Vers 1350, vivait aux alentours de Lesneven un simple d'esprit nommé Salaûn Ar Foll (Salaün Le Fou) ; il passait ses journées à se balancer à une branche d'arbre (un chêne) en clamant continuellement des louanges à la Vierge Marie et il mendiait son pain de ferme en ferme, répétant inlassablement "Ave Maria! Salaün mangerait bien un morceau de pain !"
Quand il mourut, vers 1358, il fut enterré au pied de son arbre, en plein hiver. Mais quelques jours plus tard, on vit jaillir de sa tombe un beau lys blanc, qui prenait racine dans la bouche de l'innocent. Sur les pétales étaient gravés, en lettres d'or, les mots "Ave Maria". La nouvelle se répandit vite et les gens du pays vinrent en nombre comtempler le prodige. On voulut alors bâtir une chapelle sur la tombe de l'"innocent", le "Fou du Bois" (en Breton : Foll Coat).
Depuis lors, ce lieu porte le nom de Ar Fol-goat (ou Foll Coat) (le bois du fou) devenu aujourd'hui ... Le Folgoët.
Achevé en 1442, cet édifice imposant de style gothique flamboyant, reste admirable avec son jubé en dentelle de granit, son porche, son élégante statuaire médiévale et ses ses flèches dont l'une culmine à 53 mètres.
Origines
La Basilique du FOLGOËT a été construite à la fin du XIVe siècle et au début du XVe siècle, en l'honneur de la Sainte Vierge, qui, en ce lieu, avait manifesté sa bonté à l'égard d'un de ses dévots serviteurs.
L'idée de construire une église en l'honneur de la Vierge fut accueillie avec enthousiasme aussi bien par les gens du peuple que par les grandes familles de Bretagne.
Le Duc de Bretagne, JEAN V, en fut le principal bienfaiteur : une inscription latine sur une pierre du portail Ouest nous apprend que "Jean, illustre Duc des Bretons, fonda le présent collège en l'an de grâce 1423".
L'Église "collégiale" du Folgoët est devenue "paroissiale" en 1829.
Anne de Bretagne y vint plusieurs fois.
Description intérieure
(les numéros renvoient au plan)
D'entrée, les yeux du visiteur sont attirés par le JUBE (10), magnifique tribune de pierre sculptée. Cette merveille de légèreté repose sur trois arcades que soutiennent quatre colonnes minces et légères. C'est une véritable dentelle de pierre aux motifs les plus variés : feuilles, fleurs, insectes, petits animaux.
Les AUTELS sont en pierre de Kersanton, finement travaillée. On remarquera :
- L'autel du ROSAIRE (1). Au-dessus de cet autel le VITRAIL représente la Sainte Vierge portant l'enfant Jésus remettant le scapulaire à Saint Simon Stock, et près de lui, Sainte Thérèse d'Avila.
- Le MAITRE-AUTEL (2), aux dimensions imposantes (plus de 4 mètres) avec ses 14 arcades, sa guirlande de vigne et de feuilles d'acanthe. Sur le VITRAIL, la Sainte Vierge remet le Rosaire à Saint Dominique (accompagné de Saint Vincent Ferrier et de Sainte Catherine de Sienne), et Salaün se balance sur son arbre. Les médaillons de ce vitrail représentent les 15 mystères du Rosaire.
- L'autel en bois sculpté (3) d'origine plus récente (1863), ne présente aucune originalité.
- L'autel des ANGES (4), dans ses arcades, représente une série d'angelots en robe longue et à la chevelure abondante et frisée. Sur le VITRAIL, Pie IX, entouré de Cardinaux et d'évêques, proclame le dogme de l'Immaculée Conception.
- L'autel du Cardinal de Coetivy (5) repose sur 3 colonnes surmontées de gracieuses arcatures trilobées à festons, portant des feuilles à leur pointe. Au-dessus de l'autel, la Sainte Vierge apparaît à SALAUN. Tout autour, des scènes de la vie de Salaün ar Foll.
Le VITRAIL du Transept, de 1889, reproduit le portrait des personnages qui assistèrent au couronnement de N.D. du Folgoët en 1888.
Les Vitraux qui ornent les fenêtres des bas-côtés ont été posés en 1954.
Le visiteur remarquera une des singularités du Folgoët : de nombreuses niches à burettes, chacune pourvue d'une étagère de pierre et percée d'une excavation conique. Celle située à droite du Maître-Autel a des dimensions inusitées qui lui donnent les allures d'un monument indépendant. (La statue de N.D. du Folgoët y est exposée durant l'année).
Les STATUES : En partant de la gauche du Vitrail du Transept on remarquera successivement les statues de Saint Jean, de Sainte Catherine d'Alexandrie, de Sainte Jeanne d'Arc, de Sainte Marguerite, et un autre Saint Jean.
Au-dessus de ces statues, un tableau représente le miracle du lys.
La statue en Bois de NOTRE-DAME du Folgoët date de 1660, de style Renaissance Italienne ; elle a remplacé durant près de 200 ans la Statue en granit.
La visite se termine devant la Statue de NOTRE-DAME, elle est en pierre de Kersanton, de teinte foncée (d'où l'appellation de "Vierge Noire") ; la couronne royale taillée à même la pierre, la longue chevelure qui encadre le doux visage semblent indiquer que la statue est contemporaine de l'église.
(Pour continuer la visite, vous pouvez sortir par le portail du fond et remarquer au passage la Chaire en chêne sculpté et admirer la Rosace du fond. On y distingue Le Duc Jean V, le Cardinal de Coetivy, la Reine Anne de Bretagne, et l'Évêque De La Rue).
Description extérieure
La façade OUEST comporte deux tours de style différent. (Noter les colonnes ioniques de la tour sud, tour restée inachevée pour des raisons inconnues).
La Tour Nord, avec ses contreforts surmontés de pinacles, sa première galerie à quatre arcades en plein cintre, ses longues baies étroites, et surtout la seconde galerie à deux étages d'où jaillit la flèche octogonale à crochets, est un pur chef-d'oeuvre de robuste élégance (hauteur : 53 m.).
Au tympan qui surmonte les portes d'entrée (11), on remarquera un bas-relief représentant l'adoration des Mages : La Vierge y est représentée couchée, détail inhabituel dans l'art occidental.
En partant du portail Ouest (11) et en tournant vers le Sud, on rencontre une série de statues médiévales intéressantes : Saint Michel, Saint Yves, séparé du Riche et du Pauvre ; entre ces deux statues : Saint Eloi ; puis Saint François d'Assise, deux "Ecce Homo", cinq Évêques, une pieta, une Sainte Marguerite et un Saint Christophe de part et d'autre de l'entrée du Porche des Apôtres.
LE PORCHE DES APOTRES (8) est une des merveilles de la Basilique. Des guirlandes admirablement sculptées et malheureusement mutilées encadrent l'entrée. Les statues des Apôtres (ils sont treize avec St-PAUL) sont nobles, majestueuses ; les draperies sont variées, un peu collées au corps, et forment dans les retombées, des plis d'une belle élégance. Les dais qui surmontent les Apôtres et surtout les encadrements des portes sont des chefs-d'aeuvre de sculpture.
Continuant le tour de l'église, on remarque :
- Les galeries et balustrades,
- Les couronnements des contreforts,
- Les corniches ornées de feuillages,
- Les encadrements d'anciens blasons,
- Les gargouilles à figures de monstres,
- Au chevet de l'église, la FONTAINE (6) simple et élégante sous son arcade flamboyante que couronne un fleuron. La statue qui la domine est une des plus aimables représentations de la Vierge.