FRANCE, FINISTERE, GUISSENY, EGLISE



Eglise et enclos paroissial de Guissény, Finistère, France

Eglise et enclos paroissial de Guissény, Finistère, France
Pays des Abers - Côte des Légendes - Commune de Guissény

Message spirituel des enclos paroissiaux en Bretagne

L'enclos paroissial à taille humaine - au coeur du village - plus accessible que les cathédrales, concentre la vie religieuse, sociale, économique de tout un peuple qui par son savoir-faire chante l'Amour de son Dieu.
Art de la tendresse, du rire, du passage - la force de l'art breton est de faire intégrer tous les contrastes : sur le visage de la Vierge des larmes de pierre expriment la douleur d'une mère. Ici le cimetière n'a pas été déplacé. Dans l'antique esprit celte on ne sépare pas le monde des morts du monde des vivants. Ce patrimoine est et restera notre héritage, notre mémoire, notre souvenir gravé dans le marbre des tombes.
Les fidèles par un bref salut songent à ceux qui les ont précédés. La mort fait partie de la vie.
Dans ce décor, les cloches - glas ou gai carillon - chantent tour à tour la joie, l'amour, la tristesse, l'angélus s'y ajoute matin et soir rythmant nos journées.
Dans un enclos tout est message sculpté dans une pierre qui n'est pas muette - mais Bible de pierre et de verre.
"Pays du bout du monde
Le granit est ta pierre
Taillé par tes enfants
A l'âme noble et fière..."
S et M Rives


L'enclos paroissial de Guissény

Guisseny, Eglise, Enclos paroissial, Schema.jpg
Guisseny, Eglise, Enclos paroissial, Schema.jpg

L'enclos paroissial est un ensemble architectural spécifiquement breton, de caractère religieux, au centre d'une agglomération humaine. L'accès en est l'entrée monumentale flanquée de chaque côté d'un échalier, d'un mur d'enceinte, fleuri été et hiver, l'église, le cimetière, l'ossuaire, aujourd'hui chapelle de l'Immaculée Conception, les tombes et les 2 calvaires orientés à l'ouest symbolisant le couchant, le paradis. L'église de forme harmonieuse, orientée à l'est, le levant, Jérusalem, la lumière du Christ, a 2 porches, une tour ajourée à 2 étages, avec la particularité d'avoir des cloches orientées nord-sud, des crossettes (lions), des gargouilles. Dans le porche nord, la statue de Saint Sezny regarde Porthleven-Sithney, ville jumelée avec Guissény.

Guissény a conservé son enclos paroissial entouré d'un mur, originellement d'une belle maçonnerie terminée par un rang de pierres taillées en doucine mais malheureusement mal rénové à certains endroits. Si l'entrée principale ne possède pas l'arc de triomphe des grands enclos du Haut-Léon, elle dispose tout de même de trois ouvertures encadrées par quatre piliers moulurés, couronnés de petites croix dont le socle est garni de boules. L'enclos comportait quatre entrées dont certaines barrées par l'échalier qui le protégeait de l'intrusion des animaux. L'intérieur de l'enclos contient tous les éléments traditionnels : l'église entourée du cimetière, l'ancien ossuaire devenu chapelle de l'Immaculée-Conception et deux calvaires.

L'EGLISE

Guisseny, Eglise, Clocher (4).jpg
Guisseny, Eglise, Clocher (4).jpg

L'église Saint-Sezni (XVIIIème siècle) est flanquée au nord-ouest du clocher, l'édifice religieux comprend une nef de quatre travées au nord et cinq travées au sud, avec, au droit des dernières, deux ailes formant faux transept. Le choeur de deux travées avec bas-côtés est terminé par une abside profonde à chevet droit. Au nord et au sud se trouvent deux porches. Le clocher est à deux étages de cloches et à deux galeries, amorti par une flèche cantonnée de quatre clochetons.
L'église actuelle a été reconstruite en 1721, sauf les porches nord et sud. Flanquée au nord-ouest du clocher, elle comprend une nef de quatre travées au nord et de cinq travées au sud avec deux ailes formant faux transept, puis un choeur de deux travées avec bas-côtés, terminé par un chevet plat. Deux porches portant des dates, 1735 au nord et 1637 au sud. Le marché de la tour fut passé en 1700 avec Pierre Tréguer, architecte, à condition qu'elle soit semblable à celle de Ploudaniel jusqu'aux guérites : un clocher à deux étages de cloches et deux galeries, amorti par une haute flèche cantonnée de quatre clochetons, fut restauré aussitôt. Les cloches sonnent du nord au sud. Cette originalité s'expliquerait par la participation au financement des seigneurs de Penmarc'h et de Kergoniou qui voulaient mieux les entendre de leurs manoirs. La tour est posée sur le côté nord de l'édifice.

