FRANCE, HAUTE-GARONNE, TOULOUSE, BASILIQUE SAINT-SERNIN
Basilique Saint-Sernin
Basilique Saint-Sernin
Au IVeme siècle, l'évêque Hilaire fit rechercher la tombe de Saturnin et bâtir au-dessus un modeste oratoire.
A la fin du même siècle, l'évêqie Silve entreprit la construction d'une somptueuse basilique pour abriter les restes du martyr, achevée par son successeur Exupère au début du Vème siècle.
Elle fut remplacée par l'immense église, consacrée en 1096 par le pape Urbain II.
Parmi les 8 portails monumentaux de ce chef-d'oeuvre de l'art roman, l'entrée privilégiée a toujours été celle à laquelle aboutit la rue du Taur, la porte Miègeville (qui fait face au milieu de la ville), ornée de sculptures romanes réputées.
Une basilique dédiée à un évêque, étape majeure du pèlerinage de Compostelle.
La basilique Saint-Sernin est placée sous le vocable d'un saint martyr, Saturnin, le premier évêque et martyr de Toulouse, dans la première moitié du IIIe siècle. En 250, il mourut traîné par un taureau que l'on destinait à un sacrifice, devant le temple du forum (l'actuelle place Esquirol). La rue du Taur et l'église Notre-Dame du Taur commémorent le parcours sanglant et la mort de saint Saturnin.
Une modeste basilique fut érigée au Ve siècle, au dessus de sa sépulture (le nom de Saint-Sernin est une transposition occitane de Saturnin). L'exceptionnelle popularité du martyr toulousain contribua vite à l'afflux des pèlerins. La communauté de chanoines qui assurait la garde des reliques se vit contrainte de voir très grand pour mieux accueillir les pèlerins. Ainsi fut élevée au XIe siècle la basilique actuelle. L'essor du pèlerinage de Compostelle ne tarda pas à faire de Toulouse une étape incontournable. L'autel, le chevet et le transept furent consacrés en 1096 par le pape Urbain II. Mais la construction se poursuivit tout au long du XIIe siècle. Les constructeurs utilisèrent d'abord la pierre et la brique jusqu'à la hauteur des tribunes. Mais la cherté de la pierre les contraignit à n'utiliser que la brique dans les parties hautes de l'édifice. Un magnifique cloître et une importante abbaye flanquaient le nord de la basilique. Tout fut rasé au cours des premières années du XIXe siècle. Le musée des augustins recueillit alors une partie des sculptures. Vers le milieu du XIXe siècle, l'architecte Viollet-le-Duc réalisa une longue série de restaurations. Elles furent reprises par le service des monuments Historiques entre 1968 et 1998.
Visite
Il est préférable de commencer la visite à l'extérieur et par le chevet. Il est dominé par un imposant clocher octogonal à cinq niveaux d'arcs. Une admirable harmonie se dégage de l'étagement des masses : les cinq chapelles ouvrant sur les bras du transept... et la ligne continue des fenêtres des tribunes. Dirigeons-nous vers le croisillon sud du transept.
Le double portail formant la "porte des comtes" présente un ensemble de chapiteaux caractéristiques des premiers balbutiements de la sculpture romane.
En allant de la droite vers la gauche nous reconnaissons sur les deux premiers chapiteaux la parabole de Lazare et du riche (Luc 16 19-31).
Sur le troisième chapiteau, un homme est assis entre deux monstres dévorant sa tête.
Le dernier chapiteau de la porte de droite et le premier de la porte de gauche sont identiques et représentent un personnage central, les bras levés soutenus par deux hommes.
Les trois autres chapiteaux du portail de gauche sont consacrés aux supplices infernaux.
Avançons-nous jusqu'à la porte Miégeville qui donne accès à la nef de la basilique. Elle est précédée d'une porte Renaissance, seul vestige de l'enceinte qui entourait autrefois l'abbaye. Le tympan de la porte Miègeville a pour thème l'ascension du Christ au milieu des anges. Au linteau, les apôtres lèvent la tête vers le ciel. De part et d'autre du tympan apparaissent deux hauts reliefs : à gauche, saint Jacques ; à droite, saint Pierre.
Les chapiteaux représentent, de droite à gauche : des lions emprisonnés dans des lianes ; Adam et Éve chassés du paradis ; l'Annonciation et la Visitation ; le massacre des Saints Innocents. Continuons jusqu'aux portes occidentales dont les chapiteaux sont ornés de lions enfermés dans des végétaux, et aussi de figures simiesques grimaçant dans une étrange forêt.
