Cette miniature, extraite des «très riches heures» du Duc de Berry, symbolise le mois d'octobre. En haut de la composition, dans un demi-cercle, figure le calendrier du mois avec les deux signes du zodiaque : balance et scorpion, puis les phases de la lune et enfin les jours du mois. Au centre du cercle, le char du soleil représente le mouvement apparent de l'astre qui éclaire le mois d'octobre. Pour symboliser ce mois, les frères Limbourg, miniaturistes du XVe siècle, ont retenu une scène de semailles et de chasse qui se déroule sur la rive gauche de la Seine. Sur la rive droite du fleuve s'élève la masse imposante du Louvre de Charles V, que son frère, le Duc de Berry, pouvait ainsi découvrir lorsqu'il résidait en son Hôtel de Nesle.
II) UNE FORTERESSE ROYALE
1° Le donjon
Il se dresse au centre de l'ouvrage; on distingue seulement ses créneaux supérieurs et son grand toit conique recouvert d'ardoises. Construit sous le règne de Philippe-Auguste, il était communément appelé « Tour du Louvre ». On peut encore voir aujourd'hui, tracée sur le sol par des lignes de pavés, à l'intérieur de la Cour Carrée, l'extension de ce donjon.
2° L'enceinte du Louvre
Elle est flanquée, aux quatre angles, de tours couronnées de mâchicoulis et surmontées de pinacles finement ouvragés, renforcés par des colonnettes. A droite s'élève la tour de la Taillerie, puis la façade orientale dont l'accès est protégé par deux tours jumelées; elle se termine, au premier plan, par la Tour de la Grande Chapelle. La façade méridionale fait suite et son entrée est également défendue par deux tours jumelées. Là était la porte principale du Louvre, large de 2 m seulement : elle ouvrait sur un pont par lequel on franchissait les fossés qui entouraient alors le Palais. A l'angle gauche se dresse, masquée par les constructions, une tour dont le nom ne nous est pas parvenu; à l'angle des façades Ouest et Nord, la tour de la Fauconnerie abrita, sous le règne de Charles V, les précieux manuscrits de sa « librairie».
Appuyés sur cette enceinte, des bâtiments, dont on voit les toits d'ardoises, constituent la demeure royale. A l'Ouest, au rez-de-chaussée la Grand'Salle servait de salle des fêtes; à l'étage, la salle des Cents Suisses logeait le corps de garde du palais. Les appartements royaux étaient au Sud. Au Nord et à l'Est s'étendaient quelques logements et des salles de services.
3° L'enceinte de Charles V
Elle longe la Seine; cette haute muraille, garnie de créneaux, est renforcée par des tours plus ou moins hautes et par des bretèches, constructions rectangulaires, fixées au niveau des créneaux et en surplomb au-dessus des murs. A gauche, on distingue une poterne, toute petite porte, facile à défendre, ouverte dans l'épaisseur des fortifications. La construction de cette enceinte enlève au château du Louvre une partie de son rôle défensif ; c'est pourquoi, dans l'épaisseur des murs de l'enceinte proprement dite du Louvre, Charles V put faire ouvrir de véritables fenêtres qui remplacèrent les étroites meurtrières du château de Philippe-Auguste.
4° Le rôle du Louvre
Conçu initialement pour être le château qui devait défendre la nouvelle capitale de son royaume, le Louvre de Philippe-Auguste a toujours gardé ce caractère de citadelle plutôt que celui de palais. Pour résidence, les Valois préfèrent leurs hôtels parisiens (St-Paul, les Tournelles) ou leurs châteaux des environs de Paris : Vincennes et Beauté sur Marne. Le Louvre était donc avant tout une forteresse et un arsenal. D'autre part, les chambres fortes de son donjon gardaient le Trésor royal.
IV) PUISSANCE DE LA ROYAUTE FRANÇAISE
Symbole de la puissance royale, le Louvre, était le château du souverain qui régnait sur le royaume considéré alors comme le plus riche d'Europe. Perroy estime à 15 millions d'habitants le chiffre de la population française à l'avènement des Valois; Russel, de son côté, donne à l'Angleterre moins de 4 millions d'habitants. Du point de vue de ses ressources et de son activité économique, il est indéniable également que le royaume de France était mieux armé que son futur rival. Et Jean Froissait, dans ses Chroniques (éd. Luce) nous rapporte ainsi l'éclat de la cour de Philippe VI de Valois « Et tenait trois rois en son hôtel et ducs et comtes et barons sans nombre. Et faisait faire fêtes, joutes, tournois et ébattements, et lui-même les devisait et ordonnait. Il était un roi de tout honneur et connaissait bien que c'était de bachelerie [chevalerie]. Moult était l'état du roi Philippe de France, grand et renommé en tout pays ». P.T.