LE CIMETIERE

Le cimetière, cité des morts, est séparé du monde des vivants par un muret et des échaliers. La porte monumentale, normalement située au sud de l'enclos, est ici placée au nord, du côté du bourg.
C'est à partir de la fin du XVIIè siècle que l'interdiction d'inhumer à l'intérieur des églises et des chapelles a entraîné l'installation d'un cimetière extérieur, autour de l'église. Cela ne s'est pas fait facilement en Bretagne où il fallut deux arrêts du Parlement de Rennes en 1719 et 1754 pour imposer la décision royale. La construction de calvaires assura la présence divine au milieu du domaine des morts ét l'ossuaire devint une chapelle funéraire.
Dans la dernière partie du XIXè siècle, la question du transfert du cimetière agite la vie de la commune : en 1873, le maire commence à prévoir l'acquisition d'un terrain pour transférer hors de l'enclos le cimetière parce qu'il est devenu insuffisant (il « suffit à peine aux besoins des inhumations ») et qu'il faut agrandir l'église paroissiale (« agrandissement qui prendra beaucoup du cimetière actuel »). Mais le conseil fait remarquer que « la translation du cimetière hors du bourg répugne aux habitudes prises par la population parce qu'elle n'aurait plus les mêmes facilités pour prier sur les tombes de ses parents » et « la translation du cimetière exigerait dans les conditions de haut prix des terres environnant le bourg de Guissény une somme supérieure aux ressources dont la commune peut disposer ». Il préfère donc une autre solution : l'agrandissement du cimetière existant vers le Sud où il est possible d'acquérir un terrain.
La mobilisation de la population a donc permis de conserver le cimetière autour de l'église dans l'enclos. Mais, même s'il a été agrandi, la gestion des inhumations n'est pas facile : le 19 juin 1920, « le conseil, considérant l'état déplorable dans lequel se trouve le cimetière, décide de faire aligner les tombes et de vendre des concessions dont le prix sera fixé ultérieurement. Une partie du cimetière sera réservée pour des concessions gratuites à l'usage des indigents. Chaque famille ne pourra avoir plus de trois tombes ». Et l'année suivante, le conseil refuse une demande de construction d'un caveau faite par un particulier, « considérant que le cimetière communal n'est pas assez spacieux pour la construction de caveaux ».
C'est au début des années 1990 qu'un nouvel agrandissement du cimetière a été réalisé au sud pour installer des caveaux et reprendre la mise en ordre des tombes ; une deuxième tranche a suivi quelques années plus tard.

LA CHAPELLE DE L'IMMACULEE CONCEPTION

Guisseny, Eglise, Chapelle de l'immaculee conception.jpg
Guisseny, Eglise, Chapelle de l'immaculee conception.jpg

La chapelle de l'Immaculée Conception est l'ancien ossuaire, reconstruit en 1743 avec aménagement d'un étage pour faire un local pour les « petites écoles », organisées par le clergé paroissial. Elle a été restaurée en 1854 et porte l'inscription : CORENTIN LE ROY . GOUVERNEUR . 1743. La chapelle abrite un magnifique retable du XVIIème siècle que l'humidité et les vers dégradaient sérieusement. Elle renferme aussi des statues de bois polychrome : Sainte Anne, Saint Yves et Saint Sezny. La restauration a été décidée en 1983.
Le bâtiment avait été reconstruit, en vertu de la permission de l'évêque du 11 juillet 1743, sur les plans de François Tréguier, architecte, qui perçut 369 livres 9 sols pour son travail. Collaborèrent à la construction : Michel Perrot et son fils, tailleurs de pierres, Vincent Le Tinevez, maître-charpentier, Michelot, vitrier... Une restauration a été effectuée en 1854, puis à l'époque du recteur Simon qui en dit : « la chapelle du cimetière, dédiée à sainte Anne, sert surtout pour le catéchisme, pour les réunions du Tiers-Ordre et des Enfants de Marie. Elle avait besoin de réparations, et j'ai profité de la présence des ouvriers qui ont travaillé sur l'église pour faire le strict nécessaire... ».
Le retable est un ouvrage baroque, donnant une vision idyllique du paradis. Des guirlandes de fleurs et des têtes d'anges entourent un tabernacle orné d'un ostensoir, et deux médaillons contenant de curieux portraits : ceux d'un seigneur en perruque et d'une femme en voile, peut-être les donateurs du retable. De chaque côté, sont placés deux angelots du XVIIIème siècle. Il est possible que ce soit l'ancien retable de l'église paroissiale, remplacé par celui réalisé par Louis Magado, à partir de 1760, pour l'autel du Rosaire. La restauration du retable a été réalisée par André Miossec, de Landerneau, un doreur à la feuille, établi à Plougastel-Daoulas.