Franchissons maintenant le narthex pour admirer la beauté de la nef. L'ampleur du vaisseau est absolument saisissante. Flanqué de doubles collatéraux qui lui donnent une largeur totale de 32 m 50, il se développe sur une longueur de douze travées.
La voûte en plein cintre, raidie par les arcs doubleaux retombant sur des demi-colonnes engagées, est contrebutée latéralement par les voûtes en quart de cercle des tribunes.
Mais cette force tranquille qui pacifie le visiteur de la maison de Dieu n'est pas le résultat du seul jeu abstrait de l'équerre et du compas. Elle résulte aussi du merveilleux travail de plusieurs générations de sculpteurs, de peintres, d'orfèvres et d'ébénistes que nous allons peu à peu découvrir au fil de notre visite.
Laissant devant nous les stalles des chanoines (XVIIIe siècle) nous tournerons nos pas vers la gauche et pénétrerons dans le croisillon nord du transept. Les travaux de décapage intérieur (2eme moitié du XXe siècle) ont permis la découverte de fresques romanes d'un intérêt tout à fait exceptionnel.
Le choeur, fermé par une grille de fer forgé, a reçu au XVIIIe siècle un décor baroque destiné à glorifier la tombe de saint Saturnin.
Le moulage de l'autel consacré en 1096 par Urbain II permet de se faire une idée de la beauté de l'original situé au centre du carré du transept.
Le parcours du déambulatoire permet d'admirer l'important ensemble de retables, d'armoires et de reliquaires en bois peint et doré disposé entre les cinq chapelles. Sur le mur intérieur du déambulatoire ont été fixés sept bas-reliefs de marbre : un Christ en majesté entouré d'un chérubin et d'un séraphin ; deux apôtres et deux anges. Ils sont de l'atelier de Bernard Gilduin qui signa la table d'autel de 1096. Les cryptes renferment de nombreux reliquaires et plusieurs pièces d'orfèvreries, heureuses rescapées des réquisitions révolutionnaires. On remarquera la belle plastique des six statues d'apôtres en bois polychrome du XIVe siècle.
Jean Rocacher
Grandes dates de la basilique
an 250 : Martyre de Saturnin, premier évêque de Toukouse
début du 5e siècle : Transfert des restes de Saint Saturnin dans une premiere basilique élevée par les évêques Silve et Exupère
début du 9ème siècle : une communauté de chanoines réguliers se constitue auprès de la basilique
vers 1080 : Commencement de la construction de la basilique actuelle sur l'emplacement de l'église du 5ème siècle
24 mai 1096 : Consécration par le Pape Urbain II de la table d'autel sculptée par Bernard Gilduin. Le chanoine Raymond Gayrard dirige le chantier de Saint Sernin.
1118 : Après la mort de Raymond Gayrard, les chanoines édifient le cloître et les batirnents conventuels
1258 — 1285 : Construction du baldaquin gothique et élévation du tombeau de Saint Saturnin
autour de 1300 : Achèvement des voûtes de la nef, agrandissement de la crypte, surélévation du clocher
début du 16ème siècle : Peinture du choeur
17ème siècle : Mise en place des retables et des armoires à reliques dans le déambulatoire et les chapelles rayonnantes. Construction de l'orgue et des stalles
18ème siècle : Nouvelle élévation du tombeau de saint Saturnin sous un baldaquin baroque
19ème siècle : Restauration générale menée par Viollet-le-Duc. Reconstruction de l'orgue de Delaunay par la maison Daublaine-Callinet (1845) puis par Aristide Cavaillé-Coll, qui livre en 1889 un chef d'oeuvre de la facture d'orgue française.
1960-1980 : Restaurations intérieures (suppression des enduits, découverte des peintures murales, rétablissement du Tour des corps saints).
fin du 20ème siècle : Restauration extérieure menée par Yves Boiret. Restauration des mirandes et des toitures saillantes.
Une impressionnante unité d'oeuvre
Les travaux s'étalèrent de 1070 au XVIe siècle, et pourtant, jamais on n'acheva les tours occidentales. L'édifice est d'une parfaite cohérence, puisque les constructeurs respectèrent le projet initial bien au-delà de la période romane.
Par sa structure, Saint-Sernin appartient à la famille des églises dites "à reliques et à pèlerinages" : vaste nef flanquée de collatéraux, large transept saillant, choeur profond entouré d'un déambulatoire avec chapelles rayonnantes.
