C'est un petit pays coincé entre l'Auvergne à l'Ouest et la vallée du Rhône, il constitue à peine la moitié du département de la Haute-Loire. La ville du Puy, son chef lieu en est le centre géographique, administratif et économique. Depuis le cinquième siècle jusqu'à la Renaissance elle a joué un rôle politique et religieux très important.
À quelques kilomètres à peine du Puy, un site impressionnant, largement connu, celui de la forteresse de Polignac, se dresse dans un cadre grandiose.
Au loin vers l'est, la chaîne de montagnes des Cévennes avec le Mézenc (1754 m) point culminant. Plus près une série de petits sommets arrondis, émergent plus ou moins d'une sorte de plateau fragmenté par les vallées parfois très profondes de la Loire et de ses affluents.
POLIGNAC
Au milieu d'une cuvette verdoyante se dresse une masse circulaire à peu près régulière, haute d'une quarantaine de mètres, aux parois presque partout abruptes. C'est un endroit idéal pour y implanter un de ces "châteaux forts" que les féodaux du moyen âge ont multiplié à travers le pays.
Ici, c'est une vaste plate forme de près de 200 mètres de grand axe, sur laquelle, ont été aménagés au cours des siècles, l'ensemble des fortifications et les bâtiments seigneuriaux. Un clan "celte" va en faire son repaire et dominer toute la région. La légende prétend qu'ils furent présents aux côtés de "Brennus" lors de la prise de Rome par les gaulois en 390 avant Jésus-Christ. Plus tard, compagnons de Charlemagne ils seront élevés au rang de "chevaliers" par un descendant, "Raoul", roi de Bourgogne, après le partage de l'empire en 843. A cette date commence leur histoire écrite, très souvent mouvementée, parfois glorieuse. En 1096, le jeune chevalier Héracle de Polignac fera partie de la première croisade en qualité de "porte étendard" de l'évêque du Puy, légat du pape. Il mourra de ses blessures devant Antioche en 1098. Peu après le chef de famille reçoit le titre de vicomte... Louis XVI les fera "ducs" et Charles X les élèvera au rang de "princes".
Possesseurs de domaines très importants, riches et honorés, les Polignac jouiront, des siècles durant, d'un prestige considérable sur le plan local et même national.
LE CHRISTIANISME EN VELAY
Après la mort et la résurrection de Jésus-Christ aux environs de l'an 30, ses disciples se dispersent, en Palestine, au Moyen-Orient et dans toute l'empire romain. Ils ont reçu l'ordre de porter au monde entier, le "message évangélique" issu en partie du judaïsme et basé essentiellement sur un Dieu unique, incarné en son fils Jésus de Nazareth. L'important c'est l'amour de Dieu, inséparable de l'amour efficace de son prochain, en référence à l'enseignement et à la conduite de Jésus de Nazareth qui "allait partout faisant le bien".
Les premières communautés chrétiennes sont rapidement persécutées par les juifs puristes, qui les considèrent comme hérétiques, puis par les romains parce qu'ils refusent d'offrir des sacrifices et d'honorer l'empereur comme un Dieu. Trois siècles durant ce seront des arrestations, des tortures et des mises à mort par milliers, suivies de courtes accalmies. Enfin en 313, l'empereur Constantin promulgue l'édit de Milan qui assure la liberté à l'Eglise.
Dès le 2e siècle et dans la "clandestinité", des communautés chrétiennes apparaissent en Gaule romaine par Marseille puis Lyon. C'est de là que viennent les premiers prédicateurs chrétiens en Velay. Saint-Paulien est alors la capitale romaine, les premiers évêques y ont leur siège, transféré au Puy en 590. Nous ignorons pratiquement tout de ces périodes lointaines, constamment soumises pendant des siècles aux "grandes invasions" venues de l'Est, où pillages et massacres sont fréquents.
Avec Charlemagne à partir de l'an 800 environ la paix s'installe peu à peu. L'administration carolingienne fait régner l'ordre et une relative tranquillité. On peut envisager la construction d'édifices religieux. La pierre ne manque pas en Velay, les techniques de taille se sont améliorées, on va dorénavant construire en pierres, abandonnant le bois trop inflammable. Partout surgissent: châteaux, églises, monastères, maisons particulières.
