La tradition remonte au VIIeme siècle et rapporte l'histoire d'un évêque breton ou irlandais mort et inhumé à Mailly-sur-Rose à son retour de pèlerinage à Rome: SAINT-MENOUX. Y eut-il un monastère d'hommes avant l'établissement d'un monastère bénédictin de femmes ? Les quelques actes des XIe et XIIe siècles révèlent qu'à la découverte du corps saint par l'Archevêque de Bourges DAGBERT, autour de l'an mil, le couvent des bénédictines prit le nom du saint et fut restauré. Pendant des siècles il bénéficia de la protection de la maison des BOURBON.
Abbaye prospère malgré sa puissante voisine, Souvigny, elle rayonna dans toute la région et patronnait 18 paroisses et prieurés. La chapelle primitive était devenue trop petite on construisit alors (XIème siècle) une autre église.
Au XIIe siècle on remania le transept et on éleva le clocher actuel.
La nef et les bas-côtés furent repris intérieurement au XVeme siècle.
Une épitaphe de sépulture de 1500 mentionne la reconstruction du cloître et celle, partielle, de l'église. La révolution détruisit les bâtiments et la tempête de 1806 emporta le clocher.
Rendue au culte paroissial, elle était «dans un état déplorable» (P. MÉRIMÉE) en 1837 et fut sauvée par le classement en 1840. Des restaurations maladroites furent alors entreprises au clocher et au choeur ; en 1862 MILLET restaura le vestibule et SELMERSHEIM l'ensemble de l'édifice en 1885.
L'absence quasi totale de documents relatifs à l'histoire de sa construction ne peut qu'être compensée par l'analyse archéologique.
2/ Aspect extérieur
Si l'église romane de Saint-Menoux montre des influences bourguignonnes dans son déambulatoire, la vue du chevet atteste que son plan à chapelles rayonnantes et toitures étagées est inspiré du style auvergnat.
La façade est celle du XIeme siècle avec seulement quelques fragments du petit appareil primitif. Derrière s'élève le pignon de la nef percé d'un oculus. Les contreforts au nord sont du XVIème siècle alors qu'au sud se dessinent les vestiges d'un cloître de la fin de l'époque gothique.
La beauté magistrale du chevet se distribue en chapelles rayonnantes étayées de contreforts-colonnes aux chapiteaux feuillus. Modillons à copeaux et cordon de billettes ornent l'ensemble.
Le clocher carré du Xllleme siècle est surmonté aujourd'hui par une charpente.
3/ Description intérieure
Le plan de l'église est compris dans un rectangle de 62 mètres de long sur 16 mètres de large, avec comme seules excroissances les chapelles rayonnantes greffées sur le déambulatoire entourant l'abside.
a/ L'avant nef (vers 1100)(1)
Partie la plus ancienne, le narthex (6) forme une vaste salle en trapèze divisée en trois vaisseaux de trois travées par des colonnes appareillées en tambour.
Le décor est assez fruste : chapiteau à têtes humaines, chevrons (ou zigzag), entrelacs, lions monocéphales ou crosses de fougères.
b/ La nef (2)
Appliquée au XIIeme siècle au narthex, peu étendue (20 mètres), reprise au XVeme siècle et munie de voûtes sur croisées d'ogives, elle est divisée en trois vaisseaux de trois travées chacun. Le bas-côté nord a conservé son berceau primitif en plein cintre, sur doubleaux.
c/ Le transept (fin XIème, début XIIIème)(3)
L'architecture de la croisée atteste la pénétration du nouveau style gothique croisée d'ogives lancée à un niveau très élevé, culs-de-lampe à masques et à crochets, doubles baies géminées sous arcade de décharge.
d/ Le choeur (env. 1150)(4)
Réalisation ambitieuse, raffinée, en pierre calcaire de moyen appareil. L'art roman d'influence bourguignonne s'accomplit ici à la fois par l'ampleur de ses proportions et l'élégance de ses ornementations.
Le plan est celui des grands édifices romans, avec quelques éléments originaux, abside semi-circulaire, encadrée d'un déambulatoire ouvert sur cinq chapelles rayonnantes et précédée de deux travées droites, chapelle d'axe...
L'élan ascensionnel est tempéré par une somptueuse frise ornée d'une large grecque perlée et d'une rangée d'oves.
Profusion de feuillages, palmettes, acanthes, masques vomissant des rinceaux, griffons buvant au même calice...
Symbolique végétale, animale, biblique : «art du temps mais aussi art de l'éternité, du profane et du sacré» (M. M. DAVY). Parole d'hier pour l'homme d'aujourd'hui...
e/ S'arrêter encore...
Devant la débredinoire (5) : sarcophage de pierre derrière le maître-autel, dit de Saint-Menoux, avec ses reliques. Se faire «débrediner» : la tradition lui attribue la guérison des «bredins» ou simples d'esprit.
Devant le mobilier l'époques différentes fonts baptismaux (XIIème siècle), stalles (XVème et XVIème siècles), autels XVIIème et XXème siècles), bas-relief figurant la maison De Lorette (XVIème siècle).
Dans le narthex : devant les grès beaux fragments lapidaires : haut-relief d'un Christ bénissant (XIIème siècle), haut-relief des huit apôtres sous arcades (XIIème siècle), dallage (XIIème siècle) etc...