FRANCE, ARDECHE, MEYRAS, CHATEAU DE VENTADOUR



LE CHÂTEAU FORT DE MEYRAS, dit CHÂTEAU DE VENTADOUR Le château de Ventadour dresse sa fière silhouette, à l'intersection de deux vallées, La Fontaulière et L'Ardèche, sentinelle gardant l'entrée de la commune de Meyras.
Le château se dresse à 373 m d'altitude, sur une colline située à l'extrémité de la crête séparant la vallée de l'Ardèche et de la Fontaulière, au lieu dit le Rolandy. Ainsi placé, dominant de 80 m le confluent de ces deux rivières, il occupait une position stratégique de première importance en contrôlant l'un des grands passages entre la vallée du Rhône et le Puy par la route de Montpezat et du Col du Pal. Ce contrôle s'étendait également aux routes de Jaujac par la vallée du Lignon et du Col de la Chavade par la vallée de l'Ardèche, ces trois vallées se rejoignant à ses pieds.
Résidence seigneuriale et haut lieu de la vie campagnarde en temps de paix, il fut forteresse et refuge en temps de guerre.

Dénomination

Jusqu'à la révolution, le château s'est appelé le château de Meyras du nom du village situé à deux kilomètres, caché par la butte qui domine la forteresse. Ce village, finalement lointain, a donné son nom au château car le lieu où il est bâti appartenait au fief de Meyras.
Le nom de « château de Ventadour » est beaucoup plus récent, il apparaît dans les textes après la Révolution et a pour origine le nom de la famille, sans aucun doute la plus puissante à qui le château ait appartenu : Les Ventadour, ducs et Pairs de France, probablement les derniers propriétaires du château à y avoir personnellement résidé. On ignore pour quelle raison ce nom de Ventadour a été substitué à celui de Meyras. Le premier texte connu le mentionnant date de 1842.

Historique

Les premiers documents connus, ainsi que les pièces de monnaie retrouvées sur le site, semblent indiquer que le château a été construit vers la fin du XIIème siècle.
A cette époque, le fief de Meyras appartient aux Solignac, il va être ensuite cédé aux Montlaur en 1195.
Cette famille et ses successeurs conservera la suzeraineté de Meyras jusqu'à la Révolution, le fief étant confié à des vassaux qui seront, de fait, les seigneurs de Meyras : Jaujac (1195-1262), Roche en Regnier (1262-1344), Levis Lautrec (1344-1490), Levis Ventadour (1490-1663), la Tour de Baings de St Vidal (1663-1759) et d'Antraigues (1759-1772).
Toutes ces familles étaient puissantes : elles possédaient un grand nombre de fiefs et c'est la raison pour laquelle elles n'habitèrent le château de Meyras que de façon épisodique. Jacqueline du Mas (1480-1566) femme de Gilbert I, comte de Ventadour, est sans doute la dernière châtelaine à y avoir résidé de façon semi-permanente. Il semble d'ailleurs que les Lévis aient eu pour habitude de laisser le château de Meyras et ses revenus à leurs veuves, en douaire.
En l'absence de son seigneur, le château était confié à des régents à qui en incombaient la garde et l'entretien.
Pendant la guerre de Cent ans, le Vivarais fut parcouru par des bandes de pillards, les « routiers », durant toute la fin du XIVe siècle. Il est probable que les populations locales trouvèrent refuge au château sans que celui-ci soit attaqué.
Durant les guerres de religion, l'interprétation d'une légende locale laisse à penser que le château appartenant à un catholique, Gilbert III Comte de Ventadour, a été pris dès le début des guerres par un protestant, le capitaine Jean Chalemont, dit Gordon (vers 1560-1573).
Ce qui est certain est que Gilbert III confie ensuite le château à un régent protestant, Jean de Langlade, notaire de Jaujac, ce qui permettra au château d'échapper aux guerres qui suivront. Gilbert III avait agi de même à La Voulte, sa résidence principale en Vivarais.
De 1590 à 1593, la garde du château est confiée à six ou sept hommes se relayant, commandés par le lieutenant Pierre Morel et payés par les Etats du Vivarais.
En 1597, le régent Jean de Langlade meurt et Gilbert de Vincentis, devenu opportunément catholique, lui succède.
En 1623, le château est attaqué sans succès par les protestants de Jaujac commandés par le capitaine Barbier, chirurgien de son état, qui est tué lors de l'attaque. Ce barbier avait été saisi sur ordre de Ventadour, quelques années auparavant...
A cette époque, la garnison est de quinze hommes. En 1623, Anne de Vincentis succède à son père ; il perdra la régence du château en 1641 après avoir été accusé, par la duchesse douairière de Ventadour, de s'être approprié des meubles du château de Meyras.
Deux inventaires de 1639 et de 1673 nous montrent que le château est intact à ces deux dates mais que son état général est très délabré. Trop grand, isolé et par suite, abandonné par ses propriétaires depuis longtemps, sans grande valeur militaire du fait du développement de l'artillerie, son existence perd alors toute justification.
A partir de 1670, de nombreux troubles vont avoir lieu en Vivarais et en Cévennes notamment après la Révocation de l'Edit de Nantes supprimant le protestantisme (1685).
Or le château de Meyras, pratiquement à l'abandon, présente un risque important : celui de tomber entre les mains d'une bande armée, qui de là pourrait ravager le pays. Il est alors permis de supposer que l'on ait fait procéder à son démantèlement vers 1700. Ses propriétaires, les La Tour de Baings de St Vidal se débarrassèrent ainsi d'une charge et durent également se « dédommager » par la vente des bois, tuiles et carrelages.
A la Révolution, le château de Meyras est décrit en ces termes : « cette vieille masure de château n'a point porté, depuis sa destruction, arrivée depuis plus d'un siècle, de revenu ». Il est probable que les ruines furent partagées en lots et vendues comme « bien national ». Elles passeront alors de mains en mains et c'est peut-être de cette époque que date le démontage de toutes les pierres taillées du château.
En 1846, Sosthène de Chanaleilles racheta le château de Meyras qui avait appartenu à l'ennemi le plus implacable des Langlade : le Duc Henri de Ventadour. Celui-ci avait fait raser « jusqu'aux fondements » en 1626, l'un des châteaux des Langlade, le château de la Croisette, lui aussi sur le territoire de Meyras.
C'est peut-être ce même Sosthène de Chanaleilles qui fit procéder aux consolidations des ruines et même a des travaux destinés à en rendre habitables certaines parties, travaux qui semblent avoir été abandonnés. Il semble s'être ensuite rendu compte de son erreur et voulut alors l'offrir aux Lévis-Mirepoix successeurs des Lévis Ventadour, qui le refusèrent. Plus tard, le château passa par héritage aux Marcieu qui revendirent toutes les terres cultivables du domaine, ne conservant que les ruines, dont les pigeonniers.
En 1968, il fut vendu à Pierre POTTIER qui fonda l'Association de Sauvegarde et de mise en valeur du château fort de Ventadour et qui depuis lors a entrepris de le reconstruire afin de l'utiliser à des fins culturelles ou sociales.