Longue de 115 m et large de 64 m (à la hauteur du transept), Saint-Sernin reste la plus grande église romane du monde encore debout... et sans doute la plus belle.
Son clocher, de plan octogonal, révèle deux étapes de construction : une étape romane reconnaissable à ses trois niveaux d'ouvertures en plein cintre ; une étape gothique avec ses deux niveaux d'ouvertures en "arc en mitre", surmontés d'une flèche sommée d'une croix dominant l'édifice à 65 m.
Le transept était accessible par chacun des croisillons. Seul a été conservé le double portail du croisillon sud appelé "porte des comtes" à cause de l'enfeu des comtes de Toulouse qui le flanque.
La porte Miègeville ouvre sur le flanc sud de la basilique. La porte restaurée, sur le flanc nord donnait accès, autrefois, au cloître de l'abbaye. Sur la façade ouest, le corps central comprend un double portait surmonté de cinq arcs et d'une grande rose qui aurait dû recevoir un remplage gothique si le massif occidental avait été achevé.
Sarcophage paléochrétien dit du Comte de Toulouse Guillaume Taillefer
Fin du IVe siecle ou Ve siècle après J.-C.
Provient de l'enfeu aménagé à gauche de la Porte des Comtes de la basilique Saint-Sernin où il a été remplacé par un moulage.
Dans ce sarcophage ont en fait été retrouvés les restes de plusieurs personnes qui ont vécu du Xe au XIIe siècle. Une ou plusieurs d'entre elles étaient peut-être des comtes de Toulouse. Le premier inhumé pourrait être le comte Raimond décédé en 978, père de Guillaume Taillefer.
Leurs dimensions ne concordant pas, la cuve et le couvercle ont appartenu à l'origine à des sarcophages différents. Ils proviennent probablement de la nécropole paléochretienne de Saint-Sernin, comme la plupart des sarcophages présentés dans le sous-sol du musée Saint-Raymond, ou une partie de ce cimetière antique a été mise au jour. Celui-ci s'était développé, dés le IVe siecle, autour du tombeau du martyr Saturnin, inhumé dans ce secteur de Tolouse en 250 après J.-C.
Cuve en marbre blanc à gros cristaux.
Face antérieure : personnages en toge sous des arcs cuspidiens soutenus par des colonnettes torses Il s'agit de la "traditio Legis"; la remise de la Loi nouvelle par le Christ (au centre) à Pierre (à sa gauche) en présence de Paul (à sa droite) et d'autres disciples.
Petit côté de droite : portrait d'un personnage inconnu de profil, dans un médaillon élevé par deux personnages.
Petit côté de gauche : dialogue de deux disciples du Christ (probablement Pierre et Paul) devant le tombeau du Christ.
Couvercle (en marbre gris à gros un cristaux).
Le fronton est divisé en trois compartiments accostés de pilastres. Chacun d'eux est occupé par cinq personnages. Au centre, le Christ explique son message aux Apôtres. De part et d'autre, des disciples conversent. A chaque extrémité, un génie funéraire ailé, portant une torche dirigée vers le bas, symbolise la mort. Les dauphins des petits côtés signifient le voyage des âmes vers l'au-delà.
Saint-Sernin (Porte Miègeville)
Construite vers 1115, la porte Miégeville s'orne d'un des plus anciens tympans sculpté de l'art roman, qui représente l'Ascension du Christ. De part et d'autre sont figurés saint-Pierre et saint-Jacques le Majeur.
Près de la double porte romane située au bras sud du transept, se trouve l'enfeu renfermant les tombeaux des comtes de Toulouse du XIe s.
Le clocher de la basilique Saint-Sernin (XIIe-XIIIe s.) est le plus haut de la ville (67 m.)
Porte Miègeville
Chef-d'œuvre universellement connu de l'art roman, ce portail emprunte son curieux nom — résultat de la francisation de l'occitan mièja vila — à sa situation face à la rue du Taur, celle-ci ayant pris au moyen-âge la suite de la voie médiane de direction sud-nord (cardo maximus) du réseau urbain de Tolosa organisé il y a environ deux mille ans. L'axe antique était devenu l'artère principale de la ville médiévale. Ce portail privilégié de l'immense église Saint-Sernin en constituait l'aboutissement septentrional. Ainsi s'explique également le soin avec lequel il fut conçu et pourvu d'images d'une haute signification qui, souvent, ne nous est pas accessible aujourd'hui.
