local de grande renommée.
Depuis septembre 2001, l'église est pourvue d'un nouvel orgue. De facture suisse romande, ce bel instrument en chêne regroupe 15 tonnes de pièces et 3306 tuyaux.

Hôtel de Beaulaincourt

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Classé Monument Historique en 1974, c'est l'unique hôtel particulier du XVIIIe siècle à Béthune. Construit en 1750 sur cour fermée, en pierres blanches avec décor de rocaille et soubassement de grès, il est confisqué à la Révolution et devient alors Tribunal correctionnel. Administrations, musée, ces divers rôles n'ont rien enlevé au charme de cette demeure qui est aujourd'hui un bâtiment municipal.

La rue de la Délivrance

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On l'appelait autrefois la « rue des roseaux » car les riverains y faisaient sécher l'osier qui leur servait à fabriquer des paniers.
En remontant sur votre droite, vous découvrez l'ancienne caserne Chambors. Entre 1645 et 1728, Béthune possède quatre casernes.
Ce bâtiment est le seul préservé du démantèlement. Aujourd'hui, il est réhabilité en appartements. La façade et les toitures sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1984.
Au numéro 113 de la rue de la Délivrance lasse, on observe la maison d'Isabelle de Luxembourg fondatrice du couvent des Annonciades en 1515.
A proximité, vous découvrez l'ancien couvent des soeurs de la Charité. Cet orphelinat, édifié sur l'emplacement du couvent des Annonciades, sera dirigé par des religieuses jusqu'en 1954. Depuis 1999, le bâtiment est affecté à l'usage des associations. N'hésitez pas à franchir le porche pour découvrir la cour intérieure.
Au numéro 21 se trouve la maison de l'association « Les Amis du Musée ». Construite au XVIème siècle, il s'agirait de la plus ancienne maison de Béthune.
En face, à l'intersection de la rue Paul Bert, vous apercevez une ancienne école de frères construite en 1844.

La rue des Treilles

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La rue des Treilles est remarquable par la multitude de façades richement décorées qu'elle comporte. Nous vous invitons à découvrir certaines d'entre elles.
1 - Le café Enfants du Nord avec sa façade bleue rappelle les traditions festives et la convivialité des habitants !
2 - Un peu plus loin, en face de la place du 4septembre, « La Boucherie » est facilement repérable grâce à son fronton décoré qui lui sert d'enseigne: deux têtes de bélier et deux taureaux qui s'affrontent ornent la façade.
3 - A l'angle de la rue Grosse Tête, on découvre l'ancienne « Librairie Fournier » réalisée en 1923 par Jacques Alleman. La situation de la maison permet un pan coupé. Le rez-de-chaussée est éclairé par de larges vitrines. Les deux étages sont soutenus par d'énormes colonnes ornées de pommes de pin. Au sommet de la tour octogonale, on aperçoit un oiseau stylisé. Une photographie de cette maison figurait au Pavillon du Club des Architectes Diplômés pour l'Exposition des Arts Décoratifs de 1925 à Paris.

La Confrérie des Charitables de St Eloi

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Petite rue des Charitables, au n°51 de la rue se trouve la chambre de la Confrérie des Charitables de St Eloi. Cette confrérie existe depuis le XIIe siècle à Béthune.
D'après la légende, en cette période, la ville est durement touchée par une épidémie de peste. Deux forgerons, Germon de Beuvry et Gauthier de Béthune, ont alors une vision céleste : Saint Eloi leur demandant de former une « Karité », c'est-à-dire une confrérie pour assister les pauvres, soigner les malades et inhumer les morts sans distinction de religion, de classe sociale ou d'opinion.
Depuis ce jour, la confrérie poursuit son action sur Béthune.




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