La Roche Goyon tire son nom d'une des plus anciennes familles bretonnes. Une légende affirme qu'un premier château aurait été construit par un Goyon sous Alain Barbe Torte en 937.
Vous pouvez y accéder par deux voies différentes : en venant de Saint-Cast, vous poursuivrez le chemin de randonnée qui, de Port-à-la-Duc jusqu'au fort, vous permettra de longer la baie de la Fresnaye en passant par les petits ports que sont Port Nieux et Port Saint-Géran. A quelques centaines de mètres, au passage de la Pointe de la Sierge, vous découvrirez alors la forteresse.
En venant de l'intérieur du pays et pénétrant dans le petit parc voisinant l'aire de stationnement aménagé pour les visiteurs, vous y accèderez par un chemin de terre ponctué en son sommet par le "Doigt de Gargantua". Ce menhir levé garde l'entrée d'un lieu privilégié : les landes sauvages menant le randonneur jusqu'au cap Fréhel.
Protégé de la mer par des falaises abruptes, et de la terre par deux pont-levis, il a gardé l'essentiel de son architecture d'origine, même si les occupations successives qu'il a connues l'ont régulièrement dégradé. Le second pont-levis a été construit au bout d'une petite esplanade, aujourd'hui fleurie, qui constituait une première défense à découvert.
Cette qualité de conservation et de pittoresque qu'il a su préserver au cours des ans lui a valu d'être le théâtre de plusieurs films et non des moindres : "Les Vikings" et "Les Chouans" en font partie.
L'ouvrage actuel a vu son édification étalée sur les 13ème et 14ème siècle, sur les ruines d'un fort primitif construit en 937 pour défendre l'entrée de la baie par les envahisseurs Normands. Le château actuel fut commencé avant l'apparition du canon en Bretagne (1364) puis poursuivi au gré de la bonne fortune des Goyon dans la deuxième moitié du XIVe siècle.
Il existait en 1379 puisque Du Guesclin envoya un détachement à la Roche qui résista vaillamment.
La forteresse fut confisquée au profit du roi de France Charles V puis restituée à son propriétaire par le traité de Guérande (1381).
Etienne Goyon de Matignon fera construire au 14ème siècle l'imposant donjon qui le domine, point de repère de tous les marins croisant au large, afin d'en compléter la défense pendant la guerre de succession. Auparavant dénommé château de la Roche-Goyon (du nom de la famille à laquelle il appartenait), il prendra le nom actuel, qui est celui du petit village qui y menait, en 1592, mais sera toujours surnommé du nom de ses bâtisseurs jusqu'à la fin du 18ème siècle.
Au cours du XVe siècle, l'ascension sociale des Goyon se poursuivit. Ils figurent aux Etats de Bretagne. Un Goyon, chambellan du duc de Bretagne, épousera l'héritière de la baronnie de Thorigni-sur-Vire. La famille Goyon quitte le berceau breton et passe à l'histoire de France. Le château subit un nouveau siège (1490), anglais cette fois, sans succès pour les envahisseurs.
Le coup de grâce lui fut porté par la Ligue. Le maréchal de Matignon, seigneur et propriétaire du lieu, Jacques II, est un fidèle serviteur d'Henri IV. Une lutte féroce opposa tenants du Roi (appelés loyaux ou royaux) et ligueurs ultra catholiques. Par mesure de représailles, en 1597, un lieutenant du duc de Mercoeur (chef ligueur et gouverneur de Bretagne) nommé Saint-Laurent assiègea et assaillit le château fort. L'artillerie à feu ayant beaucoup progressé, le château fut très endommagé. Seul le donjon résista.
C'est à un château ruiné que s'intéressa le sieur Garengeau, chargé par Vauban de fortifier la côte pour la défense de Saint-Malo. Il sera notamment équipé d'un four à boulets et ses remparts parcourus du chemin de ronde seront encore fortifiés. De 1690 à 1715, le roi de France assurera le coût de restaurations et aménagements, les Goyon-Matignon étant toujours propriétaires des lieux. On lui doit en grande partie l'aspect que nous connaissons aujourd'hui.
En 1715, lors d'une tempête, James III Stuart vint s'y réfugier et trouva le lieu sinistre... Il est vrai qu'il y échoua un vilain soir de novembre.
Le 20 octobre 1715, François-Léonor de Goyon-Matignon épouse Louise-Hippolyte Grimaldi, duchesse de Valentinois, prenant le nom et les armes de son épouse, une obligation de ce mariage. C'est ainsi que les descendants d'une famille devenue princière sur le rocher de Monaco possèdent un peu du sang breton de leur lointain aïeul armoricain ...
Lors de la Révolution Française, le château servit de vigie, on y montait la garde, on y construisit le four à rougir les boulets et on emprisonna même quelques suspects contrerévolutionnaires.
Pendant les Cent-Jours (1815), de jeunes royalistes malouins tentèrent un assaut. Vainement. Ce fut son dernier épisode guerrier.
Au XIXème, il fut peu à peu abandonné, ne répondant plus aux normes de la guerre et l'ennemi était à l'est. Vers 1850, il n'y eut plus qu'un seul gardien. Déclassé par le ministère de la Guerre en 1890, il fut vendu par les Domaines en 1892, puis changera plusieurs fois de mains pour être finalement acheté en 1931 par la famille Jouôn des Longrais. Celle-ci en assure depuis lors un entretien et une mise en valeur constante.
Classé Monument Historique en 1925, restauré depuis 1931, il est ouvert à la visite.
Le donjon, pièce maîtresse d'un ensemble toujours à la merci des vicissitudes du temps, verra ses fondations rocheuses s'ébouler en 1997. Une patiente et périlleuse restauration de celles-ci, ainsi que de la toiture et des mâchicoulis, sera menée en 2004.