En 934, Godescalc abbé du Monastier-sur-Gazeille (Haute Loire) devient évêque du Puy. Très cultivé il donne une impulsion considérable à la vie religieuse de l'époque. Avec lui commence la construction de la cathédrale et de saint Michel d'Aiguilhe.
Le premier il fait le voyage à saint Jacques de Compostelle et rapporte d'Espagne des "idées" sur les constructions religieuses. Il meurt en 962, mais l'impulsion est donnée, elle ne s'arrêtera plus.
C'est vers cette époque, qu'on décide la mise en chantier, sur la plate-forme de Polignac, de la chapelle du château dédiée à Saint-Andéol. Ses fondations mises à jour par les fouilles de 1924, nous renseignent quelque peu sur cette construction: 24 mètres de long et 3,5 de large.
Il est vraisemblable qu'une deuxième chapelle fut aussi construite à l'extérieur de l'enceinte du château pour la population vivant autour.
Les prêtres desservants étaient à cette époque souvent des moines des monastères voisins. Le vicomte Armand III de Polignac fait appel à des moines de Pébrac près de Chanteuges, abbaye fondée vers 1050 par Pierre de Chavanon. Ils seront les desservants de Polignac jusqu'à la révolution de 1789.
L'EGLISE DE POLIGNAC
Superbe église romane, située au coeur du village, au pied de la forteresse. Son choeur du XIIème siècle comporte des fresques médiévales.
Classée monument historique en 1902.
L'existence de l'église de Polignac est attestée dès 1062.
Des chanoines y célèbrent la messe, jusqu'à ce que le vicomte de Polignac s'en empare.
En 1228, l'évêque rétablit l'ordre des choses.
En 1588, l'église est cédée sous la contrainte au Collège des Jésuites et retrocédée en 1597.
Mais en 1603, le Parlement toulousain confirme les droits des jésuites.
Les villageois refusent alors de payer la dîme jusqu'en juillet 1617, où le Parlement bordelais fait signer une transaction.
L'extérieur
Construite en brèche volcanique et constituée d'une nef de quatre travées aux collatéraux étroits et sans transept, elle est modifiée au 19e par l'adjonction d'une cinquième travée.
Les piles de la nef ont une structure complexe qui leur confèrent une silhouette cruciforme.
L'abside centrale se remarque par sa forme pentagonale à l'extérieur et semi-circulaire à l'intérieur.
L'église actuelle a été construite sur une période assez longue. Nous n'en connaissons pas les étapes avec précision. Le choeur a dû être commencé autour de l'an mil.
La construction des nefs s'est poursuivie au XIe siècle, l'ensemble de l'édifice est terminé au XIIe. L'église primitive ne comportait que deux travées de nef.
Les archives de Pébrac permettent de préciser quelques dates: "... le 25 mars 1128 Humbert d'Albon évêque du Puy, donne à l'abbé Jousserand du Fau, l'église saint Martin de Polignac que le vicomte Armand avait achetée à Pons de Glavenas".
C'est donc près d'un millénaire qui s'écoule entre le début de la construction et nos jours. Souvent les arrêts dans la construction, les changements de plans, les incendies et la fureur humaine ont entraîné des variations de style, des adjonctions ou suppressions plus ou moins heureuses. Ici on a une remarquable unité de style roman primitif.
Ce qui le caractérise essentiellement c'est l'emploi pour les voûtes et les ouvertures du "plein cintre", c'est-à-dire du demi cercle très régulier. Cette technique a débuté en orient et s'est ensuite répandue grâce aux architectes romains qui l'ont utilisée dans des ouvrages très importants dont quelques-uns font encore notre admiration: amphithéâtres, aqueducs, ponts, bâtiments publics (basiliques).
Polignac a subi au cours des siècles quelques retouches qui n'ont heureusement pas modifié profondément la construction primitive. La plus importante c'est l'allongement de l'église d'une travée de nef en 1874. Côté nord, au XIV siècle, adjonction d'une chapelle gothique et à l'extérieur, côté sud au XVe d'une porte latérale gothique également, protégée par un élégant dais de pierre.
