Un très bel exemple de l'expression de la richesse des marchands dans l'architecture.
Elégante façade de la première Renaissance française sur les modèles de Blois et de Chambord (1520) avec ses baies à croisées, pilastres à chapiteaux. Construite sur une ancienne demeure médiévale, elle porte désormais le nom d'Estignard, maire de Périgueux, et appartient aujourd'hui à la ville.
L'entrée sous le porche donne accès à une petite cour intérieure dominée par un pignon aérien aux rampants décorés de choux frisés. Cette cour a été retouchée au XVIIème siècle, une échoppe de tonnelier avait été aménagée d'un coté et prenait jour par une baie sous un arc surbaissé dont la clé est sculptée d'un mascaron. Le tympan de la porte est frappée d'une salamandre, emblème du roi François Ièmer. A l'intérieur un très bel escalier en vis élargie dessert l'immeuble.
La place du Coderc
Jusqu'au début du XIXème siècle, la place du Coderc (couderc en périgourdin : le pré, la pâture) est le centre politique et civil de Périgueux. L'ancien hôtel de ville, ou Consulat, édifié au XIIème siècle, est démoli en 1826 et remplacé en 1833 par des halles conçues par l'architecte Catoire. Acheval sur les paroisses de Saint Front et de Saint Silain, le Consulat se composait d'un corps de logis surmonté d'une tour carrée, équipée au XVème siècle d'une horloge, agrémentée en 1739 d'un couple d'automates : "les Jacquemard". Tribunal, prison, canon, armurerie et pilori symbolisaient la puissance justiciaire des édiles. Dans le puits du Coderc, foré au XIVème siècle, fut jeté Jean Seguin, secrétaire du maire Jean d'Ataux, lors d'une émeute, en 1635. La plantation d'un arbre de la Liberté en 1793, la guillotine de 1800 à 1840, les festivités de Mardi-Gras ou la tenue périodique de marchés émaillent tragiquement ou plus gaiement la longue histoire de cette place. A l'angle de la rue Limogeanne, la maison Lapeyre témoigne de la qualité de l'architecture périgourdine à la fin de la Renaissance. Marguerite de Navarre, première épouse d'Henri IV, y aurait séjourné après son divorce.
La rue de la sagesse
La rue Montozon est rebaptisée rue de la Liberté puis après la Révolution, rue de la Sagesse, peut-être en souvenir d'un philosophe l'ayant habitée. Elle recèle au N°1, dans l'ancien hôtel de Lestrade, un escalier "à la française", chef-d'oeuvre de la Renaissance en Périgord. Inscrits dans un plan carré, ses plafonds sculptés et son décor d'inspiration baroque ont été réalisés dans un calcaire régional blond sous le règne d'Henri II (1547-1559). Les maîtres-d'oeuvres de cet ensemble digne du Val de Loire restent inconnus. Quant à ses bâtisseurs, les monogramme H et S entrelacés dans les bas-reliefs évoquent les anciennes familles du Périgord que sont les Hautefot et les Solminihac. Une réplique moderne de cet escalier a été réalisée à l'hôtel de ville de Brantôme.
Hôtel de Lestrade
ou Maison La Joubertie
Escalier à la "Française" datant du règne de François Ièmer, sur plan carré disposé autour d'un vide central. Les marches portées d'un côté par les murs reposent de l'autre côté sur des arcs moulurés, retombant sur des colonnes galbées aux profils variés.
La richesse se lit dans le travail de la pierre.
Le morceau de bravoure est cependant le plafond voûtant du premier étage. Il comprend trois caissons sculptés. Celui du centre est décoré d'un monogramme. On y lit le H et le S des célèbres familles Hautefort et Solminihac.
La demeure a été retouchée au début du XIXème siècle pour l'ouverture de la rue des Chaînes, du côté de la rue de la Sagesse et du côté du Coderc où un immeuble a été plaqué contre elle.
Maison Lapeyre
Du nom du pharmacien qui l'habitait et y avait son officine. Vèmers 1900, elle était occupée par les deux vitrines d'un bijoutier.
A l'angle on remarque une tourelle en encorbellement percée de baies à meneaux et coiffée d'un toit d'ardoises.
Construite certainement au XVIIème siècle dans le style "Renaissance" par les Duchesne. Le Lieutenant Sénéchal, François Philibert Duchesne, épousa en première noce en 1639, Anne de Thinon, haut magistrat du Présidial de Périgueux.
La maison fut en partie détruite le 6 août 1719 lors d'un incendie et plus tard restaurée par l'architecte Martin Montastier. A cette occasion les façades furent transformées, les baies réduites.
La maison courtois
Les initiales A C, au-dessus de la porte N°7, rappellent le souvenir d'Antoine Courtois, né à Montbéliard, mais dont le nom illustre la gastronomie périgourdine au XVIIIème siècle. Dans les caves voûtées en berceau et dans les cheminées des XVIème et XVIIème siècles de cette sobre deleure, Courtois préparait ses pâtés de perdrix truffés, célèbres à Vèmersailles et dans toutes l'Europe.
Courtois avait un rival : André Noël, né à Périgueux en 1726, cuisinier du roi Frédéric II de Prusse qui célèbre ainsi sa "bombe de Sardanapale" : "Vous êtes un grand héros; tout ce qui est capable de cuisiner dans toutes les cuisines de l'ancien et du nouveau monde doit baisser pavillon devant vous !". Depuis Montaigne prônant dans ses Essais l'union du corps et de l'esprit, "la science de gueule", élevé au rang des Beaux-Arts, est un chemin privilégié de la sagesse périgourdine.