FRANCE, ARDECHE, CRUAS, VILLAGE ET CHATEAU |
L'abbatiale vue du vieux village |
Les plus anciens documents font remonter la fondation de cette abbaye à l'an 804, lorsque éribert, le premier comte du Vivarais dont le nom nous soit connu, y appela les moines Bénédictins de Saint-Benoît d'Aniane. En 970, l'archevêque d'Arles vint consacrer une chapelle, sous l'invocation de Saint-Michel, que venait de faire construire une dame Gotolinde sur l'emplacement d'une église primitive. Mais il faut attendre 1095 pour voir consacrer l'église actuelle par le pape Urbain II.
Elle comportait à l'origine trois nefs, longues de quatre travées, voûtées en berceau, un vaste transept avec coupole sur trompes à la croisée et trois absides semi-circulaires, le sol du choeur et du transept dominant de plus de trois mètres celui des nefs et recouvrant une vaste crypte transversale s'étendant sous l'ensemble du chevet et du transept dont elle épousait le plan.
Fondée en 804 par des moines bénédictins envoyés par l'abbaye de Saint-Benoît d'Aniane, l'abbaye, ruinée une première fois et reconstruite au Xe siècle, prend son essor après une nouvelle reconstruction à la fin du XIe siècle. Elle sera honorée en 1095 par la visite du pape Urbain II qui procédera en grande pompe à sa consécration. Le monastère prend une grande dimension au XIIe siècle et se trouve à la tète d'une quarantaine de prieurés répartis sur quelque huit diocèses.
Les guerres de religion lui portent un coup fatal. Le cloître et les bâtiments conventuels sont ruinés, l'abbatiale saccagée. Les moines se réfugient à l'ouest sur le coteau dans leur château-abbaye où ils demeureront de 1580 à 1628.
La coupole de la croisée du transept |
Cette crypte abritait les reliques de saint Torquat et de saint Josserand que les fidèles pouvaient venir vénérer sans troubler l'office des moines siégeant au dessus, dans le choeur. Au XIIe siècle, l'église, devenue trop petite, est augmentée d'une cinquième travée plus longue que les autres, mais la déclivité du terrain à l'ouest contraint d'édifier au revers de la façade un escalier permettant de descendre dans l'église : le portail d'entrée se trouve ainsi à peu près au niveau du choeur surélevé.
Mais de graves avatars vont bientôt considérablement altérer l'aspect intérieur et extérieur de l'édifice.
Encore récemment, le visiteur pénétrant dans l'église était étonné de se trouver à la hauteur de gros chapiteaux romans surmontant les piliers courts et massifs. Le sol dallé des trois nefs se raccordait à celui du choeur. S'il en éprouvait la curiosité, on lui faisait visiter les deux cryptes : celle d'origine, sous le choeur et une autre dite "crypte de correction" sous une partie de la nef centrale. Il faut savoir que dès le XIIe siècle les débordements du torrent voisin Crûle (Crula Vallis = Cruas) ont causé de graves soucis aux moines, ruinant les bâtiments abbatiaux tandis que des torrents de boue et de graviers envahissent régulièrement l'église. A la fin du XVIe siècle, les troubles de la guerre civile les incitent à se retirer au château abbatial sur la colline.
A leur retour dans le monastère dévasté, ils renoncent à déblayer en totalité les nefs qu'ils assainissent tant bien que mal et comblent par des apports de chaux et de décombres, si bien que dès la fin du XVIIIe siècle le sol est partout uniformisé au niveau de celui du sanctuaire.
Mais il reste à lever l'énigme de la seconde crypte que l'on a cru longtemps avoir été creusée après coup dans le sol remblayé de la nef.
La tribune monastique est supportée par des voûtes en croisées d'ogives reposant sur quinze fines colonnes monolithes par l'intermédiaire de chapiteaux délicatement sculptés. |
Quinze frêles colonnettes surmontées de chapiteaux admirablement fouillés supportent une voûte à nervures. Les anomalies architecturales de cette prétendue "crypte" ont conduit Les archéologues à soupçonner que l'on devait plutôt se trouver en présence d'une rare et authentique tribune monastique, construite vers le milieu du XIIe siècle, et à proposer que des fouilles systématiques soient entreprises qui élucideraient la structure primitive du monument tout en renseignant sur les étapes successives des altérations subies ; il appert qu'au cours des âges les moines, las d'avoir toujours à déblayer les nefs, ont édifié entre les piliers des murs de refend pour isoler le dessous de la tribune, comblé les bas côtés et construit sous les troisième et quatrième travées une lourde voûte basse déterminant un prolongement de la tribune à usage de nécropole et enfin comblé la cinquième travée enfouissant ainsi l'ancien escalier d'accès au sol primitif des nefs.
L'équipe d'archéologues a entrepris, sous le contrôle du service des Monuments Historiques, le déblaiement des parties enfouies. On reste confondu devant l'énormité du travail accompli dans ces conditions. Suivant une rigoureuse méthode stratigraphique, ils ont remué, tamisé et évacué près de douze cents mètres cubes de déblais, notant l'emplacement et la nature de tous les indices rencontrés : éléments architecturaux cachés, monnaies, fragments de mosaïques ou d'éléments sculptés, tombeaux, etc. Il faut avoir vu ces travaux pour apprécier la ferveur des participants qui, de temps à autre, prenaient une détente en écoutant, recueillis, de la belle musique classique exécutée par quelques-uns d'entre eux.
Les fouilles sont actuellement suspendues, mais il faut espérer que l'administration des Monuments Historiques les poursuive jusqu'à l"achèvement du programme conçu il y a plus d'un siècle par Prosper Mérimée.
Chapiteaux de la tribune monastique |
La crypte du XIe siècle située sous le "choeur monastique", c'est-à-dire l'ensemble des trois absides et du transept. |
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Chapiteaux de la crypte, dont le célèbre orant. |
[...] L'abbatiale est une des plus élégantes réalisations du premier art roman méridional fortement inspiré des constructions lombardes. Elle se compose de trois nefs en berceau s'achevant à l'est par des absides cintrées. Au passage, transept avec coupole sur trompes surmontée d'une élégante tour lanterne, quatre travées du XIe siècle et une cinquième du XIIe, plus grande, qui supporte le clocher et abrita, pour un temps, la chapelle haute Saint-Michel.
L'art lombard se manifeste par la superposition de l'ensemble transept, choeur, absides et d'une crypte enterrée seulement de 0,80 m, mettant ainsi le sanctuaire à 3,30 m au-dessus de la nef, ceci pour séparer les moines des paroissiens ou pèlerins. Mais, au Xlle siècle, les moines devenus plus nombreux décident d'agrandir le niveau supérieur par une tribune monastique.
[...] L'architecture extérieure nous confirme avec ses "bandes lombardes", largement employées en haut des murs, l'inspiration venue du lac de Côme.
Le portail ouest en plein cintre sous sa profonde arcature et ses colonnettes jumelles était-il ou non protégé par un porche dont on voit les amorces ?