Le porche, construit au début du 16e, fut restauré en 1874 et en partie reconstruit en 1931.
Le clocher primitif, modifié après des destructions dues à la foudre, est heureusement revenu à son aspect primitif. En effet, les spécialistes s'accordent à dire que depuis 1832, il aurait été modifié de manière significative. Le premier étage rectangulaire a été conservé, toutefois le second à l'ornementation plus riche a été remplacé en 1836 par une construction plus quelconque qui soutient la flêche sans grand caractère.
INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE
Dès l'entrée, l'ensemble frappe le visiteur par ses proportions très harmonieuses : 34 mètres de long, 14 de large et 12 m sous voûtes. Celle-ci sont, comme l'ensemble de l'édifice, en pierre de taille, donc très lourdes. Pour les soutenir, deux rangées de quatre piliers massifs en forme de croix. Dans les angles rentrant de ces piliers de fines colonnettes ont été placées pour les alléger agréablement. De part et d'autre de la nef centrale, s'ajoutent deux nefs latérales de même facture, mais de dimensions moindres. Une particularité plutôt rare dans nos régions est la présence d'une coupole au niveau du choeur, au-dessus de l'autel principal. Partant d'une base carrée, l'architecte réunit les quatre piliers par un cintre imposant et coupe les angles par des "trompes ou pendentifs qui lui permettent de passer du carré à l'octogone. Ici, la coupole n'est pas une demi-sphère régulière, mais elle est composée de huit triangles curvilignes qui se rejoignent en un cercle de pierre dans lequel est incrustée une rosace. Cette particularité est unique dans la région.
L'église se termine par l'abside centrale et deux absidioles latérales demi-circulaires surmontées d'une voûte régulière en quart de sphère. (Nous reviendrons sur les fresques remarquables qui l'ornent).
LES CHAPITEAUX
Un groupe d'oeuvres, dont les thèmes sont l'Agneau de Dieu, deux vieillards de l'Apocalypse, trois évangélistes, des lions et un griffon, mérite l'attention des visiteurs.
Ce terme s'applique à l'élément architectural qu'est la colonne. Celle-ci est en principe destinée à remplacer le mur pour soutenir une voûte ou un plafond. Taillée dans la pierre, la colonne est soit "monolithe", soit constituée de plusieurs éléments identiques ou non, superposés. Elle est constituée de trois parties une base canée ou ronde, sur laquelle repose le "fut", qui porte à son sommet le chapiteau. Ce dernier élément épouse l'extrémité du fut et va en s'évasant plus ou moins pour donner la "corbeille", il se termine par une partie élargie, débordant la corbeille et constituant la table ou tailloir, destinée à recevoir les éléments à supporter.
Les artistes grecs ont peu à peu transformé la corbeille très peu décorée à l'origine en une véritable oeuvre d'art où la virtuosité s'est donnée libre cours dans le "style corinthien". Ils ont utilisé pour cela des éléments végétaux : le lotus et surtout l'acanthe.
Le lotus, plante sacrée de l'Orient, a plus ou moins l'allure du nénuphar. Elle pousse en milieu humide, ses feuilles arrondies sont portées par un long pédoncule.
L'acanthe est une sorte de chardon à feuilles parfois très découpées, souvent épineuses et exige une pierre très homogène et de grain fin.
À Polignac le lotus plus ou moins stylisé, est presque partout sur les frises des gros piliers en pierre volcanique, tandis que les vrais chapiteaux des colonnettes sont tous de couleur blanche et l'acanthe domine. La pierre blanche utilisée ici, est une "arkose" venant des carrières de Blavozy, près du Puy. Il s'agit d'une roche granitique, sédimentée dans un lac tertiaire.
À l'acanthe, les sculpteurs du Moyen-Âge ont ajouté, d'autres feuillages présentés de diverses manières soit simples, soit sous forme de rinceaux et d'entrelacs. On trouve aussi des cordelières, des festons et une foule d'ornementations variées.
