L'église Saint-Gimer est située dans le quartier de la Barbacane au pied de la cité.
Édifiée au XIXe siècle, de 1854 à 1859, par Viollet-Le-Duc au centre de l'ancienne Barbacane d'Aude, ruinée, qui défendait l'accès au fleuve Aude, détruite pour l'occasion.
La chapelle Saint-Gimer existait dans le quartier avant la construction de l'église. Elle a été érigée au XVIIe siècle sur l’emplacement de la maison natale de saint Gimer, évêque de Carcassonne au début du Xe siècle.
Elle est une des trois églises dessinées par Viollet-le-Duc et devait servir d’annexe à l’ancienne église Saint Gimer (XVIIe s.), désaffectée (58, rue Barbacane).
Un peu d'Histoire
L'église doit son nom à Saint Gimer, évêque de Carcassonne de 902 à 931. Il est connu pour sa charité envers les pauvres. Son enfance fut illustrée par le miracle du pain. En effet, il avait pour habitude de prendre le pain que sa mère faisait ce qui entraînait son courroux. Jusqu'au jour où sa mère a vu s'accroître de manière miraculeuse la quantité de pain quelle venait de pétrir. La tradition rapporte qu'il vendit les biens qu'il tenait de ses parents et en distribua l'argent aux pauvres. Evêque réformateur, il assiste au concile de Narbonne tenu à Barcelone en 906, à ceux de Saint-Thibery, Maguelone et Fontcouverte. C'est saint Gimer qui transféra son siège épiscopal de l'église Sainte Marie du Saint Sauveur à l'église saint Nazaire et Saint Celse. Il fut enterré dans sa cathédrale. Il n'a jamais été oublié des Carcassonnais qui lui ont même dédié une chanson.
L'église primitive
Voisine de l'église actuelle, au sud de la rue Barbacane (n°58), l'église aurait été construite, vers la fin du XIe siècle sur l'emplacement de la maison natale de saint Gimer. Aujourd'hui désaffecté, l'édifice porte au dessus de la porte l'écusson en marbre blanc, aux armes de Mgr de L'Estang, provenant de la démolition du mausolée élevé dans l'église Saint-Nazaire.
L'église actuelle
Son architecture, caractérisée par la vision gothique du célèbre architecte referme le mobilier provenant de l’église primitive.
Elle s’élève dans la Grosse Barbacane (XIIIe s.), ses vestiges permettent de se faire une idée de ses dimensions.
La constitution de la paroisse Saint-Gimer en 1840 et l'érection en succursale de la chapelle fait sentir la nécessité de lui donner une plus grande étendue. Pour cela, on projette de construire à droite et à gauche des bas-côtés et de donner une longueur de 28m au lieu des 18m qu'elle possède actuellement.
Dès 1848, la chapelle menace de s'effondrer. En 1852, la commune et la fabrique abandonnent le projet de reconstruction pour celui de la construction d'une nouvelle église. Elle s'élèvera à l'emplacement de l'ancienne barbacane dont on peut voir les vestiges à l'arrière de l'église. C'est Eugène Viollet Le Duc qui en dessinera les plans.
1852, la construction débute. L'architecte propose de bâtir une église simple, mais fonctionnelle pour 60 000 fr. Dès le début sous la conduite de l'entrepreneur Magné, l'élévation des fondations pose de grandes difficultés, à cause du terrain. En 1854, Eugène Viollet-Le Duc, en butte à des désaccords avec la ville se désengage de la construction et demande à Cals, architecte diocésain, son représentant, de reprendre ses plans.
1857, la ville abandonne la direction de la construction à Mgr de la Bouillerie qui aidé du dynamique abbé Bruel, bataille pour recueillir des fonds et finir la construction.
1859, l'église est achevée sous la direction de son concepteur, Eugène Viollet Le Duc et consacrée le 9 Juin.
Les objets de l'ancienne église ont été transportés dans la nouvelle.
Elle représente pour Eugène Viollet le Duc un exemple simple et fonctionnel d'église paroissiale qui peut servir de modèle. Les plans conservés de la construction soulignent l'attention aux moindres détails en particulier pour la partie décorative : l'autel, la chaire, les chapelles, les supports de bougie et les grilles.
