La Cité de Carcassonne est un magnifique ensemble d'architecture militaire et religieuse. Il existe nulle part en Europe un ensemble aussi complet et aussi formidable de défense du VIe, XIIe et XIIIe - Basilique Saint-Nazaire (XI-XIVe) - Château Comtal (XIIe). Bref un monument unique au monde, une ville entière du Moyen Age à deux enceintes fortifiées et 52 tours.
L'enceinte
L'enceinte de CARCASSONNE est une des mieux conservées des fortifications des 12e et 13e siècles. La cité établie sur une position stratégique importante domine le cours de l'AUDE. L'enceinte extérieure a 1.500 mètres de long, celle de l'intérieur 1.100 mètres. Elles sont protégées par 52 tours.
Pour n'avoir pas à construire des remparts d'une longueur démesurée, on a économisé le terrain. Comme par ailleurs, tout le monde tenait à se loger à l'abri des murailles, les maisons sont serrées les unes contre les autres (on en construisait même sur les ponts dans certaines villes), les rues étroites : pas de place publique, pas de square, pas un centimètre perdu.
Voici comment TAINE décrit la ville :
« Sur une haute colline rousse, nue, déserte, s'élève la cité flanquée de sa double enceinte de murailles, Tout cela est rude, menaçant et sombre.
« Les gens vivaient ici comme dans une aire, contents de n'être pas tués ; c'était là tout le luxe aux temps féodaux. Les cours sont à deux ou trois étages, chaque étage et chaque cour pouvant être défendus isolément, chaque enceinte exigeant son siège. Ouvertures pour lancer des traits d'arbalètes ; fentes de mâchicoulis pour écraser l'ennemi avec des moellons, percées pour verser le plomb fondu et l'huile bouillante, escaliers trompeurs et sans issue pour engager l'ennemi dans une sorte de puits; où pêle-mêle on l'accablera de traits, salles rondes de ralliements et de corps de garde ; encoches dans la pierre pour insérer les paravents de bois qui garantissent les archers ; l'amas des pierres et la complication des inventions militaires sont étonnants. Il fallait tout cela contre un RICHARD CŒUR DE LION, un DUGUESCLIN qui, couverts de fer, le bouclier sur la tête, avançaient sous les traits et, à coups de hache, défonçaient les portes et frappaient comme des Cyclopes. »
TAINE (Carnets de voyage).
Les fortifications
La Cité, c'est d'abord les trois kilomètres de murailles, et les 52 tours qui constituent les fortifications. Ces chiffres sont impressionnants, mais ils donnent bien la mesure du monument. L'ensemble des fortifications de la Cité représente près de deux mille ans d'histoire de l'architecture militaire, depuis l'époque gallo-romaine jusqu'au début du 20e siècle, quand les derniers travaux de restaurations furent achevés.
La partie la plus ancienne se trouve sur le flanc nord. Il s'agit des tours gallo-romaines, qu'on appelle aussi souvent les tours wisigothiques. Facilement reconnaissables, ces tours sont moins hautes que les autres, souvent en forme de U ou de fer à cheval, et non pas rondes. Elles possèdent de larges ouvertures, adaptées aux armements de l'Antiquité, au tir au javelot en particulier. Certaines de ces ouvertures furent comblées ou réduites à l'époque médiévale, pour ne laisser qu'une mince fente permettant le tir à l'arc ou à l'arbalète, sans être mis en danger par des tirs éventuels d'ennemis. Ces tours ont des toits assez peu pentus, couverts de tuiles romaines.
La majeure partie des remparts date cependant du Moyen-Âge, principalement des 13e et 14e siècle, à l'époque où Carcassonne devient française, et place militaire et stratégique de tout premier plan. La Porte Narbonnaise, entrée principale de la Cité et ses deux hautes tours jumelles, la Tour du Trésau, tout le flanc Est et Sud, une grande partie du Château ainsi que la totalité de la ceinture de rempart extérieure date de l'époque française.
Cette architecture "française" se caractérise principalement par des tours plus hautes, rondes, aux toitures plus pointues, aux murs façonnés en "appareil à bossage", c'est à dire construites en grosses pierres taillées de manière assez régulière et qui ont la particularité de ne pas avoir de surface apparente lisse (d'où le nom de bossage). Les spécialistes se disputent encore sur l'intérêt de ces reliefs sur la surface des blocs de pierre : question de coût (la taille brute sans finition ni lissage coûte moins cher) ? Question d'esthétique (un mur à facettes aurait été plus agréable à regarder...) ? Question de stratégie militaire (un mur lisse facilite la pose d'échelles, ce qui est quasi impossible sur un mur irrégulier, les échelles n'ayant aucune stabilité) ? Peut être la solution se trouve-t-elle dans les trois réponses à la fois...