Les sculptures d'animaux et de personnages humains sont relativement peu nombreuses à Polignac. Ici il ne s'agit plus uniquement de décorations mais de figurations. Les chapiteaux deviennent porteurs de sens, ils se trouvent presque tous sur le côté sud de l'église. Les figurations animales sont surtout utilisées pour représenter les vices ceux de la langue (gourmandise, ivrognerie) y figurent par une curieuse tête humaine pourvue de deux oreilles pointues, et sortant de la bouche, deux serpents, symboles de la calomnie et de la médisance. Sur un autre chapiteau, un taureau furieux, sculpté dans un très bel ovale, symbolise la colère, ailleurs c'est une tête de veau emblème de la sensualité, plus loin un dragon se mord la queue, et un oiseau à allure d'aigle, les ailes entrouvertes semble nourrir ses petits.
Quelques rares scènes se rapportent directement à l'écriture sainte. C'est par exemple "l'agneau" figure du Christ qui s'offre en sacrifice, un vieillard présentant un calice, la main entourée d'un voile, un prédicateur en surplis, bras levé, semble enseigner un fidèle devant lui...
Ces sculptures dont nous ignorons souvent la symbolique précise, devaient être expliquées aux fidèles par les desservants.
LES FRESQUES DE L'ABSIDE
Mises à jour en 1923, restaurées entre 1930-1931.
La plus impressionnante demeure le Jugement Dernier à travers le tableaux de l'Enfer et du Paradis.
Comme complément à la symbolique des chapiteaux, beaucoup d'églises, présentent des peintures murales où sont décrites la vie des saints et les grandes vérités de la foi.
La technique de la fresque, surtout développée en Orient puis en Italie exige un support préparé soigneusement sur lequel on passe un enduit épais. Tandis qu'il est encore "frais" l'artiste trace rapidement les contours de son sujet et applique les couleurs.
Le Jugement dernier : L'Enfer (12ème)
Représenté dans une immense gueule de dragon. Tout autour des diables amènent les damnés. On peut voir évoquées les diverses formes des supplices de l'Enfer.
Le Jugement dernier : Le Ciel (12ème)
St Michel pesant les âmes - l'une descend, elle est réprouvée, l'autre monte : c'est une élue.
Le petit ange la tend à St-Pierre, qui va l'introduire dans le Paradis, composé de 8 rangées d'élus chacun accompagné de son ange gardien.
L'abside de Polignac est occupée toute entière par une grande fresque en partie mutilée représentant, à droite le Paradis et à gauche l'Enfer.
D'après la tradition chrétienne du Moyen-Âge, à la mort l'âme est jugée sur ses bonnes et mauvaises actions, ce jugement est représenté ici sous la forme symbolique de la "pesée des âmes". C'est l'archange saint Michel, chef de tous les anges qui préside. Sa taille, ses grandes ailes et la richesse de ses habits témoignent de l'importance de son rôle. II tient une balance à grand fléau sur les plateaux de laquelle sont placées les âmes de deux défunts symbolisées par deux petits enfants nus. Le plateau de droite s'incline sous le "poids" des fautes et turpitudes du défunt tandis qu'à gauche c'est une âme "allégée par ses bonnes oeuvres". Un petit ange la prend délicatement et la présente à saint Pierre, gardien du Paradis, reconnaissable aux deux clés pendues à son poignet gauche. L'élu entre maintenant par la petite porte du Paradis, en haut de la fresque. Près de la porte, un sablier, inutile désormais, le temps n'existe plus.
Sur fond noir huit ondulations incomplètes représentant des nuages, séparent les rangées de personnages composées alternativement d'anges blancs aux ailes à demi repliées et d'élus habillés de rouge, figure de profil représentant tous les âges de la vie.
Le côté gauche de l'abside est tout entier occupé par la figuration de l'Enfer et des supplices des damnés. Au centre un demi cercle parfait et autour un espace où les personnages sont plus rares et plus grands. Ici le fond est clair et les personnages tous noirs. L'Enfer lui-même est stylisé sous la forme de la gueule grande ouverte d'un monstre hirsute, la narine et l'oeil grand ouvert sont à droite, les dents soigneusement alignées et symétriques occupent le fond du demi cercle. Sur le bord gauche deux diables sont assis et jouent d'une sorte de trompette à allure de serpent. A droite une potence rudimentaire porte quatre damnés, deux hommes et deux femmes pendus au-dessus des flammes. Partout des langues de feu, des diables et des réprouvés. A l'extérieur du demi cercle central d'autres personnages plus grands, des diables saisissant des damnés, les transportant par les pieds, les cheveux, même avec leurs dents, semblent approvisionner la fournaise centrale.