Texte de Philippe DENIS



LE CHÂTEAU FORT DE MEYRAS, dit CHÂTEAU DE VENTADOUR

Sur la route nationale 102, d'Aubenas vers Le Puy, à la sortie du village de Pont-de-Labeaume, on découvre brusquement l'imposante silhouette du château fort de Ventadour. Il dresse ses hautes murailles crénelées sur un éperon rocheux qui domine de 75 mètres le confluent des vallées de l'Ardèche et de la Fontaulière, tout près aussi de celui de l'Ardèche et du Lignon. Il est construit au carrefour de routes qui relient le monde méditerranéen et la vallée du Rhône au Massif central.

L'utilisation de ces routes est très ancienne, ainsi Jules César aurait emprunté la vallée de la Fontauliére et le col du Pal, au-dessus de Montpezat, pour surprendre les troupes de Vercingétorix et il faut aussi mentionner la borne milliaire trouvée au pied du rocher en 1859, portant une dédicace à la gloire du jeune empereur Constantin Ier, maintenant placée au bord de la route, près de l'église de Pont-de-Labeaume.
On peut donc penser que ce remarquable poste de guet a été aménagé très tôt. Cependant, bien que l'origine du château soit imprécise, les premiers documents connus et les pièces de monnaie retrouvées lors des travaux de fouilles conduisent à penser qu'il n'a pas été construit avant la fin du XIIe siècle. À cette époque, le fief de Meyras appartenait aux Solignac, mais en 1195 Béraud de Solignac abandonne le fief de Meyras au sire de Montlaur qui avait épousé sa sœur Miracle de Solignac. Vers la fin du XIVe siècle, les Lévis l'acquièrent par héritage. Un de ceux-ci épouse Blanche de Ventadour en 1472, ce sera probablement la dernière châtelaine à l'habiter, mais le nom de Ventadour ne sera donné au château qu'au XIXe siècle.