Les historiens de l'art qui l'ont étudié ne s'accordent pas toujours sur la date de sa réalisation : peu avant 1096, l'année de la consécration de Saint-Sernin par le pape Urbain II ? Au cours de la première ou de la deuxième décennie du XIIe siècle ?
S'ouvrant, sur le flanc méridional de la basilique, dans un avant-corps dont la corniche à modillons existe encore sous un attique moderne qui donne à l'ensemble l'aspect d'un arc de triomphe, ce portail développe aux yeux de tous plus qu'un simple passage introduisant dans l'espace sacré. Il le solennise par ses deux arcs-voussures en plein cintre moulurés, aux multiples retraits, surhaussés au-dessus d'impostes elles-mêmes posées sur des chapiteaux, colonnes et bases qui s'élèvent à partir de socles ébrasés. À cette imposante architecture participent aussi le tympan sculpté, inscrit avec évidence au fond et au centre de toute la composition, et, au premier plan, de part et d'autre de l'archivolte, deux personnages en haut relief qui semblent à la fois assurer la garde du lieu saint et accueillir le fidèle, le pèlerin, le visiteur.
De gauche à droite, les trois premiers chapiteaux racontent le massacre des Innocents, l'Annonciation, la Visitation, l'exclusion d'Ève et Adam du Paradis. Ces sculptures sont empreintes de classicisme et sont le fruit d'un travail précis. Le quatrième chapiteau, orné de lions prisonniers de liens et dont la fougue repousse vers le haut de la corbeille les feuilles et volutes héritées de l'ordre corinthien, relève d'un tout autre art.
C'est celui qui anime, avec autant de puissance et une extraordinaire veine créatrice, la plupart des autres sculptures de la porte Miègeville, et celles encore qui furent élaborées pour les portes occidentales de l'église. Cet art a également produit des oeuvres majeures de la plastique romane en Espagne, surtout à la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Sur le tympan est mise en scène l'Ascension du Christ, accompagné et aidé par des anges au-dessus des nuées. Sous un rinceau de vigne, le linteau porte les douze Apôtres, les saints Pierre et Paul, au centre, étant seuls identifiables. Les yeux vers les cieux, tous assistent avec des mouvements de surprise au prodigieux événement. Aux extrémités, deux anges confirment, en désignant des écrits, le juste accomplissement de la montée du Christ-Dieu, roi du ciel, et annoncent son retour : un message essentiel d'espoir et de salut pour celui qui entre dans l'église. Le linteau est porté par deux consoles latérales où l'on voit, à gauche, le roi David musicien et psalmiste, et, à droite, deux personnages maîtrisant des lions.
Les deux figures plaquées de chaque côté de la porte sont désignées par des inscriptions gravées sur les nimbes : à gauche, l'apôtre Jacques — sans doute le Majeur, vénéré à Compostelle — et, à droite, l'apôtre Pierre, également reconnaissable par les clefs attachées à sa ceinture. Ce dernier, fondateur de la papauté, protectrice de Saint-Sernin, semble couronné par deux anges ; il se dresse au-dessus d'un relief où apparaît Simon le magicien que deux démons essaient péniblement de soulever : une ascension concurrente de celle du Christ, impossible et vainc car tentée avec des moyens diaboliques. Le relief scellé sous saint Jacques, assez énigmatique, montre peut-être, selon une explication récente d'Olivier Testard, le patriarche Abraham et ses deux épouses Sarah et Agar, la première représentant la Nouvelle Alliance, la seconde l'Ancienne Alliance. Plus problématique est la compréhension du couple d'individus pris dans une vigne, au-dessus de Jacques.
Enfin, les modillons de la corniche, traités avec virtuosité, portent les sujets suivants, de la gauche vers la droite : un homme monstrueux accroupi tenant une tête animale à gueule ouverte et langue pendante. une tige à fruits grenus, un fauve cabré, une tête dont la gueule engloutit deux pattes, un buste masculin à chevelure léonine, le buste d'une femme voilée et portant un pendentif, un capridé à toison abondante. un fauve couché. Le sens de la plupart de ces oeuvres, que l'on peut aussi croire simplement ornementales. ne se livre pas facilement.
Avant-Porte de la Renaissance
Histoire et description
Il s'agit de la seule porte conservée parmi les deux qui avaient été édifiées, avec le mur des cimetières qui longeaient l'église Saint-Sernin vers l'est et vers le sud, en 1530-1534. Ces travaux avaient été confiés en 1530 au maçon Jean Barbier, à qui est également due à la taille de la pierre utilisée à la construction de ce portail.