LA FRISE DES ANGES MUSICIENS (14ème)
Postérieure de deux siècles environ à la précédente, elle occupe la totalité de l'abside sous forme d'une bande d'un mètre de large vers le tiers supérieur. La facture est nettement différente. Au fond clair ou noir de la précédente, se substitue ici un fond pourpre semé de douze grandes étoiles. Huit personnages angéliques forment deux groupes bien distincts.
À gauche, le premier ange tient le livre sacré appuyé contre lui, le deuxième ange lit ou chante le texte. Derrière lui le troisième, mains ouvertes, bras demi relevé semble lire par dessus l'épaule du précédent. Il porte sur ses vêtements une sorte de petit mantelet qui s'arrête à la taille.
Les anges suivants, qualifiés "d'anges musiciens" portent un instrument de musique : le premier c'est un rebec, sorte de mandoline à trois cordes, les deux suivants tiennent un orgue portatif à dix tuyaux, le quatrième, un luth à rosace ouvragée et le dernier une harpe.
Ces instruments étaient-ils effectivement joués dans les cérémonies liturgiques solennelles ou s'agit-il d'une allusion au Paradis et aux joies éternelles ?
AUTRE FRESQUE DE L'ABSIDE (15ème)
L'embrasure de la fenêtre de l'abside, est dans un autre registre, particulièrement intéressante.
Du côté gauche, dans un cadre gothique, sur fond blanc, la silhouette en grande partie disparue, d'un personnage, dont seule la tête est restée visible. Une auréole, symbole de sainteté, entoure partiellement le visage. La mitre très simple a dû être ajoutée par la suite, elle déborde partiellement l'auréole. La partie supérieure d'une crosse, sans aucune ornementation, indique qu'il s'agit d'un abbé. Derrière ce personnage, un petit fragment de dessin d'une église ou chapelle romane avec un oculus au-dessous du toit En face de l'abbé mitré, sur l'autre côté de la fenêtre, une construction qui semble être un grand porche roman, toiture avec tuiles en losange et sur la façade une sorte de fenêtre trilobée. Deux petits personnages sortent du portail. Longue robe, petit capuchon et tonsure, indiquent nettement qu'il s'agit de moines. Sur la partie haute de la même fenêtre, un médaillon circulaire, renferme un tableau très foncé qui rappelle étrangement l'entrée du monastère de Pébrac près de Chanteuges. Cette abbaye a été construite par Pierre de Chavanon vers 1050, grâce à l'aide financière du vicomte de Polignac. N'oublions pas que les religieux de Pébrac seront les desservants de Polignac pendant plus de cinq siècles.
Cette partie de fresque, rajoutée sans doute au XVe, serait donc, en même temps qu'un hommage au fondateur, le rappel des liens entre Pébrac et Polignac.
Notons en dessous des fresques de l'abside, la présence d'une rangée de blasons. Les six de gauche sont maintenant illisibles, quant aux trois de droite, un seul porte nettement un chevron brisé. II s'agit sans doute des blasons des abbés de Pébrac ou de généreux donateurs.
FRESQUE DE LA CHAPELLE LATERALE DROITE (14ème)
Ici c'est une fresque très différente des précédentes, tout entière consacrée à la Vierge Marie et au début de la vie terrestre de Jésus-Christ, six scènes successives illustrent cette période.
De gauche à droite:
Première scène : L'ANNONCIATION
L'ange Gabriel vient annoncer à Marie qu'elle sera mère de Dieu par l'action du saint Esprit, représenté par une petite colombe près de l'oreille de la Vierge.
Deuxième scène : LA VISITATION
De Marie à sa cousine Elisabeth qui, déjà âgée et stérile est enceinte du futur Jean-Baptiste.
Troisième scène : LA NATIVITÉ DE JÉSUS
A Bethléem ; Marie se repose sur un lit très simple, la tête sur un oreiller de côté. Elle tient la menotte de Jésus placé, nu sur une sorte d'autel. Au dessus les têtes de l'âne et du boeuf. Au pied du lit Joseph semble méditer sur un événement qui le dépasse.