Eugène Viollet Le Duc (1814-1879) est particulièrement connu comme le restaurateur de la Cité de Carcassonne. Attaché à la commission des Monuments Historiques, il est nommé architecte diocésain de l'Aude et accomplit la réhabilitation de la cathédrale Saint Michel et la construction de l'église Saint Gimer. Il a réalisé peu d'églises, mais il montre, ici, comme à la chapelle du Petit Séminaire de Paris un goût pour une architecture adaptée aux fonctions demandées, un souci de technicité et une retenue dans les références historiques. Architecte déjà moderne, il conçoit des édifices pour moins de cent milles francs susceptibles d'être modifiés et de servir de modèle. Le choix du style architectural s'inscrit dans le même ordre d'idée : « l'architecture gothique a tous les avantages, à la fois nationale, rationnelle et logique ». Il a marié les styles gothiques du nord et du sud. L'influence du nord est marquée par la répartition en trois vaisseaux inégaux en hauteur et les colonnettes engagées aux retombées des voûtes, l'influence du sud se caractérise par l'écriture très simple et compacte des volumes extérieurs et l'éclairage de la nef par une série d'oculus.
L'église n'a plus de prêtre résidant depuis 1966 et est desservie actuellement par l'abbé Vaqué. Elle a été restaurée en 1988. Elle est classée en même temps que la Cité (1997) comme Patrimoine Mondial de l'Humanité.
Description :
L'église comprend une nef et deux bas-côtés, précédés d'un chevet à sept côtés. Deux sacristies cantonnent le chevet. Un porche occupe le mur ouest, surmonté d'une tribune où se trouve un orgue. Il est attribué à la maison Puget et daté entre 1860 et 1870. Le buffet néo-gothique est en un seul corps avec 3 platesfaces. Il a éte restauré en 1999.
A voir :
retable (XVII s),
tableaux de J. Gamelin, A. Lautre, et Salières.
OEuvres de Viollet-le-Duc.
Chanson de Saint Gimer
Cant dé san Gimer
Refrain
San Gimer qu'éro un sant'omé
Tretziémé abesqué dé Cioutat,
Prégo Dious per la Barbocano
E per Guillamoumé Soulaïrac.
Les basés qué soun al parterro
Se flouriran aquest'hiber,
Las pourtaren à la capelo
Al serbici dé san Gimer.
I
Salut, bel jour de nostro festo
Entendets bouëtos, carillou,
Cal qué cadum, à l'houro présto
Canté Gimer nostré Patrou.
Toutis anen à sas capellos
D'un cor countent et débouat
Pourten ulléts, rosos nouvelos
Et démandén bouno santat.
II
Gimer fousquet touto sa bido
Un boun amic d'al malhérous
Quant de cops bejet sa ma bido
D'uno pécèto, d'un pa rous ;
Mais un bel jour, jour que prégabo
Dal boun Dious entendet la bouës
A soun aouta Dious l'appelabo
Seignür farei ço que boulet.
III
Bité Gimer mounto la costo
Pér ana bésé Gisléran
Parloun, et l'abesqué riposto
A Gmer tout en l'embrasan ;
« Es l'enfan de la proubidenço
D'intr'a l'escolo de Cioutat,
Le trabal douno la scienço
Déjà poussédès la piétat »
IV
Gimer coupén qué Dious l'appelo
« Adious, Parens, amics aimats,
Per bous farei loungo priéro
Siogeys per Dious toujours zélats ;
Mès Gisléran quitet la terro ;
Calget un abesqué noubel
Gimer déjà sant'omé qu'éro,
Fousquet cargat de soun troupel.
V
Gimer coumo Jésu moudélo,
Proch'el bésio grands et pichous.
Sabio rempli tout'escarcèlo
Et caressa les maînatchous.
Al grand disio : « Faî pénitenço » ;
A l'umblé : « Sios persébérent ;
E tu, ma filho, counfienço ;
Le cel sousten le coumbattent »
VI
Très cops hurouso Barbacano,
Ount és un templ'ancien oustal ;
Bei capelo tan pla mannado,
Hier de Gimer oustal paîral.
Distren per dir'uno priéro ;
Le sant à Dîous la pourtara
Et si Satan nous fa la guerro
Nostré patrou nous défendra.
VII
Grand san Gimer fasen la festo
En té dounan tout nostr'amour ;
E dé boun cor cadun s'apresto
A t'ounoura toujour, toujour.
Oublidès pas la Barbacano
Ount as d'amics tant débouats
E qu'a la fi de cad'annado
Pousqu'en rédiré tas bountats.