FRANCE, AUDE, FONTFROIDE, ABBAYE STE MARIE



Fontfroide

L'abbaye cistercienne de Fontfroide département de l'Aude en Languedoc Roussillon

A 15 km au sud-ouest de Narbonne, nous grimpons dans le massif des Corbières méridionales à la rencontre de l'Abbaye de Fontfroide. Nous marchons sur des sentiers rocailleux, cernés de pins, de cistes, de bruyères. Les cyprès se dressent, longilignes et droits, capables de résister aux coups de vent. Les buis centenaires nous accompagnent jusqu'au sommet de cette crête qui offre une perspective sur les étangs de Bages et les Pyrénées voisines.

Du haut de la crête se dévoilent l'église abbatiale et le cloître de Sainte-Marie de Fontfroide. C'est là, au XIème siècle, que les Moines reçurent des mains du Comte Aymeric II de Narbonne, un territoire. C'est au creux de ce vallon boisé où coule une source froide (font freda en occitan), qu'ils vont édifier leur centre religieux. Le monastère sera suffisamment isolé du monde pour une vie monacale, mais assez proche de la voie domitienne pour favoriser les contacts, développer les échanges. Des siècles durant, il accueillera des pèlerins se rendant à Saint Jacques de Compostelle.
Ces religieux, constructeurs, cultivateurs, charpentiers, menuisiers, bergers, vont prospérer et deviendront une puissance économique régionale dont l'influence irriguera le Languedoc et la Catalogne. Ce trésor architectural de l'art Roman fut enrichi au cours des siècles par les apports de style gothique, puis Renaissance.

Il y a 800 ans, les Moines contemplatifs de Fontfroide devinrent les fervents soldats du Pape Innocent III. Ils furent, lors de la Croisade contre les Albigeois, les défenseurs de l'orthodoxie catholique. Ils luttèrent impitoyablement contre les Cathares du Sud du Royaume de France. Les multiples atrocités qui débutèrent en 1209 par le sac de Béziers restent gravées dans la mémoire collective languedocienne.

Abbés et moines sont partis, il n'y a donc plus de vie religieuse contemplative dans ces lieux, mais l'abbaye de Fontfroide reste la plus visitée de l'Aude. Il fait bon se promener dans la Roseraie et les jardins. Un gîte haut de gamme et un restaurant sont intégrés dans les dépendances. Des expositions et des concerts animent les murs épais et secrets de ce haut lieu cistercien.


C'est dans les premiers contreforts des Corbières, au sud-ouest de Narbonne, qu'est nichée l'ancienne abbaye cistercienne de Fontfroide, au creux d'un vallon sauvage où sourd une eau très froide « fons frigida », sans doute origine toponyme du nom du lieu.
Aujourd'hui encore, au bout du chemin, Fontfroide apparaît comme épargnée par le bruit et la fureur de l'histoire, dans la splendeur de ses proportions et la rigueur de son architecture. C'est l'une des abbayes cisterciennes les plus somptueuses, et la mieux conservée en France.
Située aux portes du pays cathare, Fontfroide est devenue entre les mains des descendants de Gustave Fayet, qui acquit l'abbaye en 1908, un haut lieu touristique accueillant 100.000 visiteurs par an et un intense foyer culturel.

Neuf siècles d'histoire

Fondée en 1093, sur des terres appartenant au vicomte de Narbonne, l'abbaye de Fontfroide s'affilie en 1145 à l'ordre de Cîteaux, lors de la venue de Saint Bernard de Clairvaux en Languedoc. Fontfroide connaît alors une expansion rapide et considérable, les vocations sont nombreuses et les dons affluent. La construction du monastère commence et la communauté essaime en Catalogne pour fonder l'abbaye de Poblet.

Le temps de la splendeur et de la puissance

Au temps de l'hérésie cathare, qui se développe principalement sur les terres voisines du comte de Toulouse, Fontfroide défend l'orthodoxie et deux de ses moines sont même choisis par le pape innocent III pour être ses légats. C'est l'assassinat de l'un d'eux en 1208, Pierre de Castelnau, qui déclenche la croisade contre les albigeois, dont on ne peut comprendre la doctrine sans la comparer à celle de l'église catholique et à la vie austère mais cachée des moines blancs.
La paix revenue, le rayonnement de Fontfroide s'étend à nouveau sur toute la région. L'abbaye, avec ses 25 granges entre Béziers et Perpignan, est l'une des plus riches de l'ordre. Cette richesse provient essentiellement de l'élevage des moutons - le troupeau compte plus de 20 000 têtes qui transhument vers l'Aragon - et du commerce de la laine.
Alors que les ordres contemplatifs connaissent à partir de la fin du XIIIe siècle un déclin relatif à cause de l'attrait pour les ordres mendiants de saint Dominique ou de saint François d'Assise, Fontfroide reste prospère et vigoureuse grâce à la protection de deux de ses anciens pères abbé qui occupent les plus hautes charges de l'église : Arnaud Nouvel, cardinal, chancelier de l'église, légat du Pape au procès des Templiers, puis Jacques Fournier qui devient Pape en 1317 sous le nom de Benoît XII.