Quatrième scène : L'ADORATION DES BERGERS
Ils sont deux seulement, le premier tout jeune s'agenouille, suivi par un second plus âgé, avec chevelure abondante et collier de barbe.
Cinquième scène : LA VISITE DES MAGES
Jésus a grandi, il est sur les genoux de Marie et reçoit les hommages des trois "rois" qui lui apportent des présents, l'or, l'encens et la myrrhe dans des sortes de calices ouverts ou fermés.
Le dernier mage "blond et imberbe" pourrait bien être saint Louis, roi de France, ce qui permettrait de dater la fresque vers le milieu du XIIIe siècle.
La dernière scène est pratiquement indéchiffrable maintenant, il s'agissait de la Fuite en Egypte.
Il se dégage de cette fresque une atmosphère de simplicité propre à la méditation.
Notez l'ensemble de la fresque qui a l'allure d'une somptueuse tapisserie accrochée au mur.
LES STATUES
On notera l'absence complète de statues à l'extérieur de l'église à l'exception de deux petites figures humaines souriantes sur une frise extérieure de l'abside.
À l'intérieur de l'église elles sont en nombre très réduit : la plus ancienne de l'église, probablement du XIIIe siècle, est celle de "Sainte Anne aïeule", elle est derrière l'autel dans une niche de protection. Sainte Anne, grand-mère de Jésus, est assise, habillée d'une sorte de guimpe, d'un voile bleu et d'une longue robe brune, sa fille Marie est assise sur ses genoux et tient à son tour son fils Jésus dans la même posture. La statue, haute de 70 centimètres, est en bois. recouvert de teintes polychromes. On note immédiatement qu'elle n'est pas l'oeuvre d'un artiste confirmé mais appartient à "l'art naïf" du moyen-âge.
Deux autres statues, en bois doré, du XVIIe ou XVIII siècle, plus grandes sont placées contre les piliers du chœur : à droite saint Martin patron de l'église, et à gauche une vierge de la primitive église, portant d'une main la palme des martyrs, et de l'autre une griffe de fer instrument de son supplice. On pense qu'il pourrait s'agir de sainte Philomène.
Une autre statue de même facture mais plus petite est placée sur l'autel de l'absidiole nord, c'est une belle vierge accueillante, écrasant le serpent sous ses pieds.
À voir aussi après la porte de la sacristie, une peinture, probablement du XVIIe siècle, peut-être d'inspiration espagnole, représentant la rencontre de Jésus flagellé et couronné d'épines, avec Marie, sa mère dans la nuit de la passion. Une sorte de lanterne éclaire faiblement la scène et en bas à droite, un petit coq s'apprête à chanter, allusion au reniement de Pierre.
Plusieurs croix de procession, certaines en bois doré de belle facture, étaient portées lors des processions par les membres des diverses confréries. Elles sont fixées sur les piliers ou le mur, côté nord.
LES STALLES
Les religieux présents à Polignac étaient astreints à la récitation au choeur de l'office liturgique. Des stalles à trois places étaient disposées à cet effet. Il n'en reste plus malheureusement que la partie arrière.
Les offices, souvent très longs se lisaient ou se chantaient en grande partie debout, en cas de fatigue, il était possible de relever le siège ou miséricorde qui permettait de s'asseoir tout en restant debout. Très souvent le dessous des miséricordes était sculpté de figures humoristiques. C'est le cas ici ou deux figures plantureuses et souriantes les ornent.
L'éclairage de l'église, entièrement refait récemment, comporte huit beaux lustres, les quatre premiers du XVIIIe et les autres du siècle dernier L'ensemble de l'édifice en particulier les voûtes est très bien mis en valeur par une série de projecteurs judicieusement placés.
Les vitraux sont tous relativement récents, la plupart de la fin du siècle dernier. Ils sont l'oeuvre de peintres verriers installés au Puy. Ils représentent plusieurs fois la Vierge Marie, des scènes inspirées de l'évangile ou de la vie des saints. Récemment restaurés, ils ajoutent à l'ensemble de l'édifice un charme particulier et contribuent à accentuer son caractère sacré.