Le rempart extérieur ne possède quasiment aucune haute tour, mais est composé essentiellement de barbacanes, qui sont des tours semi-circulaires ouvertes, sans toiture. Un ennemi qui aurait réussi à accéder à la première ligne de fortification et à ces barbacanes se serait ainsi retrouvé sans protection aucune, sur des murs et des tours ouvertes vers l'espace intérieur des lices, et donc totalement vulnérable aux tirs des défenseurs postés sur les murailles et tours du rempart intérieur, placé au dessus de lui. Absolument rien n'était laissé au hasard !
"Le joyau de la Cité" (XIe-XIVe). De la cathédrale romane, commencée en 1096 et achevée dans le premier tiers du XIIe siècle, il ne reste aujourd'hui que la nef en berceau brisé, épaulée par deux collatéraux aux voûtes en plein cintre. A la fin du XIII, siècle, un transept et un choeur gothique remplaceront le chevet roman. Saint-Nazaire est un cas de coexistence harmonieuse entre le roman et le gothique. Les roses du transept (XIVe) et les vitraux du choeur des XIVe-XVIe siècles sont les plus beaux du Midi (l'Arbre de Jessé et l'Arbre de Vie du XIVe situés dans les chapelles du chevet sont de véritables chefs d'oeuvre).
On peut encore admirer dans la basilique
- le tombeau de l'Évêque Pierre de Rochefort (XIVe meilleure oeuvre sculptée de cathédrale et celui plus ancien d'un demi-siècle de l'Évêque Radulphe,
- la pierre dite "pierre du siège",
- la pierre tombale d'un chevalier (Simon de Monfort),
- la pierre tombale plus modeste de Sans Morlane, archidiacre, accusé d'hérésie,
- une pieta polychrome du XVIe siècle,
- l'orgue, l'un des plus anciens et des plus importants du Midi de la France (XVIIe et XVIIIe siècles).
Saint-Nazaire a perdu son titre de cathédrale en 1801 au profit de Saint-Michel, église de la ville basse.
Les Lices
Cet espace ouvert entre les 2 enceintes (qui épousait la pente de la colline) fut aplani au XIIIe siècle au moment où on élevait la 2e muraille (accessible par les lices). En parcourant cette zone, il est possible de revivre en pensée vingt siècles d'histoire et de juger les différents caractères de l'architecture militaire.
Les lices basses : de la porte Narbonnaise à la Porte d'Aude à droite après le Pont-levis (500 m environ). La raison de commencer par là est que, rapidement on se trouvera en face de l'ancienne muraille du Bas Empire (Ive) caractérisée par un parement de petit appareil (pierres de petite tailles) souvent interrompu par des chaînages de briques. Les tours plates, coté ville, ont une avancée en demi-cercle, côté campagne, la partie inférieure est pleine, l'étage possède des fenêtres en plein centre souligné de claveaux de briques.
Les lices hautes : coté Sud-Ouest, Sud et Sud-est, de la Porte d'Aude à la Porte Narbonnaise (600 m environ). Les nouvelles constructions (reconstruction de tout l'angle sud, la Tour Carrée de l'évêque, la Tour Saint-Nazaire) effectuées sous le règne de Philippe III le Hardi (fin XIIIe) sont facilement reconnaissables à l'emploi des pierres à bossage. Par contre, au Sud-est, la muraille intérieure a seulement subi un remaniement : ici, la pierre à bossage et le petit appareil romain alternent.
C'est l'ensemble le plus important de cette période : Les deux énormes tours ont une forme en éperon. Une chaîne en gênait l'entrée. Assommoirs et herses se succédaient en un double dispositif de fermeture.
La ville intérieure
Une promenade à travers ses petites rues complétera agréablement la visite de la Cité.
Ultime défense, il fut construit au XIIe siècle par Les Trencavel, Vicomtes de Carcassonne. Sans cesse modifié au cours des siècles suivants, il incarne encore aujourd'hui le lieu de vie de ces féodaux puissants. C'est l'une des visites incontournables au sein de la cité médiévale.
Remparts et château Comtal sont aujourd'hui propriété de l'état français et gérés par le Centre des monuments nationaux.
La cité en chiffres
3 Kms environ de fortifications.
15% seulement de la cité est restaurée.
22 statues adossées aux colonnes décorent la basilique Saint-Nazaire et Saint-Celse à 6m de hauteur.
22 verrières éclairent la basilique dont 2 grandes roses.
58 années de travaux de restauration, commencés au XIXème siècle par Viollet Le Duc.
150 habitants.
1000 ans d'architecture militaire.
1323 hommes strictement nécessaire pour défendre la ville (d'après V. Le Duc).
2500 ans d'histoire.
2 Millions de visiteurs par ans (63% France).
Plan interactif
Survolez la carte, différents endroits renvoi sur des pages spécifiques (tour, château, basilique, etc.)