Le temps du déclin

Ayant perdu les trois quarts de ses moines à cause de la peste noire en 1348, l'abbaye, tombée en commende en 1476, traverse les siècles avec des embellissements architecturaux jusqu'à la veille de la révolution.
Les derniers moines partis en 1791, l'abbaye ne connaît pas durant la révolution de destructions irrémédiables. Mérimée et Viollet-le-Duc obtiennent dès 1843 le classement de ces bâtiments. En 1858, une communauté de cisterciens venus de Sénanque redonne vie pendant quelques décennies au monastère, mais s'exile en Espagne en 1901, après la loi contre les congrégations religieuses, laissant à nouveau l'abbaye à l'abandon.

Le temps du renouveau

Fontfroide est mise en vente au tribunal de Narbonne en 1908. Le seul acheteur connu est un américain, Gray Barnard, grand amateur d'art qui envisage de transporter le cloître à New- York. Mais l'abbaye est finalement achetée par d'autres amateurs d'art, languedociens, Gustave Fayet et son épouse Madeleine d'Andoque, qui la sauvent d'un démantèlement programmé et la restaurent somptueusement. Ils font alors de Fontfroide, à la veille de la Grande Guerre, un foyer artistique où se retrouvent peintres célèbres et grands musiciens.
Les descendants de Gustave et Madeleine. Fayet, toujours propriétaires, continuent à entretenir et faire vivre l'abbaye.

Un chef d'oeuvre de l'architecture cistercienne

Construite en plusieurs étapes avec des ajouts voulus par les abbés des XVIIe et XVIIIe siècles, Fontfroide offre un ensemble harmonieux dont il se dégage une forte impression d'unité.
Le cloître de la fin du XIIe siècle est, selon Viollet-le-Duc qui visite Fontfroide en 1843, l'un des plus beaux du midi de la France, comme la salle capitulaire dont les voûtes reposent sur quatre colonnes en marbre d'une délicatesse extrême.
L'abbatiale, commencée au milieu du XIIe siècle, est de proportions admirables et d'une pureté harmonieuse qui tend à la perfection, la nef voûtée en berceau brisé élève l'âme, le transept et le choeur voûtés d'ogives appellent la prière. Les fenêtres accueillent les vitraux créés par Richard Burgsthal entre 1912 et 1925, qui irradient la nef selon les heures de bleu, d'orange ou de rouge.
Fontfroide est l'un de ces lieux où les pierres parlent et jouent avec la lumière qui baigne le cloître, caresse les murs aux nuances allant de l'ocre au rose, où règne tant de beautés émouvantes qui invitent à la paix et à la méditation dans une atmosphère de silence et de sérénité que l'on en retient son souffle pour ne pas rompre le mystère.
« Sérieuse dans son berceau des Corbières, synthétisant l'histoire de l'art du XIe au XIVe siècle, elle est, ensoleillée toujours, à la fois impressionnante comme un jugement et calme comme une litanie. " Richard Burgsthal





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Abbaye de Fontfroide - Chapelle de l'Abbatiale tournee vers le Levant
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Abbaye de Fontfroide - Clocher vu depuis le cloitre
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre (01)
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre (02)
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre (03)
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre - Chapiteaux
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre - Gallerie (01)
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre - Gallerie (02)
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre - Gallerie (03)
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre - Plaque sculptee
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre - Voute de la gallerie
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Abbaye de Fontfroide - Cloitre vu depuis la gallerie haute
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Abbaye de Fontfroide - Console
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Abbaye de Fontfroide - Cour du 17eme (01)
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Abbaye de Fontfroide - Cour du 17eme (02)
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Abbaye de Fontfroide - Cour interieure ou Cour de Louis XIV
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Abbaye de Fontfroide - Eglise (01)
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Abbaye de Fontfroide - Eglise (02)
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Abbaye de Fontfroide - Eglise (03)
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Abbaye de Fontfroide - Eglise (04)
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