Les retables du musée d'Arras
On conserve des panneaux d'autel dès le XIIIe siècle, mais c'est la multiplication des autels dans les églises et les dévotions nouvelles qui favorisent vraisemblablement la multiplication des retables en bois ou en pierre à partir du XIVe siècle.
Retables en bois
Au déclin du Moyen-Age et durant la première moitié du XVIe siècle, les anciens Pays-Bas du Sud furent réputés pour leurs retables de bois (panneau historié vertical placé derrière l'autel) qu'ils exportaient dans toute l'Europe. Ces retables se présentent sous forme de caisses fermées par des volets. L'intérieur de la huche et éventuellement de la face correspondante des volets est partagée en compartiments délimitant des reliefs sculptés qui sont couronnés par des décors architectoniques finement taillés. On peut voir ici quelques reliefs démembrés de cette sorte. Ils étaient tous, à l'origine, " estoffés " de feuilles d'or et de polychromie, et n'apparaissaient que lorsque les retables étaient ouverts, les jours de grandes fêtes religieuses ou des fêtes des saints patrons. Le cycle de la Passion en constitue, par excellence, le thème iconographique. S'y ajoutent des illustrations de l'Enfance de Jésus, de la vie de la Vierge, ou encore de vies de saints.
Trois grands centres, Bruxelles Anvers et Malines, concentrent essentiellement la production. Au XVe siècle, Bruxelles domine. Retenue, amabilité et sincérité caractérisent l'attitude et l'expression des personnages. Le Groupe de saintes femmes (n°54) est assez caractéristique de ce style.
Retable, Le groupe de saintes femmes, musée d'Arras
Vers le début du XVIe siècle, la suprématie passe à Anvers. Sous l'influence de l'humanisme et de la Renaissance, on y produit des retables toujours plus hauts et plus larges, surpeuplés, aux personnages vêtus à la dernière mode, aux poses maniérées. Le réalisme toujours plus poussé, ta tendance à représenter avec précision tous les détails, les contrastes accentués font parfois oublier l'élément spirituel. Si le style gothique flamboyant domine jusque tard dans le XVIe siècle, on trouve également quelques éléments Renaissance dans les costumes et les architectures : Le Baiser de Judas (n°78).
Retable, Le baiser de Judas, musée d'Arras
Malines se spécialise dans de petites figurines au charme naïf, telle la sainte Catherine dans son Oratoire (n°74). Rien n'interdit par ailleurs de supposer l'existence d'ateliers locaux en Artois, d'autant plus que, sur les pièces présentées aucun poinçon ne permet d'identifier le lieu de fabrication.
Retables de pierre
Un retable peut être peint ou sculpté en albâtre, en bois, ou encore en pierre. La Dormition de la Vierge (1452) (n°39) qui provient de l'ancienne abbaye du Verger (Oisy), est tout a fait typique du style qui se développe dans la région au milieu du XVe siècle : plis très creux et cassés, physionomies un peu rudes. Ce thème, courant sur les portails des églises du XIIe siècle, connaît un regain de faveur au XVe siècle.
Retable, La Dormition de la Vierge, musée d'Arras
Du début du XVIe siècle, le retable de Robert Marquais et Anne Lohinel (fin XVe s) (n°51) montre les donateurs priant devant les épisodes de la Passion du Christ,
Retables peints
Les deux prestigieux retables de Jean Bellegambe ont été peints pour l'abbaye Saint-Vaast, pour l'abbé Martin Asset, dont les armes figurent sur le cadre original du Christ aux bourreaux (n°68). Le tableau le plus ancien, daté de 1528, montre l'Adoration de l'Enfant Jésus (n°65) au centre, un Roi mage, portrait probable de Martin Asset, offre à l'Enfant un vase d'or. A gauche, l'Adoration des bergers est associée au prophète Isaïe annonçant la naissance du Christ. A droite, un ange ouvre un panier de layette et la Sybille de Samos, représentant le monde païen antique, joint sa prédiction à celle du monde juif.
Retable, L'Adoration de l'Enfant Jesus, musée d'Arras
Le panneau central du Christ aux bourreaux décrit les apprêts de la crucifixions Deux saints encadrent la scène : saint Antoine et saint Roch, traditionnellement invoqués contre la peste, ce qui permet de supposer que le tableau a été exécuté à l'occasion ou peu après l'épidémie qui sévit à Arras en 1530.
On retrouve sur ces retables les caractéristiques du style du "maître des couleurs" qui exerce à Douai 1504 à 1533 : images statiques disposées sur un seul plan, visages sereins, description minutieuse des broderies et orfèvreries, charme et vivacité des anges. A cette époque tardive de sa vie Bellegambe montre plus d'intérêt pour le rendu de la perspective et pour les paysages.
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