De nombreux propriétaires se succèdent ensuite, Choisinet, de Launay d'Antraigues, Desarcis, Chanaleilles et Marcieu. Quant à sa ruine, la date et les causes en sont également mal connues. Il semble que l'entretien de ce vaste château était très difficile, les actes notariaux et divers inventaires d'un pauvre mobilier font souvent état d'entretien et de réparations. À la Révolution, le château de Meyras est décrit en ces termes « cette vieille masure de château n'a point porté depuis sa destruction, arrivée depuis plus d'un siècle, de revenu ». Ensuite, la pluie, le gel et le vent, ainsi que l'action des hommes qui ont récupéré les matériaux utiles, bois, pierres taillées, ont contribué à le transformer en un amas de pierres. En 1968, ce n'est plus qu'un champ de ruines. Pierre Pottier l'achète, fonde l'Association de sauvegarde et de mise en valeur du château fort de Ventadour et depuis avec l'aide du Conseil général, de bénévoles, grâce à l'attribution de prix (chef-d'œuvre en péril) et le concours de mécènes, il entreprend de reconstruire le château qui a été inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques, afin de l'utiliser à des fins culturelles et sociales.
Aucun document ne permet de décrire le château à l'époque de sa construction. C‘est donc à partir des éléments qui subsistaient et des observations faites lors des travaux de reconstruction que diverses hypothèses ont pu être formulées.

Il avait trois lignes de défense successives. La première entourait complètement le château et avait trois portes. La seconde ne protégeait le château que sur sa face sud, la plus vulnérable, elle n'avait qu'une seule entrée, la porte à assommoir, quant à la troisième, accessible par l'intermédiaire d'un pont-levis, elle englobait les habitations.

D'après Georges Grégoire, auteur d'une notice sur le château, il semble que l'on aurait d'abord construit le donjon carré qui domine l'ensemble et, avec ses murs épais, a bien résisté au temps, puis la tour carré de l'angle nord-ouest dont les deux salles supérieures ont conservé leurs voûtes en excellent état. La tour carrée de l'angle sud-ouest surmontée de deux échauguettes serait nettement postérieure, du XIVe siècle.

Lors de la visite, souvent conduite soit par M. ou Mme Pottier soit par des bénévoles qui ont parfois participé, depuis le début, aux travaux commencés en 1969, l'évolution de la construction du château, telle qu'elle a été déduite de l'observation attentive des ruines, encastrement des poutres indiquant le niveaux des planchers et toitures, soutenue par une bonne connaissance de l'architecture locale, est abondamment commentée. Les chemins de ronde, hourd (galerie de bois établie en encorbellement au sommet d'une muraille pour en défendre l'accès au moyen de projectiles) bretèches, archères, postes de garde, bâtiments d'habitation seigneuriaux ainsi que les communs, cuisine, four à pain, citerne, sont montrés ou visités.

La petite chapelle Saint-Martin, curieusement détachée de la citadelle, est en cours de reconstruction. Il semble qu'elle serait plus ancienne, du Xe siècle et établie sur une source. Serge Dahoui, auteur de « Ventadour » la décrit ainsi : « C'est une église d'une seule nef, sans transept, terminée par une abside surbaissée en cul-de-four. Trois fenêtres meurtrières quadrangulaires éclairent l'abside… »

Les travaux ne sont pas terminés, il reste à reconstruire la tour sud-ouest avec ses échauguettes, la grange et divers locaux. Ces travaux ont été effectués en essayant de restituer le bâtiment comme il était au moment de sa conception en tenant compte des ajouts effectués aux XIIIe et XIVe siècles pour améliorer sa valeur militaire, puis au XVIe siècle pour le rendre habitable. Il se présente donc comme il apparaissait au XVIIe siècle ; intérieurement il n'a pas été rétabli dans son état primitif, mais tel qu'il devait être pour être adapté à sa vocation socioculturelle et aux impératifs de sécurité et d'habitabilité de notre temps.

Sa visite est très instructive et, en regardant les photos prises lors de la création de l'association en 1969 et en les comparant à l'état actuel de la citadelle, on ne peut être qu'admiratif devant le courage et la ténacité des milliers de personnes qui ont participé à ce renouveau.

Texte : Jacques DUGRENOT

Bibliographie

DAHOUI Serge, Ventadour, Impremta de Montserrat, 1973.
GRÉGOIRE Georges, Le château de Meyras dit de Ventadour, Largentière 1976.
RIOU Michel, Ardèche, Terre de châteaux, La Fontaine de Siloé, Montmélian, 2002.
Château fort de Ventadour, Association de sauvegarde et de mise en valeur du château fort de Ventadour, 1993


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Chateau de Ventadour, Porte a assomoir
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