LES CALVAIRES

Guisseny, Eglise, Enclos paroissial, Calvaire Est (dessin).jpg
Guisseny, Eglise, Enclos paroissial, Calvaire Est (dessin).jpg

Le Calvaire Est, daté de la fin du XVè siècle, est formé d'un fût rond qui repose sur un socle de quatre degrés à corniche.
Le croisillon à quatre bras est orné de masques en dessous des statues de quatre apôtres (Pierre, Paul, André et Jean).
La croix centrale à fleurons porte le crucifix d'un côté et une Vierge à l'Enfant au revers.

Guisseny, Eglise, Enclos paroissial, Calvaire Sud (dessin).jpg
Guisseny, Eglise, Enclos paroissial, Calvaire Sud (dessin).jpg

Le Calvaire Sud a pour origine l'ancienne croix de Saint-Yves transportée au bourg pour devenir la Croix de Mission de 1920.
Haute de 5,50 m, avec trois degrés de plan circulaire avec une corniche, un socle cubique (inscription : Mission 1920), un fût rond et un croisillon à quatre bras : une mater dolorosa, Jean, Yves et un évêque ; des masques ornent le culot des consoles, une croix à fleurons-boules et un crucifix avec le Christ aux liens au revers.

Guisseny, Eglise, Enclos paroissial, Monument aux morts (dessin).jpg
Guisseny, Eglise, Enclos paroissial, Monument aux morts (dessin).jpg

Le monument aux morts de 3,50 m de haut, en kersanton, dans l'angle nord-est de l'enclos, a été construit vers 1920 par le sculpteur Donnart, de Landerneau. Le petit enclos était, à l'origine, délimité par des obus pour tenir les chaînes.
Le socle élevé à corniche porte l'inscription 1914-1918 et la liste des victimes de la guerre. Il est surmonté d'une croix à branches rondes, fleurons et crucifix. La liste des victimes de la 2nde Guerre mondiale, des guerres d'Indochine et d'Algérie a été rajoutée ensuite.

La légende de Guissény

La fondation de Guissény remonte à 477 quand Saint Sezny, prélat irlandais accosta, avec 70 de ses disciples à Pors Huel dans la Baie de Treisseni. La légende dit qu'il cherchait un lieu pour construire son monastère. Il fit le choix de l'endroit le plus propice en jetant son marteau qui tomba au milieu d'un champ de lin en fleur. Selon les écrits, Saint Sezny mourut à l'âge vénérable de 127 ans, regretté par ses fidèles disciples et ses patoissiens. Après sa mort, des Irlandais qui avaient entendu parler de ses miracles, vinrent à Guissény pour voler son corps et le ramener dans son évéché d'origine. Les cloches du village se mirent à sonner, avertissant la population de ce qui venait de se produire. Dans leur fuite précipitée, les voleurs perdirent un os du bras de Saint Sezny. Cette relique est maintenant précieusement conservée dans un reliquaire et portée en procession le 3ème dimanche de septembre, jour du pardon de la paroisse.



Voir aussi http://www.infobretagne.com/guisseny.htm


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Guisseny, Eglise & Calvaire
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Guisseny, Eglise, Autel
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Guisseny, Eglise, Benitier (1)
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Guisseny, Eglise, Benitier (2)
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Guisseny, Eglise, Benitier de pilier (1)
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Guisseny, Eglise, Benitier de pilier (2)
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Guisseny, Eglise, Benitier de pilier (3)
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Guisseny, Eglise, Benitier de pilier (5)
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Guisseny, Eglise, Benitier de pilier (6)
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Guisseny, Eglise, Blason
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Guisseny, Eglise, Chaise avec nom
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Guisseny, Eglise, Chandelier
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Guisseny, Eglise, Chapelle de l'immaculee conception, Autel (1)
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Guisseny, Eglise, Chapelle de l'immaculee conception, Banniere
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Guisseny, Eglise, Chapelle de l'immaculee conception, Benitier
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Guisseny, Eglise, Chapelle de l'immaculee conception, Cheminee
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Guisseny, Eglise, Chapelle de l'immaculee conception, Fenetres exterieures
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