L'on ne connaît pas le nom de l'excellent sculpteur qui réalisa le magnifique décor de cette porte monumentale. Celui-ci s'apparente, par bien des motifs, à celui que Jean du Bernuy fit faire, en 1530-1533, par le maître maçon et sculpteur Louis Privat, dans la première cour de son célèbre hôtel de la Renaissance toulousain.
Avant la restauration du portail sous la direction de Viollet-le-Duc, cet ensemble sculpté avait subi d'importantes dégradations. Les deux tiers inférieurs du décor du tympan sous fronton semi-circulaire avaient disparu et cet architecte les fit restituer en s'inspirant des rinceaux et du sommet du grand candélabre à l'antique sur lequel était axée toute la composition. Dans les écoinçons ménagés de part et d'autre de l'arc de la porte proprement dite, les images sculptées dans les médaillons avaient été martelées. Seul, près de celui de droite, subsiste un vase fleuri de lys qui permet d'identifier le thème représenté par ces médaillons. Dans celui de gauche, l'archange Gabriel adressait sa salutation à la Vierge Marie, disposée dans celui de droite. Ainsi était mise de nouveau en valeur l'Annonciation qui avait déjà été figurée à l'époque romane sur l'un des chapiteaux de la porte Miègeville. Cette annonce de la naissance du Sauveur, initiant toute la foi chrétienne, trouvait naturellement sa place à l'entrée du cimetière et de l'église.
Les autres parties sculptées sont arrivées jusqu'à nous à peu près bien conservées, qu'il s'agisse des deux colonnes latérales où est renouvelé le thème du candélabre végétal, les chapiteaux, les délicats décors de l'intrados de l'arc, des voussures et archivoltes, où se déploie tout le répertoire antiquisant de la Renaissance à Toulouse.
On fera une mention toute spéciale de la splendide frise de grands rinceaux, donnant naissance à deux personnages accostant un cartouche central, dont l'inscription a disparu ou n'a jamais été gravée. De part et d'autre, au-dessus des colonnes et de l'architrave, apparaissent les armoiries de deux familles de capitouls : à gauche celles des Ganelon (« D'or au chevron d'azur chargé de trois croissants d'argent »), à droite celles des Saint-Pierre (« Écartelé aux premier et quatrième de gueules à deux clefs d'or posées en sautoir, l'anneau en bas, aux deuxième et troisième de ... à deux chevrons de ... »). Jean de Saint-Pierre était capitoul en 1531, pendant la construction du portail. Ces deux riches familles agirent en mécènes pour favoriser celle-ci, comme d'autres entreprises artistiques à Saint-Sernin. Ainsi Antoine Ganelon, qui fit mettre son blason sur le portail, soutint-il aussi financièrement la réalisation des peintures du choeur de l'église.
Les chemins de Saint-Jacques
La route du sud
Après la résurrection du Christ, les apôtres, ses discipLes, partirent évangéliser le monde. L'évangélisation de la péninsule ibérique, fut attribuée par la légende à saint Jacques.
Sa sépulture fut miraculeusement découverte vers 820-830 en Galice et les chrétiens d'Espagne firent de saint Jacques le porte drapeau de la reconquête des territoires occupés par les Maures musulmans.
Faire voeu de pèlerinage, c'était se lancer dans une dangereuse aventure avec foi et courage. Les routes suivies étaient jalonnées de lieux sanctifiés par des reliques précieuses ou par des manifestations surnaturelles. Les pèlerins de Compostelle étaient reconnaissables à leur bâton de marche (bourdon) et à la coquille qu'ils accrochaient à leur chapeau.
Venus de toute l'Europe, les chrétiens empruntaient l'un des quatre itinéraires principaux permettant de franchir les Pyrénées pour atteindre Compostelle.
Le plus méridional, partant de la vallée du Rhône, était appelé Via Tolosana à cause du passage obligatoire par Toulouse. Les chemins de pèlerinage ont été déclarés par le Conseil de l'Europe, en 1987, " premier itinéraire culturel européen ".
En 1998, ils ont été inscrits au patrimoine mondial de L'UNESCO sous la forme d'une série de monuments individuels d'une importante signification historique définissant le tracé des routes de pèlerinage en France (déjà l'Espagne avait obtenu en 1993 l'inscription du chemin de Saint-Jacques à partir des cols pyrénéens).
De ce fait la basilique Saint-Sernin est entrée dans le cercle prestigieux des monuments classés par l'UNESCO sur là route la plus méridionale vers Compostelle.